ALGER: La garde à vue d'une figure engagée en faveur des prisonniers d'opinion en Algérie, Fatiha Briki, en détention depuis le 17 juin, a été à nouveau prolongée, ont indiqué mardi des défenseurs des droits humains.
"Sous réserve du secret de l'instruction toujours en cours, alors qu'elle a été arrêtée le 17 juin 2021, sa garde à vue (a été) prolongée pour la 3e fois de 48h jusqu'à jeudi", selon Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH).
"Il n'y a que dans les affaires du terrorisme qu'on peut prolonger la garde à vue jusqu'à 11 jours", a ajouté M. Salhi, en se disant "inquiet".
Mme Briki, une universitaire à la retraite, a été arrêtée et son domicile perquisitionné jeudi dernier, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), dont elle fait partie.
Elle doit être présentée jeudi devant le procureur du tribunal de Sidi M’hamed à Alger, ainsi qu'un autre membre du CNLD, El Hadi Lassouli, interpellé lundi, selon une avocate, Me Leila Djerdjer, citée par le site d'information Interlignes.
Le motif de leur arrestation n'est pas connu.
Le CNLD est une association de soutien, créée pendant le mouvement de protestation populaire du Hirak en 2019, qui recense les prisonniers d'opinion et milite pour leur libération.
Militante contre la torture, Mme Briki participait régulièrement aux marches du Hirak, avant leur interdiction par le ministère de l'Intérieur à l'approche des récentes élections législatives.
Le régime algérien s'est efforcé ces derniers mois de briser ce mouvement antisystème inédit, empêchant ses manifestations et multipliant les interpellations et les poursuites judiciaires visant opposants, militants, journalistes et avocats.
Deux autres enseignants de l'université, Sara Ladoul et Mahana Abdesselam, membres de la Coordination nationale des universitaires pour le changement (CNUAC), ont été interpellés mardi, selon le CNLD. Mme Ladoul a été relâchée en fin d'après-midi après avoir été interrogée dans un commissariat algérois.
Plus de 260 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD et le site spécialisé Algerian Detainees.
Plus de 80 ONG algériennes et internationales ont récemment interpellé le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU à propos de "l'escalade répressive" des autorités algériennes et de "la criminalisation incessante des libertés fondamentales".