Espagne: graciés, les indépendantistes catalans sortent de prison

Les séparatistes catalans Raul Romeva, Jordi Turull, Jordi Cuixart, Joaquim Forn, Jordi Sanchez, Josep Rull et Oriol Junqueras quittent la prison de Lledoners le 23 juin 2021 à Sant Joan de Vilatorrad. (Photo, AFP)
Les séparatistes catalans Raul Romeva, Jordi Turull, Jordi Cuixart, Joaquim Forn, Jordi Sanchez, Josep Rull et Oriol Junqueras quittent la prison de Lledoners le 23 juin 2021 à Sant Joan de Vilatorrad. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 23 juin 2021

Espagne: graciés, les indépendantistes catalans sortent de prison

  • Acclamés par des militants indépendantistes, sept d'entre eux ont quitté la prison de Lledoners à Sant Joan de Vilatorrada, au nord-ouest de Barcelone
  • Parmi eux, Oriol Junqueras, ex-vice-président du gouvernement régional indépendantiste de Carles Puigdemont, qui avait été condamné à la peine la plus lourde avec 13 ans de prison

SANT JOAN DE VILATORRADA, ESPAGNE: Les neuf indépendantistes catalans graciés mardi par le gouvernement espagnol sont sortis mercredi de prison après plus de trois ans derrière les barreaux, une libération destinée pour Madrid à « tourner la page » de la tentative de sécession de 2017.

Acclamés par des militants indépendantistes, sept d'entre eux ont quitté la prison de Lledoners à Sant Joan de Vilatorrada, au nord-ouest de Barcelone, vers 12H00 (10H00 GMT) et déployé une banderole où l'on pouvait lire « Freedom for Catalonia » (Liberté pour la Catalogne), a constaté l'AFP sur place. 

Parmi eux, Oriol Junqueras, ex-vice-président du gouvernement régional indépendantiste de Carles Puigdemont, qui avait été condamné à la peine la plus lourde avec 13 ans de prison.

Présent pour les accueillir, le président régional catalan, Pere Aragonès, les a pris successivement dans ses bras.

« Nous continuerons à travailler jusqu'au jour de la victoire (...) pour que le rêve de la république catalane devienne une réalité. Vive la Catalogne libre! », a lancé M. Junqueras.

« Nous n'accepterons en aucun cas de nous taire en échange de cette grâce », a également mis en garde Jordi Sanchez, dirigeant d'une importante association indépendantiste lors de la tentative de sécession de 2017.

Incarcérées dans deux autres prisons pour femmes en Catalogne, l'ex-présidente du Parlement catalan Carme Forcadell et l'ex-membre du gouvernement régional Dolors Bassa, sont sorties à peu près au même moment. 

Devant la prison de Lledoners, Ignasi Solé, mécanicien à la retraite âgé de 65 ans, a indiqué avoir voulu rendre hommage au « sacrifice pour la Catalogne » de ces dirigeants indépendantistes.

« En finir avec la division »

Annoncée en grande pompe lundi par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, cette grâce, approuvée formellement mardi, doit marquer, selon lui, « une nouvelle étape de dialogue » destinée à « en finir une fois pour toutes avec la division et l'affrontement ».

Les services de M. Sanchez ont annoncé mercredi qu'il recevrait mardi M. Aragonès au siège du gouvernement espagnol, une réunion préalable à la reprise prochaine des négociations entre gouvernements central et régional afin de tenter de trouver une issue à la crise séparatiste en Catalogne.

Les neuf dirigeants séparatistes graciés avaient été condamnés à des peines allant de 9 à 13 ans de prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, marquée par l'organisation d'un référendum d'autodétermination le 1er octobre. Une consultation interdite par la justice et émaillée de violences policières dont les images avaient fait le tour du monde.

Le Parlement régional catalan avait ensuite voté, quelques semaines plus tard, une vaine déclaration unilatérale d'indépendance. En réponse, Madrid avait destitué le gouvernement régional et mis la région autonome sous tutelle. Plusieurs membres du gouvernement catalan avaient fui à l'étranger, dont Carles Puigdemont, aujourd'hui en Belgique et que Madrid veut toujours voir jugé en Espagne.

La tentative de sécession de cette riche région du nord-est de l'Espagne peuplée de 7,8 millions d'habitants a constitué l'une des pires crises politiques vécues par l'Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.

Une « trahison » pour l'opposition

Partielle, cette grâce ne lève pas la peine d'inéligibilité à laquelle ces indépendantistes avaient été condamnés. Elle est aussi « conditionnée » au fait qu'ils ne commettent pas un « nouveau délit grave » pendant trois à six ans.

M. Sanchez a souligné dans une tribune publiée mercredi par le quotidien El País que ce « nouveau chemin » devait permettre de « tourner la page » de 2017. Avant de marteler que « sans l'Espagne, la Catalogne ne serait ni européenne, ni prospère ni plurielle », une manière de réaffirmer son opposition à l'indépendance de la région.

Les indépendantistes campent, eux, toujours sur leur exigence d'un référendum d'autodétermination et d'une amnistie totale, c'est-à-dire un effacement du délit, pour toutes les personnes condamnées ou poursuivies, comme Carles Puigdemont. Madrid a balayé ces deux revendications.

Pour sa part, l'opposition de droite, qui accuse Pedro Sanchez de « trahison », l'a appelé mercredi à démissionner. 

« Vous sortez de prison neuf délinquants en échange de leur engagement à ne pas vous sortir, vous, de la Moncloa », le siège du gouvernement espagnol, a lancé le chef du Parti Populaire (PP), Pablo Casado, à M. Sanchez lors d'un vif échange à la Chambre des députés, en référence au soutien d'une partie des indépendantistes catalans à son gouvernement minoritaire.

 


Les Etats-Unis ont frappé des installations Houthies au Yémen à l'aide de bombardiers B-2

Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2
  • Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2, a annoncé mercredi soir le ministre de la Défense américain Lloyd Austin.

"Les forces américaines ont ciblé plusieurs installations souterraines des Houthis abritant plusieurs types d'armes que les Houthis ont utilisé pour cibler des navires civils et militaires dans toute la région", a indiqué M. Austin dans un communiqué.

Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis, un groupement soutenu par l'Iran.

"L'emploi de bombardiers furtifs à long rayon d'action B-2 Spirit de l'armée de l'air américaine prouve la capacité de frappe" américaine "à tout moment et en tout lieu", s'est félicité M. Austin, évoquant une "démonstration sans pareille".

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, mènent depuis des mois des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en affirmant agir en solidarité avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, opposé à Israël dans la bande de Gaza depuis un an.

En réponse, les Etats-Unis et le Royaume-Uni procèdent régulièrement à des frappes contre des installations houthies, mais sans être parvenus à ce stade à anéantir la capacité opérationnelle du mouvement.


L'agence atomique iranienne juge « improbable » une attaque d'Israël sur des sites nucléaires.

Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
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  • Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas »
  • Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran

TEHERAN : Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas » ou ne causerait pas de « sérieux dommages », tout en jugeant un tel scénario « improbable ».

Ces déclarations interviennent sur fond d'escalade entre l'Iran et Israël. L'Iran a lancé le 1^(er) octobre quelque 200 missiles sur Israël, qui a juré d'y riposter.

« Il est très improbable » qu'une attaque se produise, a affirmé le porte-parole de l'OIEA, Behrouz Kamalvandi, dans une interview accordée à l'agence de presse iranienne Nournews, estimant qu'il s'agirait d'un acte « stupide ».

« Dans le cas d'une attaque sur un site clé, soyez sûrs, elle ne réussira pas » et il « est très peu probable qu'ils (Israël) nous causent de sérieux dommages », a-t-il ajouté, précisant que l'Iran serait en mesure de « rapidement compenser » tout dégât potentiel.

Les tirs de missiles du 1er octobre ont été présentés par l'Iran comme des représailles à l'assassinat en juillet à Téhéran du chef du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais pro-iranien, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran, malgré les appels du président américain Joe Biden à épargner les sites pétroliers et nucléaires.

« Toute attaque contre les infrastructures iraniennes entraînera une réponse plus forte », a mis en garde mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par la télévision d'État.


Des entreprises israéliennes interdites au salon Euro naval de novembre à Paris

Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
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JERUSALEM : Mercredi, Israël a accusé le président Emmanuel Macron de faire « honte » à la France après la décision du gouvernement français d'interdire à des entreprises israéliennes d'exposer leurs matériels lors du salon de défense Euronaval début novembre, près de Paris.

« Les actes du président français Macron sont une honte pour la France et les valeurs du monde libre qu'il affirme vouloir protéger », a affirmé sur X le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

« La décision de discriminer une nouvelle fois l'industrie de la défense israélienne en France profite aux ennemis d'Israël en temps de guerre », a-t-il ajouté.

Il a également accusé M. Macron de vouloir « mettre en place un embargo sur les armes » après que le président français a appelé la semaine dernière à « cesser les exportations d'armes » utilisées par Israël à Gaza et au Liban.

La France « a adopté et ne cesse de mettre en œuvre une politique hostile envers Israël », a estimé le ministre israélien.

Les organisateurs du salon Euronaval, consacré au secteur naval de défense, avaient auparavant indiqué que celui-ci n'accueillerait ni stands ni matériels israéliens lors de sa prochaine édition, à la demande du gouvernement français.

« Le gouvernement français a fait part le mardi 15 octobre à Euronaval de sa décision de valider la participation des délégations israéliennes au salon Euronaval 2024, sans stands ni exposition de matériels », a précisé dans un communiqué l'organisation du salon, selon laquelle « sept entreprises israéliennes sont concernées par cette décision ».

- Le ton monte - 

« Conformément à la décision du gouvernement français, les entreprises et les ressortissants israéliens qui le souhaitent seront accueillis au salon selon les modalités précitées », a-t-on ajouté.

« Euronaval se prépare à accueillir chaque entreprise et chaque visiteur dans le respect des directives internationales et gouvernementales. Près de 500 entreprises et 22 000 visites sont attendues pour la 29^e édition du salon, du 4 au 7 novembre au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (dans la banlieue nord de Paris), ont rappelé les organisateurs.

Fin mai, la présence des industriels israéliens de la défense au salon Eurosatory avait été annulée par décision du gouvernement, sur fond d'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Cette décision avait ensuite été contredite par la justice.

La décision concernant Euronaval intervient dans un contexte où le ton est monté ces derniers jours entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que les opérations israéliennes se poursuivent à Gaza, un an après l'attaque meurtrière du groupe palestinien Hamas en Israël et contre le Hezbollah au Liban.

Le 5 octobre, M. Macron avait déjà estimé que « la priorité » pour un cessez-le-feu était « qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ».

Ses déclarations avaient suscité la colère de M. Netanyahu, qui les avait qualifiées de « honte ».

Paris appelle avec insistance à un cessez-le-feu à la fois à Gaza et au Liban. Le pays dénonce les frappes israéliennes ainsi que les tirs israéliens jugés « délibérés » contre des positions des Casques bleus de la force de paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), dont plusieurs ont été blessés.