JALALABAD: Une série d'attaques apparemment concertées a fait au moins cinq morts et quatre blessés parmi les employés du programme de vaccination anti-polio, auquel s'opposent généralement les talibans, mardi dans l'est de l'Afghanistan.
Selon les autorités, les premières attaques se sont produites entre 30 minutes et une heure d'intervalle les unes des autres dans la province du Nangarhar, suivies d'une dernière, survenue un peu plus tard.
"Ils étaient là pour immuniser les enfants contre la polio quand ils ont été tués par des hommes armés", a déploré le porte-parole du ministère de la Santé, Osman Taheri, joint par l'AFP, précisant que les attentats s'étaient déroulés en trois lieux différents.
Trois des attaques, dont la dernière, ont visé le district de Khogyani, faisant au total trois morts et un blessé, et celui de Surkhrod (deux morts).
C'est le porte-parole du gouverneur de la province, Attaullah Khogyani, qui a annoncé la dernière attaque de Khogyani ayant fait un mort.
Trois autres employés du programme de vaccination ont été par ailleurs blessés dans une attaque séparée à Jalalabad même, la capitale provinciale, a expliqué le porte-parole de la police du Nangarhar, Farid Khan.
Attaques coordonnées
"Il s’agissait d'attaques préparées et coordonnées par l'ennemi", a-t-il assuré.
Farid Khan a accusé les talibans d'être derrière ces attentats: "C'est l’œuvre des talibans, ils visent le personnel de santé et privent les gens des vaccins anti-polio".
Mais les insurgés ont démenti leur implication par la voix de leur porte-parole Zabihullah Mudjahid: "Les talibans n'ont rien à voir dans ces attaques visant les vaccinateurs", a-t-il affirmé à l'AFP.
Les attentats de mardi interviennent moins de trois mois après une attaque dans laquelle trois vaccinatrices avaient été tuées à Jalalabad.
Le virus de la poliomyélite a été éradiqué dans le reste du monde mais reste présent en Afghanistan et au Pakistan, deux pays où la vaccination est souvent regardée avec suspicion.
Aucune sanction
Au moment où les troupes américaines parachèvent leur retrait, qui doit être officiellement terminé d'ici au 11 septembre mais avance à grands pas, les talibans accentuent leur pression militaire sur l'armée afghane en province.
Soupçonnés par les autorités d'être derrière plusieurs attaques récentes visant des civils, dont des démineurs dans le nord (10 morts) la semaine dernière, les talibans ont à chaque fois démenti.
Pour la cheffe de la Commission indépendante des droits de l'homme, Sharzahad Akbar, "nous sommes rendus à un point où des employés du déminage, des infirmiers, des vaccinateurs, des défenseurs des droits de l'homme et toutes ces personnes qui essaient de sauver des vies et celles de nos enfants sont systématiquement tuées".
"Et il n'y a aucun mécanisme de prévention ni aucune sanction pour les auteurs", a-t-elle dénoncé sur Twitter.
L'Afghanistan a lancé fin mai sa seconde campagne annuelle de vaccination anti-polio à destination de près d'un million d'enfants de moins de cinq ans, avec le soutien de l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) et de l'Organisation mondiale de la santé.
Les violences ont entravé de précédentes campagnes dans le pays. De larges pans du territoire échappent au contrôle du gouvernement central et il est difficile pour les équipes de vaccination d'y accéder.
Les talibans continuent d'interdire aux autorités de mener des campagnes de vaccination en faisant du porte-à-porte dans les zones qu'ils contrôlent, dénonçant la vaccination comme un complot occidental visant à stériliser les enfants musulmans.