La région arabe dans un cercle vicieux de conflits et de faim, selon la FAO

Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19. (AFP/Photo d'archive)
Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19. (AFP/Photo d'archive)
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Publié le Samedi 26 juin 2021

La région arabe dans un cercle vicieux de conflits et de faim, selon la FAO

Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19. (AFP/Photo d'archive)
  • Dans les pays arabes, la guerre et l'instabilité sapent les progrès réalisés jusqu'ici en matière de nutrition et de sécurité alimentaire, avertissent les organisations humanitaires
  • Dans la région NENA, 137 millions de personnes vivaient dans l'insécurité alimentaire et 12,2 % souffraient de la faim, même avant que la pandémie n'éclate.

BOGOTA, Colombie : La région du Proche-Orient et Afrique du Nord (NENA), dans son ensemble, a enregistré une hausse de la faim depuis 2015-17 en raison des conflits qui y sévissent. C'est ce que révèle un rapport publié jeudi par une coalition d'organismes d'aide, qui a également mis en évidence un écart considérable entre les pays arabes en proie aux hostilités et ceux qui vivent en paix.

Le rapport, intitulé « Aperçu régional de l'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition - Proche-​Orient et Afrique du Nord 2020 : Améliorer la résilience des systèmes alimentaires dans les pays arabes », a examiné la résilience des systèmes alimentaires et la nutrition dans 22 pays depuis la Tunisie à l'ouest jusqu'au Yémen à l'est.

Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19, qui est venue exacerber les perturbations au niveau des chaînes d'approvisionnement et des moyens de subsistance.

Le rapport estime que quelque 137 millions de personnes vivant dans la région souffrent d'insécurité alimentaire modérée ou grave, sans accès régulier à une alimentation suffisante et nutritive ; cette tendance risque de se détériorer faute de mesures visant à améliorer la résilience du système alimentaire.

Compte tenu de cette tendance, le rapport prévoit, en toute probabilité, que la région n’arrivera pas à respecter ses engagements relatifs aux objectifs de développement durable des Nations unies qui ont pour ambition de supprimer la faim d'ici à la fin de la décennie. En effet, si l'on se fie à la trajectoire actuelle du nombre de personnes touchées par la faim, celui-ci devrait dépasser les 75 millions d'ici à 2030.

« La tempête d'instabilité et de conflits a soumis les systèmes alimentaires à des tensions, dont les répercussions, directes et indirectes, se font sentir de plusieurs manières. Cependant, la conséquence la plus visible se manifeste par la vague massive de migrations forcées, tant à l'intérieur d’un même pays que d'un pays à l'autre », explique à Arab News, Abdelhakim Elwaer, représentant de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour la région NENA.

« Ainsi, le rapport constate qu'en 2020, 5 millions de Syriens étaient dépendants de l'aide du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies. Par ailleurs, les ouvriers libanais entrent désormais en concurrence avec les migrants syriens pour les emplois agricoles. Cette situation accroît donc le chômage et la pauvreté dans les régions rurales et compromet l'accès à la nourriture ».

« Dans le même temps, on estime que 29,8 millions de personnes souffraient d'insécurité alimentaire aiguë en 2020 dans le sud du Yémen et cela est principalement imputable aux violences, conjuguées à d'autres conditions socio-économiques préexistantes ».

Le rapport se fonde sur une collaboration entre la FAO, la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale, le Fonds international de développement agricole, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La constatation la plus alarmante concerne l'impact de la faim et de l'insécurité alimentaire sur la santé publique et le développement infantile. Conformément aux estimations du rapport pour l'année 2019,

22,5 % des enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance, 9,2 % étaient émaciés et 9,9 % souffraient de surpoids.

Du fait également de la mauvaise alimentation, 27 % de la population adulte de la région sont considérés comme obèses. Cela confère à la région arabe la deuxième place en termes d'obésité dans le monde. Ces carences alimentaires expliquent également l'anémie constatée chez 35 % des femmes en âge de procréer.

Les conflits apparaissent comme la principale cause de la situation alimentaire précaire dans la région arabe. Si le rapport fait état d'une baisse continue de la sous-alimentation dans les pays arabes depuis 2000-2002, cette tendance à la baisse s'est interrompue en 2014-2016, au moment où la violence régionale prenait de l'ampleur.

Le rapport estime que quelque 137 millions de personnes vivant dans la région souffrent d'insécurité alimentaire modérée ou grave, sans accès régulier à une alimentation suffisante et nutritive. (AFP/Photo d'archive)
Le rapport estime que quelque 137 millions de personnes vivant dans la région souffrent d'insécurité alimentaire modérée ou grave, sans accès régulier à une alimentation suffisante et nutritive. (AFP/Photo d'archive)

Au cours de cette période, Gaza a en effet enduré de lourds bombardements israéliens qui ont duré près de deux mois, Daësh a pris le contrôle de vastes régions d'Irak et de Syrie, la Libye a basculé dans sa deuxième guerre civile, les Houthis soutenus par l'Iran ont contrôlé la capitale du Yémen, Sanaa, et la violence a refait surface en Somalie et au Soudan – cette conjoncture ayant conduit aux déplacements humains les plus massifs depuis la Seconde Guerre mondiale –.

« Le repli de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la faim était manifeste dans le monde depuis 2015. Les conflits qui secouent la région NENA ainsi que d'autres parties du monde comptent parmi les principaux facteurs qui ont contribué à ce repli », précise M. Elwaer.

« Toutefois, même au moment où le changement semblait aller dans le bon sens dans la région NENA, la faim et l'insécurité alimentaire aiguë touchaient 11 à 12 % de la population adulte de cette région».

Le rapport révèle que la sous-alimentation dans les pays non touchés par les conflits dans la région se situe entre 5 et 8 % depuis 2000-2002. Ce pourcentage représente environ deux à trois fois celui observé dans la plupart des pays développés, où la sous-alimentation est généralement inférieure à 2,5 %.

Selon les estimations du rapport pour l'année 2019, 22,5 % des enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance, 9,2 % étaient émaciés et 9,9 % souffraient de surpoids. (AFP/Photo d'archive)
Selon les estimations du rapport pour l'année 2019, 22,5 % des enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance, 9,2 % étaient émaciés et 9,9 % souffraient de surpoids. (AFP/Photo d'archive)

En revanche, les pays sans conflit affichent un taux de sous-alimentation beaucoup plus inférieur à celui des pays en conflit, où il oscille entre 24 et 30 %. La sous-alimentation a suivi une tendance à la baisse jusqu'en 2014-16, avant de repartir à la hausse.

Ainsi, l'Irak, déchiré par les conflits, a enregistré une baisse de la sous-alimentation, qui est tombée de 25 % en 2007-09 à 21,8 % en 2011-13, avant de remonter à 24 % en 2015-17.

Si ce chiffre est tombé à 23,7 % en 2017-2019, la croissance démographique signifie que le nombre de personnes sous-alimentées en Irak a régulièrement augmenté, pour passer de 6,5 millions en 2009-2011 à 9,1 millions en 2017-2019.

EN CHIFFRES

* 12,2 % - Proportion de la population de la région NENA qui souffrait de la faim avant la pandémie.

 

* 137 millions - Nombre d'habitants de la région NENA considérés comme étant en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave.

 

* 50% - Proportion de la population du monde arabe qui ne peut se payer une alimentation saine.

En revanche, en Algérie, pays relativement pacifique, la prévalence de la sous-alimentation diminue de manière constante. Elle est tombée de 5,6 % en 2007-2009 à 3,2 % en 2015-2017, et continue de baisser depuis. Quant au Koweït, pays riche du Golfe, son taux de sous-alimentation reste constamment inférieur à 2,5 % tout au long de cette même période.

Si le conflit constitue le facteur principal de la hausse de la faim et de l'insécurité alimentaire dans la région, il n'en est pas pour autant la seule cause. Le rapport insiste également sur la fragilité des systèmes alimentaires régionaux, affaiblis par les incidences du changement climatique, mais aussi par les mauvaises décisions politiques et les perturbations économiques, avant même le déclenchement de la pandémie de Covid-19.

« L'impact intégral de la pandémie sur la sécurité alimentaire dans la région est difficile à évaluer dans ce rapport, qui rend compte de la situation d'avant la Covid-19 », précise M. Elwaer. « Toutefois, on peut affirmer avec certitude que la pandémie a davantage souligné les vulnérabilités de la région ».

D'autres contraintes pesant sur les chaînes d'approvisionnement alimentaire ont été constatées, telles que la pénurie d'eau, la forte dépendance aux importations, les inégalités, la croissance démographique ou encore les migrations massives.

Le rapport constate que les régimes alimentaires sains sont inaccessibles pour plus de 50 % de la population du monde arabe, soit un pourcentage plus élevé que la moyenne mondiale établie à 38 %. (AFP/Photo d'archive)
Le rapport constate que les régimes alimentaires sains sont inaccessibles pour plus de 50 % de la population du monde arabe, soit un pourcentage plus élevé que la moyenne mondiale établie à 38 %. (AFP/Photo d'archive)

« Outre les mauvaises politiques, les bouleversements et les tensions risquent, eux aussi, de nuire à l'économie agroalimentaire au point d'aggraver la faim et la nutrition. Dans certains pays, les politiques gouvernementales imposent une pression additionnelle sur les ressources, notamment par l'extraction non durable des eaux souterraines, ce qui les amène à recourir à l'eau salée », ajoute-t-il.

« Prenons l'exemple de l'Arabie saoudite qui, par le passé, cultivait le blé de manière intensive, au détriment des aquifères d'eau douce. Cette pratique a été redressée grâce aux récentes politiques qui sont plus durables et plus performantes ».

En effet, le coût élevé d'une alimentation saine s'est avéré être un autre facteur déterminant. Une alimentation nutritive est composée de fruits et légumes frais, de légumineuses, de viande et de produits laitiers. On estime qu'elle est 5 fois plus coûteuse qu'une alimentation qui satisfait les besoins en énergie fournis par les féculents tels que le riz et le pain.

En effet, le rapport atteste que les régimes alimentaires sains sont inaccessibles pour plus de 50 % de la population du monde arabe, soit un pourcentage plus élevé que la moyenne mondiale établie à 38 %.

Le nombre de personnes touchées par la faim risque de dépasser les 75 millions d'ici à 2030. (AFP/Photo d'archive)
Le nombre de personnes touchées par la faim risque de dépasser les 75 millions d'ici à 2030. (AFP/Photo d'archive)

« La sensibilisation est primordiale si nous souhaitons améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition auprès de la population. Certains pays de la région ont fait preuve de détermination pour s'attaquer aux facteurs défavorables. Toutefois, il faut aller beaucoup plus loin pour inverser le repli de la sécurité alimentaire et de la nutrition », affirme-t-il.

« Cette exigence pourrait paraître bien lourde pour les pays qui luttent actuellement contre la pandémie. Néanmoins, la sécurité alimentaire et la nutrition sont essentielles à la réalisation des objectifs de développement durable, qui ont une incidence sur le bien-être des populations et sur la croissance économique et sociale dans son ensemble ».

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Twitter: @RobertPEdwards

 

Ce teste est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


L’Arabie saoudite propose d’aider l’Iran après le crash de l’hélicoptère transportant le président Raïssi

Des séquences vidéo montrent le président iranien Ebrahim Raïssi (à gauche) avec un membre non identifié de sa délégation à bord d’un hélicoptère dans la région de Jofa, dans la province occidentale de l’Azerbaïdjan oriental. (AFP)
Des séquences vidéo montrent le président iranien Ebrahim Raïssi (à gauche) avec un membre non identifié de sa délégation à bord d’un hélicoptère dans la région de Jofa, dans la province occidentale de l’Azerbaïdjan oriental. (AFP)
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  • Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le Royaume suivait les nouvelles de l’accident avec «une grande inquiétude»
  • Raïssi était en visite dans la province où il a inauguré un projet de barrage avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, à la frontière entre les deux pays

RIYAD: Le royaume d’Arabie saoudite a exprimé son soutien à l’Iran et s’est dit prêt à fournir toute l’aide nécessaire après le crash, dimanche, d’un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi.

Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le Royaume suivait les nouvelles de l’accident avec «une grande inquiétude».

Par ailleurs, le gouvernement irakien a déclaré, dans un communiqué, avoir demandé à son ministère de l’Intérieur, au Croissant-Rouge et à d’autres organismes concernés d’offrir leur aide à l’Iran voisin dans le cadre de la mission de recherche.

Les équipes iraniennes de recherche et de sauvetage parcouraient un flanc de montagne dans la brume après la disparition de l’hélicoptère transportant le président de l’Iran et son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dans un «accident» dimanche, indiquent les médias d’État.

Les craintes se sont accrues quant à la disparition de Raïssi, après que le contact avec l’hélicoptère qui le transportait dans la province de l’Azerbaïdjan oriental a été perdu, selon des informations.

Raïssi était en visite dans la province où il a inauguré un projet de barrage avec le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, à la frontière entre les deux pays.

«Aujourd'hui, après avoir fait nos adieux amicaux au président de la République islamique d’Iran, Ebrahim Raïssi, nous avons été profondément troublés par la nouvelle de l’atterrissage en catastrophe d’un hélicoptère transportant la plus haute délégation en Iran», déclare Aliyev.

«Nos prières vont au président Ebrahim Raïssi et à la délégation qui l’accompagne. En tant que pays voisin, ami et frère, la république d’Azerbaïdjan est prête à offrir toute l’aide nécessaire», ajoute-t-il.

Le Qatar se dit prêt à fournir «tout le soutien nécessaire» aux efforts de recherche de l’Iran après le crash de l’hélicoptère.

Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a déclaré dans un communiqué que le pays se tenait aux côtés de l’Iran et était prêt à soutenir les efforts visant à retrouver l’hélicoptère transportant Raïssi.

Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré suivre avec tristesse l’évolution de l’accident d’hélicoptère survenu dimanche en Iran, espérant le meilleur pour le président, ajoutant que des mesures avaient été prises pour fournir tout le soutien nécessaire aux activités de recherche et de sauvetage.

L’Union européenne a déclaré avoir activé son «service de cartographie de crise» pour aider l’Iran à rechercher l’hélicoptère.

La Russie s’est également déclarée prête à apporter son aide à l’Iran. «La Russie est prête à apporter toute l’aide nécessaire à la recherche de l’hélicoptère disparu et à enquêter sur les raisons de l’incident», a écrit la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova sur l’application de messagerie Telegram.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les médias iraniens annoncent la mort du président Raïssi dans un accident d'hélicoptère

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  • Les médias iraniens ont annoncé lundi matin la mort du président Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian dans l'accident la veille de leur hélicoptère
  • L'information du décès du président a été donnée par les principales agences de presse et journaux, dans l'attente d'une déclaration des autorités après la découverte de l'épave de l'hélicoptère à l'aube

TEHERAN: Les médias iraniens ont annoncé lundi matin la mort du président Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian dans l'accident la veille de leur hélicoptère dans le nord-ouest de l'Iran.

Cette annonce ouvre une période d'incertitude politique en Iran, un acteur majeur au Moyen-Orient, région secouée par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas.

L'information du décès du président a été donnée par les principales agences de presse et journaux, dans l'attente d'une déclaration des autorités après la découverte de l'épave de l'hélicoptère à l'aube. La télévision diffuse lundi matin des chants religieux en montrant des photos du président.

"Le grand esprit du président populaire et révolutionnaire d'Iran a rejoint le royaume suprême", a indiqué l'agence officielle Irna, en saluant "le martyre" des victimes.

Elle a précisé que le gouvernement publierait "une déclaration" en milieu de matinée.

 


Le nouvel ordre mondial doit lutter contre le blanchiment d’argent selon Nathalie Goulet

Prince Turki bin Faisal Al Saud et Nathalie Goulet lors du forum " Nouvel ordre mondial " 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
Prince Turki bin Faisal Al Saud et Nathalie Goulet lors du forum " Nouvel ordre mondial " 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
 Forum " Nouvel ordre mondial "  Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
Forum " Nouvel ordre mondial " Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
 Forum " Nouvel ordre mondial "  Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
Forum " Nouvel ordre mondial " Riyad 19 et 20 mai 2024 (Fournie)
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  • : Ce nouvel ordre mondial va devoir faire face à un certain nombre de défis qui nécessitent des mesures contraignantes voire draconiennes pour affaiblir l’action des économies parallèles qui gangrènent les processus de développement et de paix à travers l
  • On est en train de débattre de problèmes de développement durable, des problèmes de droits de l'homme, de développement des économies et en même temps, on a une économie parallèle avec le blanchiment, le trafic de drogue, le trafic d'êtres humains...

RIYAD :  Le forum consacré aux Incertitudes mondiales et leurs impacts sur la région du Moyen-Orient se tient à Riyad du 19 au 20 mai sous le haut patronage du Centre de recherche et d'études islamiques du roi Fayçal et en collaboration avec l'Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC) et le centre international Nizami Ganjavi.

Ce forum abordera durant deux jours cinq thèmes essentiels portant non seulement sur le nouvel ordre mondial, la place de la région du Moyen-Orient au sein de ce nouvel ordre mondial, l’urgence d’établir un dialogue mondial, mais aussi sur le changement climatique et son impact sur les économies du Moyen-Orient ainsi que l’influence de l’intelligence artificielle dans cette région stratégique.    

Ce nouvel ordre mondial va devoir faire face à un certain nombre de défis qui nécessitent des mesures contraignantes voire draconiennes pour affaiblir l’action des économies parallèles qui gangrènent les processus de développement et de paix à travers le monde.     

En marge de ce forum, Nathalie Goulet, femme politique française et sénatrice de l'Orne depuis 2007 et membre de l’Union des démocrates et indépendants au Sénat a accordé une interview exclusive à Arab News en français durant laquelle elle a abordé le blanchiment d’argent et son impact sur la stabilité des pays.

À ce propos, la sénatrice a déclaré : « Ce matin, nous avions, dans le cadre de la conférence, un débat sur les challenges et les opportunités. Donc beaucoup de mes collègues ont parlé de refaire les organisations internationales, de réviser le Conseil de sécurité de l'ONU.

Moi, j'ai été plus modeste et en même temps plus concrète parce que nous avons un problème au niveau mondial qui est le blanchiment d'argent. Le blanchiment d'argent, c'est 3 % du produit mondial brut, c’est-à-dire quelque chose comme plus de 2000 milliards de dollars. C'est donc une somme astronomique. Tout le blanchiment d'argent n'est pas financement du terrorisme, mais le financement du terrorisme passe par le blanchiment d'argent.

On est en train de débattre de problèmes de développement durable, des problèmes de droits de l'homme, de développement des économies et en même temps, on a une économie parallèle avec le blanchiment, le trafic de drogue, le trafic d'êtres humains, le trafic de végétaux, le trafic d'animaux, et bien évidemment, la corruption.

Et j'ai voulu porter ce point à l'attention de l'auditoire ce matin en expliquant qu'une partie des problèmes auxquels on doit faire face sont liés à ces sujets de blanchiment et de fraude internationale.

Si on prend par exemple le trafic d'êtres humains, il y a plus de 20 millions de personnes qui sont aujourd'hui même 40 millions de personnes qui sont visées et qui sont victimes de trafic d'êtres humains.

Le trafic de migrants, à lui seul, rapporte 7 milliards de dollars. Et vous voyez que la question du trafic de migrants perturbe nos sociétés en Europe, en Italie, en France et partout fait monter l'extrême droite. Donc ce sont des sujets très concrets sur lesquels je voulais évidemment attirer l'attention. »

La lutte contre le blanchiment d’argent implique l’intervention d’un grand nombre d’organisations internationales mais cette lutte doit répondre à règles strictes et l’implication efficace des pouvoirs législatifs des gouvernements et des organisations internationales.

Nathalie Goulet a expliqué : « On a énormément d'organisations internationales qui s'occupent de lutter contre la corruption et le blanchiment d'argent. Et l'Arabie saoudite vient de faire un énorme pas en avant. Il y a quelques années, le prince Mohammed ben Salmane avait lancé une campagne qui s'appelait « No Money for Terror. Ça a été un premier, un premier pas très important et très suivi.

Et il y a quelques jours, l'Arabie saoudite est rentrée dans une phase beaucoup plus pratique de lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent, l'Arabie saoudite remplit aujourd'hui la quasi-totalité des obligations des organisations internationales, le GAFI et aussi du groupe Egmont qui s'est réuni il y a quelques jours en Arabie. »

Nathalie Goulet renchérit : « Vous avez là, à mettre en balance un certain nombre de critères. Par exemple, est ce qu'on peut être un pôle d'attraction, un hub pour les cryptomonnaies, mais sans essayer de les réguler ? Est-ce qu'on peut être un hub pour des biens mal acquis qui viennent du détournement des ressources en Afrique et en même temps remplir les critères internationaux ? Est-ce qu'on peut accepter de l'argent sale venant de Russie et en même temps lutter pour la libération de l'Ukraine ? Et tout ça, c'est de la "realpolitik."

Il y a quelque chose qui s'appelle le Name and Shame. Et c'est en train de fonctionner très bien. D'abord, il y a les sanctions internationales, l'interdiction de voyager, le gel des avoirs. On a maintenant une législation internationale et surtout une législation française qui permet de bloquer et de saisir les biens mal acquis.

C'est important de frapper les trafiquants au portefeuille. On a donc toutes ces sanctions qui sont des sanctions individuelles, on a des sanctions collectives, on a évidemment toutes les sanctions des Nations unies sur ces sujets, et puis des nations comme la France qui maintenant applique une législation beaucoup plus ferme sur les biens mal acquis.»

La sénatrice explique : «Le Name and Shame, c'est des listes sur lesquelles les pays figurent. Quand vous êtes sur la liste grise du GAFI, ça crée un climat des affaires beaucoup moins bon que quand vous n'êtes pas sur ces listes. Par exemple, les Émirats arabes unis sont sortis de la liste du GAFI parce qu'ils ont signé un certain nombre de conventions, mais demeurent sur la liste grise des pays au niveau du Parlement européen.

Et donc les entreprises sont plus surveillées, plus contrôlées parce qu'on sait qu'elles ont leur siège social dans un pays qui ne respecte pas l'ensemble des règles liées au blanchiment d'argent et cela impacte aussi le climat des affaires." 

« En Arabie saoudite, il y a une réelle volonté politique qui joue un rôle important dans la lutte contre le blanchiment d’argent et c'est qui ça va créer un climat des affaires beaucoup plus propice aux affaires. 

Il y a beaucoup de sièges sociaux de grandes entreprises qui ont qui ont déménagé, notamment des Émirats arabes unis, vers l'Arabie saoudite. Donc, si vous voulez, la transparence dans le climat, dans la vie économique, cela améliore aussi et renforce le climat des affaires et la confiance qu'on peut mettre dans des investissements à l'étranger.    

Je vous ai parlé d'environnement, je vous parle du trafic de migrants qui concerne quand même les êtres humains, le trafic d'organes, le trafic de drogue qui rapporte autant d'argent que le produit national de la Finlande.

Il faut mettre des chiffres. Quand vous mettez des chiffres, les choses ont une autre consistance. Donc, ce n'est pas ce n'est pas une politique veine, c'est une politique absolument nécessaire. » A-t-elle conclu.