BEYROUTH : Les autorités libanaises ont rejeté les allusions selon lesquelles le pays envisage d'importer du pétrole d'Iran alors que le pays sombre dans une grave crise énergétique et monétaire.
Le ministère libanais de l'Énergie a déclaré samedi qu'il n'avait reçu aucune demande d’«autorisation, qu'elle soit officielle ou privée, pour importer du pétrole iranien».
La réaction officielle libanaise faisait suite à un tweet de l'ambassade iranienne à Beyrouth insinuant que «l'arrivée des pétroliers iraniens n'a pas besoin de l'attention de l'ambassadeur américain».
L'ambassade a également averti l'émissaire américain de ne pas intervenir «dans les relations fraternelles entre les peuples iranien et libanais».
Une photo d'un pétrolier en mer était jointe au tweet.
Le tweet a multiplié les spéculations sur l'arrivée imminente d'un pétrolier iranien dans le port de Beyrouth. Ces spéculations faisaient suite à une déclaration du Hezbollah au gouvernement libanais lui proposant de se tourner vers l’Iran pour importer du pétrole afin de mettre fin à la pénurie de carburants que connaît le pays.
Vendredi, l'ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, a déclaré à une chaîne de télévision locale que l'importation du fioul d'Iran «n'est pas du tout une solution pratique».
Elle a de plus ajouté : «Ce que l'Iran recherche, c'est une sorte d'État dépendant qu'il peut utiliser pour mener à bien son programme. Il existe sûrement de bien meilleures solutions que de se tourner vers l'Iran».
Elle a en outre signalé : «Les États-Unis ont toujours été aux côtés du peuple libanais, mais l'Iran considère le Liban comme un État qui pourrait l'aider à mettre en œuvre son programme».
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a révélé que son parti «travaillait en coulisse afin de mettre en œuvre un plan visant à acheter du pétrole à Téhéran et à le payer en livres libanaises».
Il a même proposé que deux raffineries de pétrole soient construites au nord et au sud du Liban.
La proposition du Hezbollah a provoqué une colère généralisée. L'ancien député Ahmad Fatfat a affirmé que «l'Iran veut garder le Liban comme une carte en main pour l'utiliser plus tard».
Il a indiqué que l'effondrement économique du Liban a permis au Hezbollah de «mettre la main sur tous les secteurs», tandis que son allié le Mouvement patriotique libre (MPL, le parti du président Michel Aoun NDLR) «a remis toutes les cartes à ce parti en échange d’obtenir le pouvoir».
L'analyste politique Assaad Béchara a déclaré à Arab News que l'insistance de Nasrallah à importer du pétrole d'Iran «est une mesure populiste qui vise à montrer que l'Iran est prêt à aider le Liban alors que le reste du monde ne bouge pas».
Cependant, il s'est demandé si les entreprises libanaises du secteur privé seront prêtes à prendre le risque pour faire face aux sanctions internationales en important du pétrole iranien.
«Les files d'attente dans les stations-service de Téhéran sont plus longues que les files d'attente à Beyrouth», a ajouté Béchara.
Les tentatives visant à renforcer l'influence iranienne sur le Liban ont lieu alors que le pays connaît un effondrement financier qui s'aggrave de jour en jour, le taux de change a en effet atteint samedi 18000 LL pour 1$.
Pendant ce temps-là, les disputes entre les alliés du Hezbollah, le MPL et le Mouvement Amal, se sont poursuivies au sujet de la formation du gouvernement.
Au moment où la valeur de la livre libanaise n’arrête pas de s’éffondrer, les manifestants sont descendus dans la rue pour protester contre «l'État inconscient qui tue son propre peuple».
Les routes ont été bloquées dans toutes les régions et les magasins des marchés populaires fermés car leurs propriétaires ne savaient plus comment fixer les prix de leurs marchandises. Plus tard dans la journée, l'armée libanaise a rouvert certaines routes bloquées.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com