PARIS : Embouteillage de poids lourds sur la route des régionales: chefs de partis et têtes de l'exécutif se déploient dans toute la France pour un "super jeudi" de campagne électorale à trois jours du premier tour.
Deux régions à surveiller en particulier dimanche seront sous les feux des projecteurs: Paca, où la cheffe du RN Marine Le Pen vient soutenir la tête de liste Thierry Mariani, favori des sondages face au président sortant LR Renaud Muselier, et qui vise une première historique pour le parti d'extrême droite.
Et les Hauts-de-France, où le patron de LR Christian Jacob s'affiche aux côtés de Xavier Bertrand, candidat à l'Elysée, et où Emmanuel Macron fait opportunément étape sur la route de son tour de France, même si son entourage s'escrime à répéter qu'il n'est pas en campagne.
Coiffant sa casquette de chef de la majorité, le Premier ministre Jean Castex se rend dans pas moins de trois régions pour tenter de mobiliser en vue d'un scrutin qui s'annonce compliqué pour le camp présidentiel.
À gauche, le patron du PS Olivier Faure met le cap sur Metz pour apporter son soutien à la liste (EELV-PS-PC) menée par l'écologiste Eliane Romani dans le Grand Est.
Le numéro un d'EELV et candidat en Ile-de-France, Julien Bayou, sera à Conflans, dans les Yvelines, appuyé par Yannick Jadot, candidat potentiel des écolos pour 2022. Le leader LFI Jean-Luc Mélenchon, l'œil déjà braqué sur la présidentielle, se rend aux Fonderies du Poitou dans la Vienne avant un meeting de soutien à la candidate Clémence Guetté. Et le secrétaire national du PCF Fabien Roussel sera à Rennes.
Ce déploiement de force des grands fauves intervient dans la dernière ligne droite d'un scrutin qui servira de test grandeur nature à dix mois de la présidentielle. Droite et gauche traditionnelles tenteront de défendre leurs bastions face au RN, en quête d'une première victoire au soir du deuxième tour, dimanche 27 juin.
En tête des sondages dans plusieurs régions au premier tour, le Rassemblement national cultive ses plus grands espoirs en Provence-Alpes-Côte d'Azur où la campagne aura été particulièrement animée. Avec un passage à Toulon, autrefois aux mains du Front national, et un autre à Fréjus, ville actuellement tenue par le RN, Marine Le Pen y apporte son soutien à Thierry Mariani.
«Pas une campagne déguisée»
L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui n'a pas sa carte au RN, fait partie des candidats "d'ouverture" mis en avant par le parti d'extrême droite pour séduire la droite, déchirée entre opposants et partisans d'un rapprochement avec LREM.
Plus au nord, Emmanuel Macron se rend, lui, dans un village de la Somme puis dans l'Aisne pour échanger avec des élèves sur l'éducation et la lecture. Dans l'entourage du chef de l'État, on assure que "ce déplacement porte sur des enjeux consensuels comme la culture" et que ce n'est donc "pas une campagne déguisée".
Reste que l'incursion d'Emmanuel Macron dans les Hauts-de-France, sur les terres de son adversaire potentiel pour 2022, risque d'attiser encore les critiques des oppositions qui l'accusent de faire campagne sans le dire.
D'autant que l'enjeu est directement lié à la présidentielle, puisque Xavier Bertrand, favori mais menacé par le RN, a dit qu'il quitterait la politique s'il n'était pas réélu à la tête de la région.
Que les deux hommes se croisent à l'occasion d'un "accueil républicain" n'aurait pas manqué de sel. Mais l'entourage de Xavier Bertrand dit qu'aucune rencontre n'est prévue puisque le patron de la région sera lui-même sur le terrain dans l'Oise aux côtés de Christian Jacob. Le président de LR, après avoir sillonné la France en appui de plusieurs candidats, a réservé son dernier déplacement à cette région stratégique.
Sorti de son isolement Covid, Jean Castex se rend successivement à Epernay (Marne) en soutien de la ministre de l'Insertion Brigitte Klinkert (Grand Est) et au Creusot (Saône-et-Loire) auprès de Denis Thuriot (Bourgogne-Franche-Comté). Avant d'achever son marathon au stade Gerland de Lyon aux côtés de Bruno Bonnell, tête de liste en Auvergne-Rhône-Alpes.
Le Premier ministre doit y faire le discours de clôture, se prêtant ainsi pour la première fois à l'exercice du meeting électoral depuis sa prise de fonctions.