PARIS: Ecotaxe, artificialisation des sols, investissements dans les entreprises: pour le patronat, les élections régionales importent d'autant plus que les pouvoirs économiques des régions ont été renforcés avec la loi NOTRe de 2015.
Plusieurs branches régionales du Medef se sont adressées durant la campagne aux candidats pour souligner leurs priorités, en partie différentes selon les territoires, l'aéronautique faisant l'objet d'une attention particulière en Occitanie et le tourisme en Paca, par exemple.
De son côté la Confédération des PME a publié un livre blanc qui demande notamment que les régions puissent "moduler à la baisse leur part de CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) afin d'inciter les entreprises à rester dans leur territoire".
Le fascicule propose aussi la création de plans régionaux de lutte contre les contrefaçons ou d'un programme d'accompagnement de 50 PME primo-exportatrices dans chaque région.
Le président délégué du Medef Patrick Martin relève le dynamisme de plusieurs régions en matière d'investissements, qu'elles soient de gauche ou de droite.
"La région Nouvelle Aquitaine sous l'impulsion d'Alain Rousset (PS), qui a une fibre économique et entrepreneuriale très forte, a déjà mis pas mal d'argent sur la table à travers son fonds d'investissement", a déclaré à l'AFP le numéro deux de l'organisation patronale, ajoutant qu'en "Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) a fait la même chose".
Il ne faut pas que les régions "soient indifférentes à la vie des entreprises, et généralement elles l'ont bien compris", estime François Asselin, le président de la CPME.
Mais aujourd'hui les régions, tout comme les entrepreneurs, manqueraient selon lui de visibilité sur l'utilisation du plan de relance de 100 milliards d'euros.
RN «moins dangereux»
Outre la volonté partagée avec la CPME de voir les régions accorder aux entreprises une fiscalité légère, le Medef reste opposé à l'écotaxe, alors que le projet de loi Climat devrait permettre aux régions d'imposer les poids lourds.
"On a une forte réticence - pas seulement de la part des Bretons - parce qu'on a un secteur de transport routier en difficulté", explique Patrick Martin en référence au mouvement des Bonnets rouges qui avait eu raison de l'écotaxe au niveau national en 2017.
Il reconnaît cependant sur ce sujet "des sensibilités différentes d'une région à l'autre: nos adhérents alsaciens par exemple considèrent que sur le plan environnemental ça pourrait avoir un sens".
La question de la limitation de l'artificialisation des sols, prévue elle aussi par le projet de loi Climat, suscite aussi de fortes réserves.
Elle obligera les régions à modifier leurs schémas d'aménagement, ce qui "pourrait avoir des effets assez préoccupants pour des implantations, des extensions de sites de production, mais également pour les constructions de logements, singulièrement dans les régions dont la démographie est dynamique" comme Paca, redoute le président délégué du Medef.
Le patronat reste par ailleurs insatisfait des politiques des régions en matière de formation professionnelle.
La loi Pénicaud de 2018 leur a enlevé des compétences en la matière, mais "elles restent malgré tout actrices sur le sujet absolument central de l'orientation", relève Patrick Martin qui estime qu'"il y a beaucoup plus et mieux à faire pour régler cette anomalie qui veut que beaucoup de secteurs d'activité ne trouvent pas les effectifs dont ils ont besoin".
Les régions peuvent agir "sur l'orientation des jeunes, garçons et filles, et des moins jeunes vers nos métiers qui sont pour certains toujours en tension et manquent parfois cruellement de compétences", plaide aussi Dominique Métayer, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente artisans et professions libérales.
Les organisations patronales se gardent de favoriser telle ou telle liste.
Tous les partis ou candidats "qui ont une orientation favorable à l'entreprise, qui font bouillir la marmite, sont les bienvenus", assure M. Asselin.
M. Métayer souhaite lui une forte participation aux scrutins.
Et s'il y avait majoritairement parmi les adhérents du Medef "une très forte réticence à l'égard du Rassemblement national", relève Patrick Martin, la situation a changé: "si on prend pour argent comptant son repositionnement économique sur l'Europe et sur l'euro, (le RN) est devenu moins dangereux pour nous".