La désillusion de la jeunesse sud-africaine, 30 ans après la fin de l'apartheid

«Ils n'ont pas de travail et sont exclus» des universités parce qu'ils n'ont pas de quoi payer leur scolarité. (Photo, AFP)
«Ils n'ont pas de travail et sont exclus» des universités parce qu'ils n'ont pas de quoi payer leur scolarité. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 19 juin 2021

La désillusion de la jeunesse sud-africaine, 30 ans après la fin de l'apartheid

  • Les «petits-enfants» de Nelson Mandela sont aujourd'hui les premières victimes d'un chômage endémique, encore aggravé par la pandémie de Covid-19
  • Le chômage touche plus de 32% de la population de 59 millions d'habitants.

SOWETO : Trente ans après la fin de l'apartheid, la jeunesse sud-africaine n'a pas eu sa part du rêve promis alors: dans un pays où près de la moitié des habitants a moins de 26 ans, deux jeunes sur trois sont sans emploi.

Les dernières lois du régime de "séparation" ont été officiellement abolies en 1991: "Ces lois ne s'appliqueront plus à partir du 30 juin", déclarait cette année-là, devant le Parlement, le président Frederik De Klerk.

Trois décennies plus tard, Tumelo Dire, 21 ans, vend des muffins à 30 centimes d'euros pièce sur un trottoir de Soweto pour payer son loyer. 

"C'est pour qu'on en soit là qu'il a pris une balle?", interroge le jeune homme au pied du mémorial Hector Pieterson, tué lors des émeutes qui ont démarré dans les écoles du township, marquant un tournant dans la lutte contre l'apartheid.

Le 16 juin 1976, 20 000 écoliers se soulèvent et descendent dans les rues de Soweto contre l'imposition de l'afrikaans, "la langue de l'oppresseur", comme langue d'enseignement. Le mouvement pacifique finit dans un bain de sang lorsque la police ouvre le feu. Une des premières victimes est Hector Pieterson, 12 ans.

Dans ces mêmes rues qui ont mené la Nation arc-en-ciel vers la liberté, Tumelo Dire, "né et élevé ici", se demande "ce que penseraient ceux qui ont lutté et se sont sacrifiés ... Seraient-ils déçus?"

«Mandela, c'est juste un nom»

Dans un long discours mercredi, jour de commémoration des émeutes, le président Cyril Ramaphosa a égrené les initiatives du gouvernement pour remédier au chômage des jeunes. Mais la réalité reste que les "petits-enfants" de Nelson Mandela sont aujourd'hui les premières victimes d'un chômage endémique, encore aggravé par la pandémie de Covid-19 et qui atteint un niveau record, touchant plus de 32% de la population de 59 millions d'habitants.

A quelques rues de l'ancienne maison du premier président sud-africain noir, Thabo Mogogosi, chômeur de 20 ans, attend sans grand espoir sur le bord d'une route de Soweto qu'on lui propose un petit boulot pour la journée. "Mandela, c'est juste un nom", lâche-t-il, toute illusion perdue.

"Je ne tire aucun bénéfice de son combat pour la liberté, je n'ai rien obtenu de la libération dont tout le monde parle tout le temps", continue-t-il amèrement. Sorti du lycée il y a deux ans, il n'a jamais travaillé depuis. Et il n'avait pas non plus de quoi financer des études.

"Ils n'ont pas de travail et sont exclus" des universités parce qu'ils n'ont pas de quoi payer leur scolarité, assène Muzi Khoza, de la ligue de la jeunesse du parti d'opposition Economic Freedom Fighters (EFF). Ce parti radical attire de nombreux jeunes qui estiment que Mandela aurait dû obtenir plus du pouvoir blanc, lors des négociations qui ont mis fin au régime raciste. 

«Oubliés»

Pour cette génération née libre, qui n'a jamais connu l'apartheid, la démocratie s'est bien sûr imposée: ils peuvent voter, prendre les transports et utiliser les toilettes publiques, les zones réservées aux Noirs ont disparu depuis des décennies. Mais ils réclament maintenant "la liberté économique".

"Les jeunes ont vu comment, depuis 1994 (année de l'élection de Nelson Mandela à la présidence, ndlr), les politiques économiques ont non seulement maintenu les privilèges, mais également créé une nouvelle classe d'élites noires privilégiées", explique le politologue Sphiwe Dube, enseignant à l'Université de Witwatersrand, à Johannesburg.

Parmi les plus jeunes leaders de la révolte de Soweto, Seth Mazibuko, âgé aujourd'hui de 64 ans, estime que "le combat n'est pas terminé".

"Il y a des gens qui sont toujours dans la pauvreté et qui voient les responsables politiques s'engraisser tandis qu'eux ont faim", dit-il en mentionnant ceux qui, issus de la lutte et grâce au crédit accordé par l'Histoire, ont gravi les marches du parti au pouvoir, l'ANC, et sont aujourd'hui au centre de scandales pour avoir pendant des années pillé l'argent de l'Etat.

Pour Tumelo Dire, "ceux-là ont oublié d'où ils viennent et ils nous ont oubliés".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

Short Url
  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.

 


Le cercueil du pape est arrivé dans la basilique Saint-Pierre

Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet. (AFP)
Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet. (AFP)
Short Url
  • Au rythme des cloches de Saint-Pierre sonnant le glas, le cercueil ouvert, escorté de dizaines de cardinaux et de gardes suisses en uniformes chamarrés, a quitté la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe
  • Marchant au pas, la lente procession s'est étirée sur les ruelles pavées du Vatican en direction de l'imposante basilique, où le cercueil ouvert en bois clair, capitonné de rouge, est positionné devant le maître-autel

CITE DU VATICAN: Le cercueil du pape François est arrivé mercredi matin dans la basilique Saint-Pierre, où il sera exposé au public jusqu'à vendredi soir, accompagné par les applaudissements des fidèles présents sur la place.

Le cercueil a été positionné devant l'autel central de la basilique, escorté par des dizaines de cardinaux et de gardes suisses.

Au rythme des cloches de Saint-Pierre sonnant le glas, le cercueil ouvert, escorté de dizaines de cardinaux et de gardes suisses en uniformes chamarrés, a quitté la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où le pape a vécu depuis son élection en 2013 jusqu'à sa mort.

Marchant au pas, la lente procession s'est étirée sur les ruelles pavées du Vatican en direction de l'imposante basilique, où le cercueil ouvert en bois clair, capitonné de rouge, est positionné devant le maître-autel, surplombé de l'impressionnant baldaquin en bronze, chef d'oeuvre du Bernin.

Les chants du choeur de la Chapelle Sixtine résonnaient tout au long du cortège. Le cercueil était porté par des membres du cérémonial du Vatican en costume sombre et encadré par huit gardes suisses armés de hallebardes.

Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet.

La cérémonie devrait s'achever vers 10H15 (08H15 GMT).

Ensuite, pendant trois jours, le public pourra défiler devant sa dépouille, mercredi (de 11H00 à 24H00), jeudi (de 07H00 à 24H00) et vendredi (de 07H00 à 19H00).

Dès 08H00 (06H00 GMT) mercredi, des centaines de fidèles étaient massés sur la place pour être parmi les premiers à entrer dans le majestueux édifice, qui ne sera pourtant accessible qu'à partir de 11H00 (09H00 GMT).

Des dizaines de milliers de fidèles sont attendus pour ce dernier hommage. Après le décès de son prédécesseur Benoît XVI le 31 décembre 2022, 200.000 personnes s'étaient recueillies devant sa dépouille avant son enterrement en présence de 50.000 fidèles.

Pour faire face à cet afflux, les autorités ont déployé diverses mesures: barrières métalliques pour canaliser le flot des visiteurs, distribution de bouteilles d'eau, augmentation de la fréquence des bus desservant le Vatican, et renforcement des contrôles de sécurité aux accès de la place Saint-Pierre, par laquelle on accède à la basilique.


Inde: deux insurgés tués par l'armée dans le Cachemire

Deux insurgés présumés ont été tués lors d'une fusillade dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde, a déclaré mercredi l'armée indienne, au lendemain d'une attaque contre des civils qui a fait au moins 26 morts. (AFP)
Deux insurgés présumés ont été tués lors d'une fusillade dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde, a déclaré mercredi l'armée indienne, au lendemain d'une attaque contre des civils qui a fait au moins 26 morts. (AFP)
Short Url
  • Depuis leur partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, l'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays
  • L'armée a indiqué avoir "éliminé deux terroristes" et saisi de grandes quantités d'armes et de munitions

SRINAGAR: Deux insurgés présumés ont été tués lors d'une fusillade dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde, a déclaré mercredi l'armée indienne, au lendemain d'une attaque contre des civils qui a fait au moins 26 morts.

Une unité de l'armée indienne, le Chinar Corps, a fait état mercredi d'un "échange de tirs intense" avec des hommes armés, affirmant les soupçonner d'avoir "tenté une infiltration" dans le district de Baramulla, situé à une centaine de kilomètres au nord-est de Pahalgam où a eu lieu la fusillade.

L'armée a indiqué avoir "éliminé deux terroristes" et saisi de grandes quantités d'armes et de munitions.

Depuis leur partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, l'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays.

Dans la partie indienne, une rébellion séparatiste a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes depuis 1989. New Delhi y a déployé un contingent de quelque 500.000 soldats.

Les forces de l'ordre indiennes ont lancé une vaste traque après la fusillade mardi contre un groupe de touristes à Pahalgam, une destination prisée située à environ 90 kilomètres de l'importante ville de Srinagar.

Il s'agit de la plus meurtrière contre des civils en un quart de siècle.

Les combats ont diminué depuis que le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi a révoqué l'autonomie limitée de ce territoire en 2019.