MUNICH : Les six lauréats des "Prix de l'inventeur européen de l'année" ont été récompensés jeudi, essentiellement pour des travaux en matière médicale et électronique, selon le Palmarès annoncé par l'Office européen des brevets lors d'une cérémonie à Munich et en ligne.
Le jury a récompensé le physicien alllemand Karl Leo dans la catégorie "oeuvre d'une vie" pour son travail "précurseur" sur les diodes électroluminescentes organiques (OLED) à haut rendement, des semi-conducteurs organiques qui améliorent l'efficacité énergétique des appareils électroniques, la luminosité des images et la résolution des couleurs.
Dans la catégorie "Industrie", le chirurgien ORL norvégien Per Gisle Djupesland, également docteur en aérodynamique nasale, a été récompensé pour avoir inventé un dispositif médical destiné à améliorer l'administration des médicaments par voie nasale, plus efficace que les sprays de pulvérisation classiques.
Cette invention utilisée pour des traitements contre les migraines ou les polypes, a permis de faire prospérer une entreprise, Optinose AD, aujourd'hui côtée en Bourse.
Per Gisle Djupesland détient au total 26 brevets européens, a souligné l'OEB dans un communiqué.
Dans la catégorie des "pays non membres de l'OEB", le jury a distingué la chercheuse indo-américaine Sumitra Mitra pour sa découverte de nouveaux matériaux composites dentaires.
Deux professeurs de génie chimique, l'Autrichien Robert N. Grass et le Suisse Wendelin Sark ont été primés dans la catégorie "Recherche" pour leurs travaux sur le stockage de données sur ADN, qui encapsule des brins d'ADN dans des billes de silice (verre).
L'humanité produit des données à un rythme effréné, stockées sur des dispositifs à durée de vie limitée ou qui se dégradent dans le temps. L'invention de Robert Grass et Wendelin Stark, actuellement utilisée pour tracer l'origine de produits tout au long des chaînes d'approvisionnement "ouvre la voie à un stockage de données" pendant des millénaires "en imitant les capacités de stockage de l'ADN des fossiles" souligne l'OEB.
Dans la catégorie "PME", les Suédois Henrik Lindström et Giovanni Fili ont été honorés pour des cellules solaires à pigment photosensible et polyvalent permettant aux appareils électroniques portables (téléphones etc..) de s'auto-recharger, même en intérieur.
Le dernier prix, le prix du public, est revenu à Gorkana Vunjak-Novakovic, ingénieure biomédicale serbo-américaine, professeure à l'université américaine de Columbia, pour une technique d'ingéniérie tissulaire permettant de produire des tissus humains (ex-vivo, en dehors du corps) à partir des propres cellules du patient. Une méthode jugée "prometteuse" pour remplacer les tissus pulmonaires et cardiaques endommagés, selon l'OEB.
Ces prix, parmi les plus prestigieux en Europe pour l'innovation, sont décernés chaque année par l'OEB à des inventeurs exceptionnels qui ont apporté "une contribution majeure à la société, au progrès technologique et à l'économie".
L'OEB espère qu'ils relanceront l'intérêt pour la recherche en Europe, où le nombre de demandes de brevets a reculé l'an passé, de 0,7%, à 180 250 dossiers déposés contre 181 406 en 2019.
Le Président de l'OEB, António Campinos a d'ailleurs salué "l'imagination, les connaissances et l'ingéniosité" des primés ainsi que leur "capacité à mener une idée novatrice jusqu'à sa commercialisation".