La région arabe dans un cercle vicieux de conflits et de faim, selon la FAO

Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19. (AFP/Photo d'archive)
Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19. (AFP/Photo d'archive)
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Publié le Samedi 26 juin 2021

La région arabe dans un cercle vicieux de conflits et de faim, selon la FAO

Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19. (AFP/Photo d'archive)
  • Dans les pays arabes, la guerre et l'instabilité sapent les progrès réalisés jusqu'ici en matière de nutrition et de sécurité alimentaire, avertissent les organisations humanitaires
  • Dans la région NENA, 137 millions de personnes vivaient dans l'insécurité alimentaire et 12,2 % souffraient de la faim, même avant que la pandémie n'éclate.

BOGOTA, Colombie : La région du Proche-Orient et Afrique du Nord (NENA), dans son ensemble, a enregistré une hausse de la faim depuis 2015-17 en raison des conflits qui y sévissent. C'est ce que révèle un rapport publié jeudi par une coalition d'organismes d'aide, qui a également mis en évidence un écart considérable entre les pays arabes en proie aux hostilités et ceux qui vivent en paix.

Le rapport, intitulé « Aperçu régional de l'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition - Proche-​Orient et Afrique du Nord 2020 : Améliorer la résilience des systèmes alimentaires dans les pays arabes », a examiné la résilience des systèmes alimentaires et la nutrition dans 22 pays depuis la Tunisie à l'ouest jusqu'au Yémen à l'est.

Selon les estimations de 2019, le rapport indique que près de 51,4 millions de personnes dans la région, soit environ 12,2 % de la population, étaient déjà touchées par la faim avant la pandémie de Covid-19, qui est venue exacerber les perturbations au niveau des chaînes d'approvisionnement et des moyens de subsistance.

Le rapport estime que quelque 137 millions de personnes vivant dans la région souffrent d'insécurité alimentaire modérée ou grave, sans accès régulier à une alimentation suffisante et nutritive ; cette tendance risque de se détériorer faute de mesures visant à améliorer la résilience du système alimentaire.

Compte tenu de cette tendance, le rapport prévoit, en toute probabilité, que la région n’arrivera pas à respecter ses engagements relatifs aux objectifs de développement durable des Nations unies qui ont pour ambition de supprimer la faim d'ici à la fin de la décennie. En effet, si l'on se fie à la trajectoire actuelle du nombre de personnes touchées par la faim, celui-ci devrait dépasser les 75 millions d'ici à 2030.

« La tempête d'instabilité et de conflits a soumis les systèmes alimentaires à des tensions, dont les répercussions, directes et indirectes, se font sentir de plusieurs manières. Cependant, la conséquence la plus visible se manifeste par la vague massive de migrations forcées, tant à l'intérieur d’un même pays que d'un pays à l'autre », explique à Arab News, Abdelhakim Elwaer, représentant de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour la région NENA.

« Ainsi, le rapport constate qu'en 2020, 5 millions de Syriens étaient dépendants de l'aide du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies. Par ailleurs, les ouvriers libanais entrent désormais en concurrence avec les migrants syriens pour les emplois agricoles. Cette situation accroît donc le chômage et la pauvreté dans les régions rurales et compromet l'accès à la nourriture ».

« Dans le même temps, on estime que 29,8 millions de personnes souffraient d'insécurité alimentaire aiguë en 2020 dans le sud du Yémen et cela est principalement imputable aux violences, conjuguées à d'autres conditions socio-économiques préexistantes ».

Le rapport se fonde sur une collaboration entre la FAO, la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale, le Fonds international de développement agricole, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La constatation la plus alarmante concerne l'impact de la faim et de l'insécurité alimentaire sur la santé publique et le développement infantile. Conformément aux estimations du rapport pour l'année 2019,

22,5 % des enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance, 9,2 % étaient émaciés et 9,9 % souffraient de surpoids.

Du fait également de la mauvaise alimentation, 27 % de la population adulte de la région sont considérés comme obèses. Cela confère à la région arabe la deuxième place en termes d'obésité dans le monde. Ces carences alimentaires expliquent également l'anémie constatée chez 35 % des femmes en âge de procréer.

Les conflits apparaissent comme la principale cause de la situation alimentaire précaire dans la région arabe. Si le rapport fait état d'une baisse continue de la sous-alimentation dans les pays arabes depuis 2000-2002, cette tendance à la baisse s'est interrompue en 2014-2016, au moment où la violence régionale prenait de l'ampleur.

Le rapport estime que quelque 137 millions de personnes vivant dans la région souffrent d'insécurité alimentaire modérée ou grave, sans accès régulier à une alimentation suffisante et nutritive. (AFP/Photo d'archive)
Le rapport estime que quelque 137 millions de personnes vivant dans la région souffrent d'insécurité alimentaire modérée ou grave, sans accès régulier à une alimentation suffisante et nutritive. (AFP/Photo d'archive)

Au cours de cette période, Gaza a en effet enduré de lourds bombardements israéliens qui ont duré près de deux mois, Daësh a pris le contrôle de vastes régions d'Irak et de Syrie, la Libye a basculé dans sa deuxième guerre civile, les Houthis soutenus par l'Iran ont contrôlé la capitale du Yémen, Sanaa, et la violence a refait surface en Somalie et au Soudan – cette conjoncture ayant conduit aux déplacements humains les plus massifs depuis la Seconde Guerre mondiale –.

« Le repli de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la faim était manifeste dans le monde depuis 2015. Les conflits qui secouent la région NENA ainsi que d'autres parties du monde comptent parmi les principaux facteurs qui ont contribué à ce repli », précise M. Elwaer.

« Toutefois, même au moment où le changement semblait aller dans le bon sens dans la région NENA, la faim et l'insécurité alimentaire aiguë touchaient 11 à 12 % de la population adulte de cette région».

Le rapport révèle que la sous-alimentation dans les pays non touchés par les conflits dans la région se situe entre 5 et 8 % depuis 2000-2002. Ce pourcentage représente environ deux à trois fois celui observé dans la plupart des pays développés, où la sous-alimentation est généralement inférieure à 2,5 %.

Selon les estimations du rapport pour l'année 2019, 22,5 % des enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance, 9,2 % étaient émaciés et 9,9 % souffraient de surpoids. (AFP/Photo d'archive)
Selon les estimations du rapport pour l'année 2019, 22,5 % des enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance, 9,2 % étaient émaciés et 9,9 % souffraient de surpoids. (AFP/Photo d'archive)

En revanche, les pays sans conflit affichent un taux de sous-alimentation beaucoup plus inférieur à celui des pays en conflit, où il oscille entre 24 et 30 %. La sous-alimentation a suivi une tendance à la baisse jusqu'en 2014-16, avant de repartir à la hausse.

Ainsi, l'Irak, déchiré par les conflits, a enregistré une baisse de la sous-alimentation, qui est tombée de 25 % en 2007-09 à 21,8 % en 2011-13, avant de remonter à 24 % en 2015-17.

Si ce chiffre est tombé à 23,7 % en 2017-2019, la croissance démographique signifie que le nombre de personnes sous-alimentées en Irak a régulièrement augmenté, pour passer de 6,5 millions en 2009-2011 à 9,1 millions en 2017-2019.

EN CHIFFRES

* 12,2 % - Proportion de la population de la région NENA qui souffrait de la faim avant la pandémie.

 

* 137 millions - Nombre d'habitants de la région NENA considérés comme étant en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave.

 

* 50% - Proportion de la population du monde arabe qui ne peut se payer une alimentation saine.

En revanche, en Algérie, pays relativement pacifique, la prévalence de la sous-alimentation diminue de manière constante. Elle est tombée de 5,6 % en 2007-2009 à 3,2 % en 2015-2017, et continue de baisser depuis. Quant au Koweït, pays riche du Golfe, son taux de sous-alimentation reste constamment inférieur à 2,5 % tout au long de cette même période.

Si le conflit constitue le facteur principal de la hausse de la faim et de l'insécurité alimentaire dans la région, il n'en est pas pour autant la seule cause. Le rapport insiste également sur la fragilité des systèmes alimentaires régionaux, affaiblis par les incidences du changement climatique, mais aussi par les mauvaises décisions politiques et les perturbations économiques, avant même le déclenchement de la pandémie de Covid-19.

« L'impact intégral de la pandémie sur la sécurité alimentaire dans la région est difficile à évaluer dans ce rapport, qui rend compte de la situation d'avant la Covid-19 », précise M. Elwaer. « Toutefois, on peut affirmer avec certitude que la pandémie a davantage souligné les vulnérabilités de la région ».

D'autres contraintes pesant sur les chaînes d'approvisionnement alimentaire ont été constatées, telles que la pénurie d'eau, la forte dépendance aux importations, les inégalités, la croissance démographique ou encore les migrations massives.

Le rapport constate que les régimes alimentaires sains sont inaccessibles pour plus de 50 % de la population du monde arabe, soit un pourcentage plus élevé que la moyenne mondiale établie à 38 %. (AFP/Photo d'archive)
Le rapport constate que les régimes alimentaires sains sont inaccessibles pour plus de 50 % de la population du monde arabe, soit un pourcentage plus élevé que la moyenne mondiale établie à 38 %. (AFP/Photo d'archive)

« Outre les mauvaises politiques, les bouleversements et les tensions risquent, eux aussi, de nuire à l'économie agroalimentaire au point d'aggraver la faim et la nutrition. Dans certains pays, les politiques gouvernementales imposent une pression additionnelle sur les ressources, notamment par l'extraction non durable des eaux souterraines, ce qui les amène à recourir à l'eau salée », ajoute-t-il.

« Prenons l'exemple de l'Arabie saoudite qui, par le passé, cultivait le blé de manière intensive, au détriment des aquifères d'eau douce. Cette pratique a été redressée grâce aux récentes politiques qui sont plus durables et plus performantes ».

En effet, le coût élevé d'une alimentation saine s'est avéré être un autre facteur déterminant. Une alimentation nutritive est composée de fruits et légumes frais, de légumineuses, de viande et de produits laitiers. On estime qu'elle est 5 fois plus coûteuse qu'une alimentation qui satisfait les besoins en énergie fournis par les féculents tels que le riz et le pain.

En effet, le rapport atteste que les régimes alimentaires sains sont inaccessibles pour plus de 50 % de la population du monde arabe, soit un pourcentage plus élevé que la moyenne mondiale établie à 38 %.

Le nombre de personnes touchées par la faim risque de dépasser les 75 millions d'ici à 2030. (AFP/Photo d'archive)
Le nombre de personnes touchées par la faim risque de dépasser les 75 millions d'ici à 2030. (AFP/Photo d'archive)

« La sensibilisation est primordiale si nous souhaitons améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition auprès de la population. Certains pays de la région ont fait preuve de détermination pour s'attaquer aux facteurs défavorables. Toutefois, il faut aller beaucoup plus loin pour inverser le repli de la sécurité alimentaire et de la nutrition », affirme-t-il.

« Cette exigence pourrait paraître bien lourde pour les pays qui luttent actuellement contre la pandémie. Néanmoins, la sécurité alimentaire et la nutrition sont essentielles à la réalisation des objectifs de développement durable, qui ont une incidence sur le bien-être des populations et sur la croissance économique et sociale dans son ensemble ».

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Twitter: @RobertPEdwards

 

Ce teste est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Israël retire ses condoléances après le décès du pape François

Dans son dernier message de Pâques, le pape avait réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, qualifiant la situation humanitaire de «dramatique et déplorable». (AFP)
Dans son dernier message de Pâques, le pape avait réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, qualifiant la situation humanitaire de «dramatique et déplorable». (AFP)
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  •  Le ministère israélien des AE a ordonné la suppression de l'article quelques heures après sa publication, invoquant une «erreur»
  • Cette décision semble être liée à une critique virulente des actions d'Israël à Gaza et en Cisjordanie

LONDRES: Le ministère israélien des Affaires étrangères est revenu sur un message de condoléances diffusé sur les réseaux sociaux à la suite du décès du pape François, supprimant le message quelques heures seulement après sa publication.

Le message, apparu sur les comptes officiels X de plusieurs ambassades israéliennes dans le monde, se lisait comme suit: «Repose en paix, Pape François. Que sa mémoire soit une bénédiction.» Il était accompagné d'une image du pontife au Mur occidental de Jérusalem, le site le plus sacré pour le peuple juif.

Le ministère des Affaires étrangères a ensuite ordonné que le message soit retiré et a demandé aux ambassadeurs de ne pas signer les livres de condoléances dans les missions du Vatican à travers le monde, selon les médias israéliens.

Ce revirement aurait suscité la frustration des diplomates, en particulier dans les pays majoritairement catholiques, et provoqué des critiques internes à l'encontre de la direction du ministère.

Raphael Schutz, ancien ambassadeur d'Israël au Vatican, a déclaré: «Je pense que cette décision est une erreur. Nous ne devrions pas juger ainsi après la mort d'une personne.»

M. Schutz et d'autres diplomates ont fait valoir que la rétractation des condoléances risquait de nuire à l'image d'Israël auprès des 1,3 milliard de catholiques que compte la planète.

Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le message original avait été publié «par erreur», mais la décision de le retirer semble liée aux récentes critiques du pape François à l'égard des actions d'Israël à Gaza et en Cisjordanie.

Le pape, qui est décédé lundi à l'âge de 88 ans à la suite d'un accident vasculaire cérébral et d'une insuffisance cardiaque, s'était imposé comme l'un des critiques les plus virulents de la campagne militaire israélienne à Gaza.

Dans son dernier message de Pâques, il avait réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et qualifié la situation humanitaire de «dramatique et déplorable».

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, a déclaré que le défunt pape «était très proche de la communauté de Gaza, de la paroisse de Gaza3.

Le pape François a déclaré à propos des actions d'Israël à Gaza en novembre 2023: «Ce n'est pas une guerre, c'est du terrorisme.» Ses propos ont suscité de vives critiques de la part de responsables et de médias israéliens, dont un éditorial du Jerusalem Post l'accusant d'offrir un «soutien inconditionnel au Hamas».

Hormis un message de condoléances du président Isaac Herzog, qui a exprimé l'espoir que la mémoire du pape «inspire des actes de bonté et d'espoir pour l'humanité», les dirigeants israéliens ont, pour la majorité, gardé le silence. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa'ar n'ont fait aucune déclaration publique et n'ont publié aucun message sur les réseaux sociaux.

La décision de ne pas s'engager a suscité des critiques de la part de commentateurs israéliens et de membres du public, qui ont fait valoir qu'elle ne reflétait pas l'opinion de la plupart des Israéliens.

Des dirigeants politiques et religieux du monde entier ont exprimé leurs condoléances. Le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane d'Arabie saoudite ont envoyé des messages officiels déplorant la mort du chef de l'État de la Cité du Vatican.

Le pape François, qui a dirigé l'Église catholique pendant 12 ans, sera inhumé à Rome samedi. Des dirigeants du monde entier, y compris de la région arabe, devraient y assister. On ne sait pas encore si Israël enverra une délégation officielle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen rencontre des responsables houthis à Oman

L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014. (AFP)
L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014. (AFP)
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  • Les discussions étaient centrées "sur la nécessité de stabiliser la situation au Yémen pour permettre à tous les Yéménites de vivre dans la dignité et la prospérité, et répondre aux inquiétudes légitimes de toutes les parties"
  • Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, les Houthis - qui font partie de "l'axe de résistance" contre Israël piloté par Téhéran - ont multiplié les attaques de missiles contre Israël

MASCATE: L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014.

Dans un communiqué sur X, les services de M. Grundberg ont indiqué qu'il "avait rencontré ce jour (jeudi) à Mascate des haut responsables omanais, des membres de la direction d'Ansar Allah (nom officiel des Houthis, NDLR) et des représentants de la communauté diplomatique".

Les discussions étaient centrées "sur la nécessité de stabiliser la situation au Yémen pour permettre à tous les Yéménites de vivre dans la dignité et la prospérité, et répondre aux inquiétudes légitimes de toutes les parties, dont la région et la communauté internationale", indique le communiqué.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, les Houthis - qui font partie de "l'axe de résistance" contre Israël piloté par Téhéran - ont multiplié les attaques de missiles contre Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils mènent aussi des attaques contre des navires accusés de liens avec Israël en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le trafic international en mer.

Depuis le 15 mars, les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont lancé contre eux une campagne de bombardements, avec des raids quasi quotidiens, au lourd bilan humain selon les Houthis.

Les entretiens de l'envoyé spécial à Mascate interviennent deux jours avant un troisième cycle de pourparlers indirects entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire iranien.

M. Grundberg a également réitéré la demande de l'ONU d'"une libération immédiate et sans condition des personnels diplomatiques ou appartenant aux Nations unies, à des ONG et à la société civile détenus au Yémen".

Au moins de juin 2024, les Houthis détenaient 13 employés de l'ONU, dont six du bureau des droits de l'Homme, plus de 50 membres d'ONG et un employé d'une ambassade.

Les rebelles les ont accusés de faire partie d'"un réseau d'espions américano-israéliens" opérant sous couvert d'action humanitaire, des allégations rejetées par le Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU.


Gaza: 55 morts dans des frappes, Israël menace d'une offensive «plus vaste»

Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes". (AFP)
Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes". (AFP)
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  • Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante"
  • La Défense civile et des sources hospitalières palestiniennes ont fait état de leur côté de 55 morts depuis le début de la journée

GAZA: Israël a menacé jeudi de lancer une offensive "plus vaste" à Gaza si les otages n'étaient pas libérés du territoire palestinien, où au moins 55 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans des bombardements israéliens, selon des sources palestiniennes.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

"Si nous ne constatons pas de progrès dans le retour des otages dans un avenir proche, nous étendrons nos activités à une opération plus vaste", a dit le lieutenant général Eyal Zamir lors d'une visite aux troupes israéliennes dans le territoire assiégé.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas en Israël, lors de laquelle plus de 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza.

Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes".

La Défense civile et des sources hospitalières palestiniennes ont fait état de leur côté de 55 morts depuis le début de la journée.

L'hôpital indonésien à Jabalia a dit avoir reçu les corps de neuf victimes après une frappe sur un commissariat de police de cette ville du nord.

"Chaque jour, la mort" 

L'armée israélienne a confirmé avoir frappé dans le secteur, précisant qu'elle ciblait "des terroristes opérant dans un centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique", un groupe allié.

"Le bombardement était extrêmement intense et a secoué toute la zone", a expliqué un témoin, Abdel Qader Sabah, à l'AFP. "Tout le monde s'est mis à courir et à crier".

Un autre bombardement sur une maison du nord de la ville de Gaza (nord) a tué une famille de six personnes, un couple et ses quatre enfants, a indiqué la Défense civile.

"La destruction n'épargne personne", s'est lamenté le cousin du père de famille, Nidal al-Sarafiti, auprès de l'AFP.

Plusieurs autres frappes ont tué au moins 40 personnes ailleurs, dont 12 dans une maison familiale à Jabalia.

Des images de l'AFP tournées dans une maison touchée à Khan Younès (sud) montrent des personnes éteignant les flammes et d'autres inspectant des décombres à la lumière de torches.

"On était assis en paix quand le missile est tombé", a déclaré un témoin, Mohammed Faris.

Des corps gisaient au sol, dont une jeune femme et un garçon, dans des housses mortuaires, entourés de proches en pleurs, embrassant et caressant leurs visages.

"Ses enfants et elle ont été tués et réduits en morceaux", se lamente Rania al-Jumla, en évoquant sa soeur tuée dans le bombardement. "On n'en peut plus. Chaque jour, c'est la mort".

"Excuses officielles" 

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de l'offensive israélienne lancée en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023.

Cette attaque a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Jeudi, l'armée israélienne a annoncé qu'un employé --bulgare-- de l'ONU tué le mois dernier dans le territoire palestinien avait été victime d'un tir d'un de ses chars, selon des conclusions provisoires d'une enquête interne.

Elle a dit "regretter cet incident grave".

"Le bâtiment a été visé en raison d'une présence ennemie présumée et n'a pas été identifié par les forces comme une installation de l'ONU", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

La Bulgarie a dit avoir "reçu des excuses officielles" d'Israël.

Le 19 mars, l'ONU avait annoncé la mort d'un employé dans une explosion d'un bâtiment du Bureau de l'ONU pour les services d'appui au projet (Unops) à Deir el-Balah (centre).

L'armée israélienne avait initialement rejeté toute responsabilité.

La situation humanitaire est particulièrement dramatique à Gaza depuis qu'Israël a fermé le 2 mars les points de passage pour l'aide humanitaire, accusant le Hamas de la détourner.

Sur les marchés improvisés, les Gazaouis ne trouvent plus beaucoup de nourriture, les stocks de farine s'épuisent, alors que les organisations humanitaires opérant dans le territoire manquent de tout.