PARIS : Il avait attaqué au cri d"Allah Akbar" des militaires en 2017 au Carrousel du Louvre: un Egyptien de 33 ans comparaît à partir de lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris pour cette attaque qu’il soutient avoir menée seul, sans lien avec un groupe jihadiste.
Le 3 février 2017, Abdalla El Hamahmi, jeune cadre commercial d'une entreprise des Emirats arabes unis, se précipite, armé de deux machettes, vers quatre militaires du dispositif Sentinelle en patrouille dans la galerie marchande du musée, dans le centre de Paris.
Il blesse légèrement l'un d'eux au cuir chevelu avant d'être grièvement blessé par balle au ventre par un tir de riposte d'un des membres de la patrouille.
Actuellement détenu à Fleury-Mérogis (Essonne), il devra répondre lors de son procès, prévu sur quatre jours, des faits de "tentative d'assassinats terroriste sur personnes dépositaires de l'autorité publique" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
"Il est désireux de s'expliquer et de répondre aux questions de la cour malgré une détention difficile et un isolement strict", déclare l'un de ses avocats, Me François Gagey, en refusant de s'exprimer davantage avant l'audience.
Parties civiles dans le dossier, les quatre militaires pris pour cible abordent de "manière très sereine" le procès, fait savoir à l'AFP leur avocat, Me Emmanuel Bidanda.
"La réaction des militaires et leur professionnalisme ont certainement permis d'éviter un carnage. S'ils n'avaient pas été là, on peut tout imaginer, à partir du moment où on se trouvait dans un endroit très fréquenté par le public", a-t-il ajouté.
L'accusé, qui s'exprimera en arabe à la barre via un interprète, était entré comme touriste en France le 26 janvier 2017, en provenance de Dubaï, avant de séjourner dans un logement de location à la semaine près des Champs-Elysées.
Préparé de longue date
Les premiers éléments de l'enquête avaient rapidement permis de montrer que son voyage avait été préparé de longue date. L'appartement avait été réservé en ligne en juin 2016, bien avant la demande de visa touristique déposée fin octobre de la même année.
Les images de vidéosurveillance avaient en outre établi sa présence au Carrousel le matin du 29 janvier, cinq jours avant l'attaque, puis dans le musée où il avait suivi une visite guidée.
L'attaque, qui s'inscrivait dans la série d'attentats jihadistes secouant l'Hexagone depuis 2015, n'a pas été revendiquée.
Mais le dernier tweet publié par l'assaillant reprenait une citation extraite d'un discours prononcé par Abou Mohammad Al Adnani, l'ancien porte-parole du groupe Etat islamique (EI), tué en 2016 par une frappe de la coalition antijihadiste en Syrie.
Lors de ses interrogatoires, l'accusé, qui s'était présenté dans un premier temps comme un partisan de l'EI avant de revenir sur ses propos, a affirmé avoir agi seul, évoquant un "projet personnel" et assurant n'appartenir à aucune mouvance.
Il a notamment expliqué avoir voulu initialement mener une action symbolique contre la France, en dégradant des œuvres du musée du Louvre avec des bombes de peinture, retrouvées dans son sac à dos.
L'objectif était, a-t-il précisé, d'alerter la France et "le monde occidental" sur la situation en Syrie, "où des enfants meurent quotidiennement".
"Il y a tout un tas d'incohérences dans ce qu'il a dit et j'espère que l'audience va nous permettre d'éclairer ces points-là", note Me Géraldine Berger-Stenger, l'avocate de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), partie civile dans le dossier, rappelant le "traumatisme" subi par les victimes à chaque nouvelle attaque.