En France, répétition générale avec les élections régionales, à un an de la présidentielle

Des supporters participent à un meeting de campagne de la candidate aux élections régionales PS à la présidence de la région Ile-de-France Audrey Pulvar le 16 juin 2021 à Paris. (Photo, AFP)
Des supporters participent à un meeting de campagne de la candidate aux élections régionales PS à la présidence de la région Ile-de-France Audrey Pulvar le 16 juin 2021 à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 17 juin 2021

En France, répétition générale avec les élections régionales, à un an de la présidentielle

  • Difficile de dire que les Français se sont passionnés pour ce scrutin, reporté de trois mois en raison de la situation sanitaire
  • La crise de la Covid a largement éclipsé une campagne discrète pour cette élection à la proportionnelle sur deux tours, souvent boudée par les électeur

PARIS: Les Français votent dimanche pour le premier tour des élections régionales, un scrutin aux aspects de répétition générale à moins d'un an de la présidentielle et qui pourrait voir l'extrême droite s'emparer de plusieurs territoires.

Difficile de dire que les Français se sont passionnés pour ce scrutin, reporté de trois mois en raison de la situation sanitaire. 

La crise de la Covid a largement éclipsé une campagne discrète pour cette élection à la proportionnelle sur deux tours, souvent boudée par les électeurs. En 2010 et 2015, plus d'un Français sur deux s'étaient abstenus au premier tour. 

Les enjeux de cette élection, dont le deuxième tour aura lieu le 27 juin, n'en demeurent pas moins importants puisque les 13 régions de France ont des pouvoirs en matière de transports publics mais aussi sur l'enseignement secondaire et l'aménagement du territoire notamment. 

Pour la première fois, plusieurs d'entre elles pourraient être dirigées par le Rassemblement national, le parti d'extrême droite de Marine le Pen. 

Selon de nombreux sondages, le RN caracole en tête au premier tour dans six régions et est même en ballottage favorable pour rafler des territoires comme la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui comprend les villes de Nice ou Marseille, dans le sud-est. 

Pour 51% des Français, une victoire de ce parti aux régionales ne serait pas « un danger pour la démocratie ». 

« Dynamique »

Un signal d'alarme pour Emmanuel Macron, à l'heure où Marine le Pen talonne le chef de l'Etat au second tour de la présidentielle en 2022 dans les enquêtes d'opinion.

« Pour Marine le Pen, gagner une région déclencherait une dynamique dans le cadre de la pré-campagne présidentielle », souligne Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion chez Ipsos.

« Le RN était en tête dans six régions aux dernières régionales et n'en a gagné aucune. On est sûrs qu'ils vont faire le plein de voix au premier tour, mais le deuxième tour se joue toujours autour d'alliances. Une très forte abstention pourrait servir le RN, mais une victoire reste difficile », tempère Christele Lagier, maître de conférences en science politique à l'université d'Avignon (sud-est). 

Du côté de la majorité il sera de toute façon difficile de lire les résultats de ces régionales: la République en Marche (LREM), le parti d'Emmanuel Macron, n'existait pas lors du précédent scrutin en 2015 et ne présente donc pas de candidats sortants. 

« Macron a réussi à ne pas lier son destin à l'image de son parti, c'est un parti jeune non identifié avec des dirigeants qu'on connaît peu, qu'on voit peu », estime M. Zumsteeg. 

Selon les sondages, aucune région ne tomberait dans l'escarcelle de LREM, mais par le jeu des désistements et des alliances, le parti présidentiel devrait soutenir de potentiels vainqueurs au second tour.

Faiblesse de la gauche

Du côté de la droite, qui détient une majorité de régions, la campagne a mis en lumière les profondes fractures au sein du parti des Républicains. 

Certains candidats ont choisi l'alliance avec le parti présidentiel centriste, comme Renaud Muselier en Provence Alpes Côte d'Azur (sud-est) tandis que des cadres du mouvement comme Guillaume Peltier affichent plus ou moins ouvertement une certaine proximité idéologique avec le RN.

Un grand écart politique qui complique la tâche de la droite qui espère conserver ses régions et se relancer en vue de la présidentielle.  

De l'autre côté de l'échiquier politique, la gauche s'avance avec peu d'ambitions. 

Divisée entre écologistes, socialistes et Insoumis (parti de gauche radicale), elle ne fait alliance que dans quelques régions et ne semble pas en position de remporter beaucoup de territoires. 

« La gauche n'est pas du tout en position de force. Elle paie une non-recomposition depuis 2017, il n'y a pas de leadership à gauche: aucune formation n'apparaît capable de rassembler derrière elle », pointe Christèle Lagier.

« Il faut quand même prendre d'énormes pincettes pour tirer des conclusions nationales et présidentielles des régionales », met toutefois en garde Antoine Bristielle, directeur de l'Observatoire de l'opinion à la Fondation Jean Jaurès. 

En 2015, la droite et la gauche s'étaient partagées les régions, mais n'avaient pas réussi à se qualifier pour le second tour de la présidentielle, 15 mois plus tard.

 


Marine Le Pen trouve «  très utile » de débattre avec Macron, mais après les européennes

Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
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  • L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel
  • Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée

PARIS: Marine Le Pen trouve "très utile" de débattre avec Emmanuel Macron, mais "en septembre" après les élections européennes, a-t-elle indiqué dimanche soir dans une déclaration transmise par son entourage à l'AFP.

"Il serait très utile que je puisse débattre avec le président en septembre sur ce qu'il compte faire des trois longues années qui lui restent" à la tête de l'Etat, a-t-elle déclaré.

Un peu plus tôt, la cheffe de file des députés du Rassemblement national avait pu laisser penser dans des médias qu'elle était prête à se plier à cet exercice avant le 9 juin.

Elle a "toujours dit qu'elle était partante pour un débat", avait relevé son entourage à l'AFP, la députée du Pas-de-Calais répondant aussi par l'affirmative dans Le Parisien: "J'ai déjà répondu à cette question et j'ai dit oui".

L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel, en net retard face au RN dans les sondages.

Elle a notamment été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche. "J'y pense", a répondu le chef de l'Etat, d'après le journal.

Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée, ajoutant que le président ne s'était pas prononcé clairement.

"J'ai confiance dans ma tête de liste" Jordan Bardella, a rétorqué dimanche soir Marine Le Pen. "Je trouve très humiliant pour Gabriel Attal de laisser fuiter cette proposition (d'un débat entre le président et moi, NDLR) avant celui qui doit se tenir entre le Premier ministre et Jordan Bardella", le 23 mai. "Cela prouve le peu de confiance qu'Emmanuel Macron a dans son Premier ministre", a-t-elle ajouté.

Un des intérêts pour les macronistes d'un tel exercice aurait été de tenter de mettre la pression sur Marine Le Pen, qui n'avait pas réussi à convaincre lors des débats de 2017 et de 2022 face au candidat Macron.

"Je trouve contradictoire de proposer un débat de présidentielle alors que (le camp macroniste) nous reproche en permanence de nationaliser le débat", a encore déclaré Marine Le Pen.

De son côté, Gabriel Attal a déclaré dimanche soir dans un entretien au Progrès avoir souhaité débattre avec la leader d'extrême droite.

"La logique institutionnelle aurait voulu que je débatte avec Marine Le Pen. En tant que Premier ministre, je suis responsable devant le Parlement national et la présidente du premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, c’est elle", a-t-il expliqué.

Mais, "elle a peur des débats" et "a choisi la fuite", a-t-il ajouté, relevant qu'il avait alors accepté l'exercice avec Jordan Bardella.


Choose France: huit projets d'investissements qui seront officialisés lundi

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques
  • L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui

PARIS: Le gouvernement a levé le voile dimanche sur plusieurs annonces attendues autour d'Emmanuel Macron lors du 7e sommet Choose France, lundi au château de Versailles, destiné à promouvoir les investissements étrangers, sans confirmer les informations ayant déjà filtré sur d'autres projets.

Plusieurs entreprises devraient annoncer vouloir investir dans l'intelligence artificielle et l'informatique en France, mais le ministère de l'Economie a pour l'instant mis en avant cinq projets dans diverses industries (engrais, nickel, aviation, robots ménagers, chimie) et trois autres de banques qui vont embaucher à Paris.

Engrais 

Le plus gros projet à ce stade, en euros, concerne une potentielle usine d'engrais qui réduirait fortement les rejets de dioxyde de carbone, le premier gaz à réchauffer l'atmosphère. Le consortium européen FertigHy va annoncer envisager d'investir 1,3 milliard d'euros d'investissement pour une usine dans la Somme, à Languevoisin, selon Roland Lescure dans la Tribune Dimanche.

L'usine produirait des engrais azotés sans utiliser de gaz naturel, qui est l'ingrédient historique. De l'hydrogène extrait de l'eau dans un électrolyseur permettra de remplacer un gaz que les Européens importaient autrefois largement de Russie.

Le projet, dont la décision finale d'investissement est attendue fin 2026, est une "feuille de route pour la souveraineté européenne", a dit à l'AFP Jose Antonio de las Heras Alonso, directeur général de FertigHy.

Nickel et terres rares 

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé de son côté la création d'une usine de raffinage de nickel sur les communes de Blanquefort/Parempuyre (Nouvelle Aquitaine) par l'entreprise KL1 basée en Suisse.

Le site de Blanquefort, "avait été très marqué par la fermeture de Ford", a rappelé le ministre lors d'une communication téléphonique avec la presse. Montant de l'investissement: 300 millions d'euros, pour 200 emplois, selon lui. Le début de l'activité est prévu en 2027.

"Avec cet investissement la France sera en mesure d'avoir l'intégralité de la chaîne de valeur du véhicule électrique: mine, raffinage, cathodes, batterie, véhicule électrique", a-t-il assuré.

A fortiori car le groupe chimique belge Solvay va reconvertir son usine de La Rochelle pour "lancer prochainement la première phase d’une unité de production à grande échelle de terres rares", a annoncé Roland Lescure.

Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques. L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui.

Aviation et Thermomix 

Bruno Le Maire a également annoncé une future usine aéronautique avec la société allemande Lilium "dans un site qui reste à déterminer mais qui sera en Nouvelle Aquitaine, pour produire un avion régional électrique et le reconditionnement des batteries de cet avion régional électrique".

"L'investissement se monte à 400 millions d'euros, représente 850 emplois et l'entrée en service de l'usine est prévue en 2026", a-t-il poursuivi. Lilium développe en Allemagne des appareils à décollage et atterrissage verticaux.

Plus modeste, le fabricant allemand du luxueux robot ménager Thermomix, Vorwerk, va selon Roland Lescure créer 50 emplois dans la région de Châteaudun, où elle a déjà une usine (72 millions seront investis).

"Demain, ce seront 1,8 million de Thermomix produits par an en France, dont 85 % destinés à l’export", dit Roland Lescure.

Le spécialiste allemand des équipements électriques Hager, déjà implanté à Obernai et Bischwiller (Bas-Rhin), va investir "plusieurs dizaines de millions d'euros" en France, a par ailleurs indiqué vendredi une source proche du dossier à l'AFP, confirmant une information du Monde.

Banques 

Enfin, Bruno Le Maire a annoncé que la banque américaine Morgan Stanley, passée en trois ans de 150 à 400 salariés en France, accueillerait son nouveau campus européen à Paris (100 emplois supplémentaires).

La First Abu Dhabi Bank, principale banque émiratie, et la Zenith Bank, banque nigériane devenue l’une des principales banques panafricaines, vont s'installer à Paris, selon la même source.

"Ce qui est intéressant c'est de voir la confirmation des investissements anglo-saxons mais aussi le déploiement des investisseurs financiers en dehors de pays anglo-saxons", a estimé Bruno Le Maire qui déjeunera lundi avec les représentants de grandes banques internationales.

Le cabinet du ministre a refusé de confirmer les informations ayant circulé dans la presse concernant d'autres investissements, notamment du géant Amazon.


La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération à Rafah

Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
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  • Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitair
  • «Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations », a indiqué le Quai d'Orsay

PARIS : La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération militaire à Rafah qui menace de créer une «situation catastrophique» pour la population de la bande de Gaza, a indiqué son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur X dans la nuit de vendredi à samedi.

«Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations, seule voie possible pour conduire à la libération immédiate des otages et obtenir un cessez-le-feu durable», a indiqué le Quai d'Orsay à propos de la situation à Rafah.

«Une telle opération menace de provoquer une situation catastrophique pour les populations civiles de Gaza, déjà déplacées à de multiples reprises», poursuit le communiqué de la diplomatie française.

Afin de «vaincre» le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu juge nécessaire une opération à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où se retranchent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s'entassent également 1,4 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les violences.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire.

L'armée a indiqué vendredi poursuivre son «opération antiterroriste de précision» dans certains secteurs de l'est de Rafah, et avoir «éliminé des cellules terroristes».

Les Etats-Unis «observent avec préoccupation» l'opération militaire à Rafah, mais ne jugent pas qu'elle soit «majeure», a dit vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

«La France appelle Israël à rouvrir immédiatement le point de passage de Rafah vers l’Egypte, qui est indispensable tant pour l'accès de l’aide humanitaire à la population civile que pour permettre aux personnes les plus vulnérables de quitter la bande de Gaza», a indiqué dans la nuit la diplomatie française.