HEBRON: Des milliers de personnes ont participé vendredi en Cisjordanie aux funérailles de Nizar Banat, un militant des droits humains et critique de l'Autorité palestinienne décédé après avoir été arrêté par les forces de sécurité palestiniennes, a constaté un journaliste de l'AFP.
La mort jeudi de Nizar Banat, un Palestinien de 43 ans connu pour ses vidéos critiquant l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, a suscité l'indignation en Cisjordanie occupée où des manifestants ont appelé au départ du président palestinien.
« Le peuple veut la chute du régime », a de nouveau scandé la foule réunie dans la ville de Hébron (sud) où résidait le militant et où ont eu lieu ses funérailles dans l'après-midi, a constaté un correspondant de l'AFP.
Nizar Banat avait été arrêté à l'aube jeudi chez son oncle à Dura, puis conduit en détention, selon sa famille.
Là, « son état de santé s'est détérioré et il a été immédiatement transféré vers l'hôpital gouvernemental de Hébron où les médecins l'ont examiné et où (...) il a été déclaré mort », a indiqué Jibrin al-Bakri, le gouverneur local, sans autre précision sur son arrestation ni sur les causes du décès.
Dans une déclaration au site d'actualité palestinien Quds, la famille du militant a accusé les forces de sécurité palestiniennes de l'avoir « assassiné ».
Le médecin légiste en charge de son autopsie a fait état de traces de coups à la tête, à la poitrine, au cou, aux jambes et aux mains.
Moins d'une heure s'est écoulée entre les coups et sa mort, a indiqué le docteur Samir Abou Zarzour.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Nizar Banat avait été candidat sur une liste d'indépendants aux législatives palestiniennes qui devaient se tenir en mai avant d'être reportées sine die par Mahmoud Abbas.
L'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, s'est dit « alarmé et attristé » par ce décès, appelant à une enquête "indépendante et transparente".
Les Etats-Unis ont eux dit être « profondément perturbés » par la mort du militant et avoir de « sérieuses inquiétudes concernant les restrictions de la liberté d'expression des Palestiniens par l'Autorité palestinienne (...) ».
Cette dernière exerce des pouvoirs limités sur environ 40% de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 1967.