BEYROUTH : Les poids lourds de la communauté sunnite au Liban ont annoncé dimanche soir s'être entendus sur le nom d'un diplomate, Moustapha Adib, comme Premier ministre, un choix qui doit encore être entériné lors de consultations parlementaires lundi.
Agé de 48 ans, M. Adib, titulaire d'un doctorat en Sciences politiques, est un professeur d'université nommé en 2013 ambassadeur en Allemagne. C'est un proche de l'ancien Premier ministre et milliardaire Najib Mikati. Il convient de souligner que le principal intéressé a publié tôt ce matin un communique dans lequel il a affirmé que « tous les commentaires et tweets » qui lui sont imputés par le biais de « comptes falsifiés sur les médias sociaux » sont « fabriqués de toutes pièces » . « Il m’importe de souligner dans ce contexte que je n’ai fait aucune déclaration ni écrit aucun tweet ». a précisé l’ambassadeur Moustapha Adib.
Ce choix d'une personnalité relativement inconnue intervient à la veille du retour du président français Emmanuel Macron, qui presse les responsables libanais de mener une réforme en profondeur du système politique.
Le mouvement de contestation populaire a averti qu'il rejetterait tout nom issu des consultations d'une classe politique dont il demande le départ.
« Nous refusons l'issue des consultations parlementaires connue d'avance et qui déboucherait comme d'habitude sur un gouvernement soi-disant d'union nationale, un gouvernement qui est cuisiné à l'étranger », a affirmé à l'AFP Naji Abou Khalil, membre du Bloc national, un parti d'opposition qui soutient la contestation.
Le gouvernement de Hassan Diab avait démissionné le 10 août sous le poids de l'explosion du port de Beyrouth ayant fait au moins 188 morts, dont la population rend responsable la classe politique, taxée d'incompétence et de corruption.
Le président Michel Aoun a convoqué lundi des consultations contraignantes avec les blocs parlementaires, au terme desquelles la personnalité sunnite qui recueillera le plus grand nombre de voix sera désignée Premier ministre.
Les anciens Premiers ministres, dont Saad Hariri, ont annoncé à l'issue d'une réunion dimanche soir s'être entendus sur le nom de l'ambassadeur du Liban en Allemagne.
« Nous avons décidé de nommer l'ambassadeur Moustapha Adib, et nous espérons que le gouvernement sera rapidement formé », a annoncé à la presse l'ancien chef de gouvernement Fouad Siniora.
Les ténors de la communauté sunnite avaient reproché au parti présidentiel, le Courant Patriotique Libre, et ses alliés chiites, le Hezbollah et le mouvement Amal, d'avoir nommé sans leur consentement Hassan Diab après la démission en octobre 2019 de Saad Hariri sous la pression de la contestation populaire.
Cette fois-ci, ils semblent certains d'obtenir l'aval des trois partis, et donc de réunir le nombre de voix nécessaires pour leur candidat.
Mais, au Liban, les retournements de situation de dernière minute en matière de formation gouvernementale sont légions. Les jeux sont donc loin d’être faits.