ISTANBUL: Plus d'un millier de femmes en provenance de toute la Turquie ont manifesté samedi à Istanbul contre une décision du président Recep Tayyip Erdogan d'abandonner un traité les protégeant contre les violences domestiques.
Le décret du 20 mars retirant la Turquie d'un traité du Conseil de l'Europe - la Convention d'Istanbul de 2011 - qui oblige les gouvernements à adopter une législation réprimant la violence domestique, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale féminine, avait provoqué une onde de choc dans le pays et dans le monde.
« La Convention d'Istanbul nous appartient », pouvait-on lire sur des banderoles portées par des centaines de femmes venues des quatre coins du pays, dont les provinces de Bursa (nord-ouest) et Mardin (sud-est), pour cette manifestation dans le district de Maltepe, situé sur la rive asiatique d'Istanbul.
« Nos luttes et nos organisations nourrissent notre espoir », a déclaré Melek Ondas, de l'association Conseil des femmes en assurant que les manifestantes venaient de 70 provinces de Turquie.
« Nous croyons à la force de nos organisations. Qu'on revienne ou pas sur cette décision nous allons poursuivre notre lutte par tous les moyens possibles », a-t-elle ajouté.
Une nouvelle manifestation est déjà prévue le 1er juillet, jour de l'entrée en vigueur du retrait du traité.
Décidé alors que les féminicides n'ont cessé d'augmenter depuis une décennie en Turquie, ce retrait a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes et des critiques de l'Union européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU.
La décision du chef de l'Etat turc a provoqué depuis des manifestations à travers la Turquie de femmes qui se sentent menacées par l'abandon du traité dans un pays où la mentalité patriarcale est encore prédominante.
Plus de 300 femmes ont été tuées l'année dernière en Turquie, selon la plateforme « Nous allons arrêter les féminicides ».
Environ 38% des femmes en Turquie ont affirmé avoir été au moins une fois victimes de violences conjugales, selon les données de l'Organisation mondiale de la Santé, alors que le taux se situe aux alentours de 25% pour l'Europe.