A peine sortie de l'épidémie, Chicago pâtit d'une hausse de la violence

Dans le centre-ville de Chicago, les coupables désignés sont des jeunes qui ont créé le chaos pendant les week-ends de ces deux derniers mois en commettant des vols et des agressions, autant d'incidents qui, selon les propriétaires de commerces, font fuir les clients. (Photo, AFP)
Dans le centre-ville de Chicago, les coupables désignés sont des jeunes qui ont créé le chaos pendant les week-ends de ces deux derniers mois en commettant des vols et des agressions, autant d'incidents qui, selon les propriétaires de commerces, font fuir les clients. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 21 juin 2021

A peine sortie de l'épidémie, Chicago pâtit d'une hausse de la violence

  • La troisième plus grande ville américaine, est loin d'être un cas isolé: partout aux États-Unis, des localités constatent une hausse de la violence
  • Le crime s'invite dans des zones jusqu'ici considérées comme sûres, et aucune catégorie de crimes violents n'échappe à la hausse

CHICAGO: Dans le centre-ville de Chicago, les commerces qui ont survécu à la crise économique entraînée par le coronavirus devraient être ravis de la réouverture de la ville, lundi. Mais beaucoup subissent un nouveau coup dur: une recrudescence de la violence qui tient les clients - et leurs porte-monnaie - à distance.

"Je ne me suis jamais senti aussi peu en sécurité qu'à l'heure actuelle", dit Steve Burrows, un avocat de 48 ans qui vit à Chicago depuis toujours. "Je travaille dans le centre-ville, donc je suis ici tous les jours pendant la journée, mais je ne viendrais pas le soir ou le week-end".

Si les gens comme lui, les habitants des banlieues et les millions de touristes habituellement présents ne viennent pas, les entreprises de Chicago en ressentiront les conséquences, d'autant que, pour beaucoup, le tumulte des 16 derniers mois a laissé des traces.

Chicago, troisième plus grande ville américaine, est loin d'être un cas isolé: partout aux États-Unis, des localités constatent une hausse de la violence.

"La vérité, c'est que personne ne sait vraiment ce qui a conduit à cette hausse" qui concerne "les crimes par arme à feu" et d'autres types de crimes violents, déclare Roseanna Ander, directrice exécutive du Crime Lab de l'université de Chicago, qui étudie la criminalité. 

Reste que la pandémie a aggravé de nombreux problèmes sociaux. "Elle a tout exacerbé, tout amplifié", dit Mme Ander.

«Notre ville est sûre»

À Chicago, le crime s'invite dans des zones jusqu'ici considérées comme sûres, et aucune catégorie de crimes violents n'échappe à la hausse. Les fusillades sur l'autoroute ont atteint un niveau sans précédent: 93 depuis le début de l'année contre 39 à la même période l'an dernier.

Dans le centre-ville, les coupables désignés sont des jeunes qui ont créé le chaos pendant les week-ends de ces deux derniers mois en commettant des vols et des agressions, autant d'incidents qui, selon les propriétaires de commerces, font fuir les clients.

Pourtant, la maire Lori Lightfoot est optimiste.

Mardi, pendant que Chicago subissait sa troisième fusillade en trois jours, elle a appelé à plus d'aide fédérale pour endiguer le flux d'armes illégales, tout en adoptant un ton positif. "La réalité, c'est que notre ville est sûre. Je le maintiens", a affirmé Mme Lightfoot.

Raymond Lopez, un élu local critique de la maire, pense qu'elle vit dans "le monde des bisounours" et qu'elle a eu tort de réduire récemment la possibilité, pour la police, de poursuivre en voiture des suspects.

"La police doit attraper les criminels. Elle doit cesser de planter des fleurs et de construire des jardins communautaires, et commencer à attraper les personnes qui commettent des crimes", a-t-il lancé.

Pour M. Lopez, le redressement économique de la ville pâtit de sa mauvaise réputation, un quart du budget de la ville reposant sur les revenus du tourisme et de l'hôtellerie.

"Quand, partout dans le pays, les gens associent Chicago à la dangerosité, personne ne voudra venir ici."

«Je ne peux pas vivre»

Pour Jackie Jackson, 49 ans, et sa fille Janel Jackson, 27 ans, qui possèdent trois magasins de crème glacée Kilwins à Chicago, dont un a été pillé l'an dernier en marge de manifestations contre les violences policières, la violence pousse les magasins à fermer plus tôt, par manque de clients.

"Les gens veulent sortir et s'amuser à 19H00, mais la sécurité passe avant tout", assure Janel Jackson. "Devoir fermer si tôt parce qu'il n'y a personne dans le centre-ville nous affecte énormément."

"Tout le monde est inquiet", confirme Sam Toia, chef d'une association de restaurateurs de la ville. "On veut que les gens se sentent en sécurité quand ils visitent notre belle ville."

Même si Jackie Jackson croit au potentiel commercial de Chicago, la criminalité la contraint à élaborer un plan pour la quitter.

"Je ne porte plus de sac à main... Je ne vais pas dans les parkings. Je n'utilise pas les drive-in parce que j'ai trop peur. Je ne porte pas de bijoux. Je ne peux pas vivre", témoigne-t-elle.

"J'ai hâte de m'acheter une petite maison au bord d'un lac, de m'asseoir sur le porche, de siroter du thé glacé quelque part et de vivre heureuse pour toujours, parce que c'est effrayant."


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

 Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.