JÉRUSALEM : Des nationalistes israéliens d'extrême droite ont défilé mardi avec leurs drapeaux à Jérusalem-Est, une marche qui risque de raviver les tensions avec les Palestiniens, et constitue un premier défi pour le nouvel exécutif.
Le mois dernier, les violences israélo-palestiniennes dans la ville contestée de Jérusalem ont allumé la mèche d’une bataille transfrontalière de onze jours entre Israël et le Hamas, le parti militant qui tient les rênes du pouvoir Gaza.
La brigade antiémeute israélienne, à cheval, a bouclé les secteurs qui mènent vers la porte de Damas, poudrière traditionnelle, et ont dégagé la zone des Palestiniens préalablement à la manifestation extrémiste.
La police avait pour mission d’empêcher les manifestants de franchir la porte, principale entrée vers le quartier musulman de la vieille ville. En plus des sanctuaires sacrés pour les juifs, les musulmans et les chrétiens, le secteur abrite le site le plus sensible du conflit israélo-palestinien vieux de plus de 70 ans.
S’il admet la signification de la ville pour «toutes les religions», le manifestant Doron Avrahami, 50 ans, insiste que «Jérusalem se situe en Israël. Et en Israël, nous devrions normalement être capables d’aller où nous voulons, avec nos drapeaux». Une position qui reflète les frustrations de la droite face aux restrictions policières.
Face à la «provocation», les Palestiniens ont appelé à un «Jour de la colère» à Gaza et en Cisjordanie occupée par Israël, animés par la colère encore vive des confrontations avec la police israélienne pendant le Ramadan, un mois sacré les musulmans .
Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a mis en garde contre «les dangereuses répercussions» de la décision prise «l’occupation», et qui permet aux «colons israéliens extrémistes» de défiler avec leurs drapeaux dans la ville.
Des milliers de Palestiniens se sont rassemblés dans des secteurs non loin de la porte de Damas. Au moins cinq personnes ont été blessées lors des affrontements subséquents avec la police israélienne qui, selon le Croissant-Rouge palestinien, lançait des grenades assourdissantes.
Quelques heures avant le début de la marche, des ballons incendiaires lancés à partir de Gaza ont provoqué un nombre d’incendies dans des champs israéliens, près de la frontière avec l'enclave palestinienne, selon des témoins et les pompiers israéliens.
Le manège des ballons avait pris fin quand un cessez-le-feu a mis un terme aux combats le mois dernier.
Le Hamas a mis en garde contre une reprise des hostilités en raison de la marche, une première épreuve pour le nouveau gouvernement de Naftali Bennett qui croyait approuver un itinéraire alternatif, soigneusement tracé pour éviter les affrontements avec les Palestiniens.
Chef d’un parti d'extrême droite, Bennet risque de susciter l’ire des membres de sa base profondément religieuse en détournant la marche. Il pourrait de surcroît être accusé d’accorder au Hamas le droit de veto sur les activités à Jérusalem.
L'événement était initialement prévu pour le 10 mai dans le cadre des festivités de la «Journée de Jérusalem», qui célèbrent l’annexation israélienne de Jérusalem-Est à l’issue de la guerre de 1967.
À la dernière minute, cette marche a été éloignée de la porte de Damas et du quartier musulman, mais le geste n'a pas suffi à dissuader le Hamas de tirer des roquettes en direction de Jérusalem.
Assis sur un banc à l'extérieur du ruban de police, Khalil Mitwani, un Palestinien de 50 ans, a dénoncé les manifestants qui «créent un gros problème à Jérusalem. Tout le monde ici veut la paix, pourquoi créer des problèmes?»
Les diplomates ont exhorté les deux camps à la retenue.
«Les tensions sont à nouveau en hausse à Jérusalem à un moment politique et sécuritaire très fragile et sensible, au moment où l'ONU et l'Égypte sont activement engagées dans la consolidation du cessez-le-feu», affirme l'envoyé de l'ONU au Moyen-Orient, Tor Wennesland sur Twitter.
Wennesland a de plus appelé toutes les parties à «agir de manière responsable afin d’éviter toute provocation qui pourrait conduire à une nouvelle série de confrontations».
Israël, qui a occupé puis annexé Jérusalem-Est sans pour autant obtenir une reconnaissance de la communauté internationale, considère la ville entière comme sa capitale. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme capitale d'un futur État qui inclurait la Cisjordanie et Gaza.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com