ALEXANDRIE : Des représentants du gouvernement yéménite, des militants des droits de l’homme et des journalistes ont dénoncé la décision d'un tribunal dirigé par les Houthis de condamner à mort deux militants locaux, et ont accusé les milices d'avoir recours à la justice pour punir les dissidents.
Mardi, un tribunal dirigé par les Houthis a condamné Zafaran Zayed, une militante des droits de l’homme et avocate yéménite, et son mari et collègue Fouad Al-Mansouri au peloton d'exécution. Les deux ont été jugés par contumace.
Zayed, directrice de la Fondation pour l'autonomisation des femmes yéménites (Tamkeen), a dénoncé un grand nombre de violations des droits humains commises par les Houthis.
Al-Mansouri est le directeur de l’Association de développement des médias, et un critique virulent de la milice pro-iranienne. Son frère, le journaliste Tawfiq Al-Mansouri, a été enlevé par les Houthis en 2015 et condamné à mort en 2020.
Le couple a été reconnu coupable d'avoir fait passer la frontière à Bouthaina Mohammed Al-Raimia, l’enfant yéménite blessée par un missile errant tiré par la coalition arabe en 2017, vers l’Arabie Saoudite.
L'enfant a été envoyée à Riyad par le Centre d'aide et de secours humanitaires du roi Salmane, où elle a reçu des soins médicaux vitaux. Une fois rétablie, Bouthaina a rejoint sa famille dans le nord du Yémen.
Ahmed Arman, ministre yéménite des Affaires juridiques et des Droits de l'homme, a déclaré jeudi à Arab News que les Houthis utilisent les instances judiciaires dans les zones sous leur contrôle afin de «régler des comptes» avec leurs opposants et confisquer leurs biens.
«Le ministère renouvelle sa ferme condamnation et dénonciation de toutes les pratiques immorales et inhumaines utilisées par les Houthis contre les citoyens dans les zones sous leur contrôle, et appelle la communauté internationale et régionale à apporter son soutien au gouvernement yéménite de manière à l'aider à rétablir son autorité sur tous les territoires», souligne Arman.
Arman ajoute que les tribunaux sous le contrôle houthi ont prononcé des condamnations à mort similaires contre des centaines d'activistes, de responsables militaires et sécuritaires, de politiciens et de journalistes qui ont contesté leur régime et soutenu le gouvernement yéménite et la coalition arabe.
«Les Houthis continuent d'utiliser la soi-disant autorité judiciaire dans les zones sous leur contrôle pour se venger des Yéménites», a affirmé Arman.
Des activistes et des groupes locaux de défense des droits ont fait écho aux inquiétudes d'Arman concernant l'intensification de la répression des Houthis contre les dissidents, au moment où les médiateurs régionaux et internationaux font pression sur les rebelles pour qu'ils acceptent une initiative de paix négociée par l'ONU dans le but de mettre fin à cette guerre.
«Les Houthis sont devenus violents et tyranniques envers les femmes yéménites, employant toutes les méthodes d'intimidation contre elles. Ce qui se passe maintenant est une violation flagrante des droits de l’homme», soutient Noura Al-Jarwi, une militante yéménite.
L'organisation SAM pour les droits et les libertés, basée à Genève, somme les Houthis de mettre fin à leurs «grotesques» peines de mort.
«SAM souligne que de telles décisions violent gravement un ensemble de droits fondamentaux, garantis à la fois par le droit yéménite et le droit international », a tweeté l'organisation.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com