PARIS : Malgré une bonne implantation locale, les élections régionales pourraient s'avérer plus compliquées que prévu pour la droite, prise en étau entre la macronie et le RN, après plusieurs polémiques qui ont brouillé son message.
Officiellement, "l'objectif est de garder les régions", explique le président de LR Christian Jacob. La droite et le centre en détiennent aujourd'hui sept, dont l'Ile-de-France, les Hauts de France et Paca.
L'affaire semblait relativement simple il y a quelques mois encore. Confortée par les municipales de 2020, qui lui ont apporté une ville sur deux, la droite abordait ces régionales comme une nouvelle occasion de démontrer son implantation sur les territoires, à l'inverse d'un parti présidentiel jugé loin du terrain.
Valérie Pécresse en Ile-de-France, Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France et Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes ont toujours été favoris des sondages.
Mais les turbulences se sont multipliées ces derniers mois pour la droite, notamment autour de la question des alliances, alimentant les doutes sur son positionnement, voire son utilité pour certains.
En Paca, l'hypothèse d'un soutien de LREM au candidat LR Renaud Muselier a créé un psychodrame, qui a entraîné le départ de deux figures du parti.
Ce qui a eu des répercussions au-delà du seul Sud : "Après l'affaire Muselier, ce que disent les candidats en campagne, c'est +on a perdu deux trois points+" soupire un cadre de LR.
"Un combat difficile"
Dans le même temps, des interrogations sont apparues sur une droitisation de LR, alimentées par des déclarations fracassantes du numéro 2 Guillaume Peltier, en faveur notamment du rétablissement des "cours de sûreté", condamnées unanimement chez LR.
Profitant de ces dissensions, le RN - qui ne dirige aucune région - a progressé un peu partout. En tête au premier tour en Bourgogne-France-Comté, il est donné gagnant selon les configurations en Paca.
Dans les Hauts-de-France, l'avance est réduite pour Xavier Bertrand devant le RN Sébastien Chenu, tout comme en Normandie où l'allié centriste Hervé Morin, quoique favori, est talonné par le RN Nicolas Bay.
Dans le Grand Est, un sondage mercredi a placé Jean Jacobelli (RN) vainqueur devant Jean Rottner (LR) en cas de quadrangulaire. Et dans les Pays de la Loire, la sortante LR Christelle Morançais est menacée au second tour par les écologistes.
"Nous allons tout faire" pour que le RN ne l'emporte nulle part, a assuré fin mai le président du Sénat Gérard Larcher, tout en reconnaissant "un combat difficile".
Face à ces turbulences, Christian Jacob a entrepris la semaine dernière un tour de France pour soutenir les candidats, flanqué sur certaines étapes de François Baroin : auprès de Jean Rottner le 10 juin, de Gilles Platret (Bourgogne-Franche-Comté) le 11...
Au-delà du score du premier tour, Les Républicains risquent d'avoir à prendre des décisions douloureuses sur les alliances au second. Que faire, face à la menace RN, pour respecter la ligne d'un barrage à l'extrême droite, sans prêter le flanc aux critiques raillant une dissolution de LR dans LREM?
"Notre ligne a toujours été claire : pas d'alliance", martèle Christian Jacob. Mais LR réunira un Conseil stratégique dès le lundi 21 pour examiner les résultats.
Pour la droite, l'enjeu des ces régionales va au-delà du seul scrutin, car trois présidents de région sortants (Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez) affichent plus ou moins ouvertement leurs ambitions présidentielles.
Tous trois sont bien placés dans les sondages pré-régionales. D'autres, tels que Michel Barnier ou Bruno Retailleau, comptent aussi jouer un rôle. Et dans l'optique de 2022, Xavier Bertrand est certes le mieux placé, mais il peine à décoller.
Pour trouver un candidat, Les Républicains ont choisi d'innover en sondant un panel de 15.000 sympathisants. "Soit on a un candidat qui écrase le match, soit on sera sur un processus de sélection qu'on va préparer en amont", a affirmé mercredi Christian Jacob.