PARIS: Après la philosophie, place au grand oral: à partir de lundi, les élèves de Terminale sont convoqués pour cette épreuve inédite du baccalauréat nouvelle formule, qui débouchera sur une "vraie note" et dont l'organisation inquiète les syndicats.
Quelques 525 760 candidats au bac général et technologique sont convoqués entre le lundi 21 juin et le vendredi 2 juillet pour vingt minutes de présentation et d'échanges avec un jury.
Le sujet de l'exposé est à choisir parmi deux thèmes liés à leurs enseignements de spécialité, préparés durant l'année. Le candidat répond ensuite à des questions sur ce thème ou d'autres notions du programme et termine en expliquant son projet d'orientation.
"S'exprimer à l'oral, c'est quelque chose que vous avez à faire en permanence dans la vie", a souligné mi-juin le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui a recommandé aux candidats de "conquérir de la confiance en soi en s'entraînant" pour l'épreuve.
Roxane, élève en Terminale générale à Paris, qui apprécie de passer à l'oral, assure s'être "bien préparée".
"Nos profs nous ont aidé et on est passé devant tout le monde en classe pour s'entraîner", explique la jeune fille de 17 ans. Convoquée lundi, elle parlera du rôle des cryptomonnaies ou du Covid en tant que nouveau terrain d'affrontement entre les pays.
Le jury évaluera sur 20 points la capacité du candidat à capter l'attention, sa gestion du temps, la qualité de ses connaissances et de son argumentation. L'épreuve compte coefficient 10 en voie générale et 14 en voie technologique, dans la note finale du bac.
Il s'agit de la seule épreuve finale maintenue, avec l'écrit de philosophie, les autres matières étant évaluées en contrôle continu.
Salomé, 18 ans, était venue "un peu en mode détente" à la philo, dont la note peut être remplacée par celle obtenue au contrôle continu si elle est meilleure.
Convocations incohérentes
"Pour le grand oral, c'est différent. Je suis plus investie, j'ai choisi mes propres sujets et il va y avoir une vraie note", fait valoir la jeune fille, élève à Paris, qui s'attend à être "stressée" le jour J.
"Pas mal de personnes ont préféré faire l'impasse sur la philo et se concentrer sur le grand oral. C'est plus ou moins mon cas", abonde Matteo, 17 ans, lycéen à Toulouse.
Cette année, les syndicats lycéens et enseignants avaient demandé l'annulation du grand oral, en raison des difficultés de préparation engendrées par la crise sanitaire. Depuis novembre notamment, de nombreux lycéens ont dû suivre leurs enseignements à distance.
Pour rassurer les candidats, le ministère de l'Education leur permet exceptionnellement de garder sous les yeux le brouillon préparé pour leur exposé. Ils pourront également remettre au jury un descriptif de leurs professeurs indiquant si des parties du programmes n'ont pas pu être étudiées.
A l'approche des oraux, les syndicats s'inquiétaient toutefois de leur organisation, évoquant des retards dans les envois de convocations aux élèves et aux enseignants qui doivent composer les jurys.
Outre les retards, "il y a même parfois des incohérences relevées dans les convocations reçues: les profs sont par exemple attendus à deux endroits différents au même moment. Des élèves ont aussi reçu une convocation pour le… dimanche", relève Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT.
"Il y a des rectorats qui fournissent au dernier moment des outils pour mieux calculer la note de ce grand oral, avec des tableurs par exemple (...) mais pas de ligne nationale. Chacun bricole dans son coin, ce qui montre bien que cette épreuve est mal préparée", déplore également Sophie Vénétitay secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
Le grand oral est la dernière épreuve des Terminales pour le bac. Les résultats de cet examen bicentenaire seront dévoilés le 6 juillet.
Les rattrapages démarreront dès le lendemain et se tiendront jusqu'au 9 juillet.