PARIS : L’abstention se nourrit d'un "essoufflement démocratique", une majorité de Français ne se reconnaissant pas dans les projets portés par les différents candidats aux élections, selon une étude Viavoice pour Libération publiée mardi.
Quant à l'élection présidentielle de 2022, 65% estiment que "rien n'est encore joué", contre 23% pour qui "le résultat est couru d'avance" et 12% qui ne répondent pas, selon cette étude parue à cinq jours des régionales et moins d'un an du scrutin présidentiel.
54% des électeurs inscrits ont l'intention de s'abstenir au premier tour des régionales le 20 juin (contre 49,91% en 2015), selon un autre sondage de l'Ifop pour le JDD réalisé les 8 et 9 juin.
Il n'y a pas de "désertion de la politique par les Français", selon les auteurs de l'étude Viavoice: le niveau d'abstention représente "une préoccupation" pour 80% des sondés, et 63% disent voter à chaque élection, ainsi que 25% à certaines, contre 4% qui ne votent à aucune et 4% qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales.
Toutefois, "l'alerte d'une apathie démocratique reconnue, voire revendiquée, raisonne dans l’opinion et s’installe peu à peu", selon les auteurs de l'étude.
Ainsi, si 39% assurent que leur "intérêt pour la politique est resté le même" ces dernières années, 28% disent qu'il "a diminué" et 16% qu'ils n'ont "jamais été intéressés par la politique" (12% assurent que leur intérêt "a progressé").
Ils sont par ailleurs 34% à dire qu'ils comprennent les Français qui choisissent de s'abstenir et sont "de plus en plus d'accord avec eux", contre 31% qui les comprennent mais "ne sont pas d'accord avec eux" et 28% qui ne les comprennent pas.
Parmi les raisons expliquant l'abstention, les Français placent en tête le fait que "les candidats et leurs projets ne répondent pas aux attentes des Français" (44%), devant "la lassitude des Français face aux débats politiques" (42%), le fait que "les élus et dirigeants politiques ne comprennent pas les préoccupations des Français" (41%), et "la volonté de manifester un mécontentement à l'égard des politiques" (37%).
"La vie démocratique accuse le coup", insistent les auteurs de l'étude: 68% des sondés considèrent que leurs "intérêts personnels et leurs idées" sont "mal représentés" (20% pensent le contraire), et 55% que la démocratie fonctionne "mal" (contre 38%).
Les sympathisants du RN et les électeurs proches d'aucun parti sont les plus critiques sur ces deux critères, tandis que ceux de la majorité présidentielle sont les plus satisfaits.
Interrogés pour savoir quel "acteur" a "le pouvoir pour changer ce qui ne va pas dans la société", 62% citent les citoyens, 61% l'Etat, 49% les entreprises, 42% les partis et dirigeants politiques, 35% les ONG et les associations et 32% les syndicats.
Les Français aimeraient que "le débat public et politique" parle davantage de sécurité (40%), de pouvoir d'achat (30%), d'immigration (30%), d'emploi (24%) ou de santé (24%). L'environnement arrive en 10e place, à 19%.
Sondage Viavoice réalisé en ligne selon la méthode des quotas du 2 au 6 juin auprès de 1 000 personnes d'au moins 18 ans. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.