Netanyahou parti, Biden soulagé, mais les changements se feront attendre

Arrivé à la Maison Blanche en janvier, le démocrate avait laissé «Bibi» patienter pendant 28 longs jours avant de s'entretenir pour la première fois avec lui.
Arrivé à la Maison Blanche en janvier, le démocrate avait laissé «Bibi» patienter pendant 28 longs jours avant de s'entretenir pour la première fois avec lui.
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Publié le Mardi 15 juin 2021

Netanyahou parti, Biden soulagé, mais les changements se feront attendre

  • Le président des Etats-Unis a été dimanche le premier dirigeant à promettre de travailler avec le gouvernement de Naftali Bennett
  • Cela ne présage pas pour autant d'un bouleversement dans les relations avec les Etats-Unis, surtout sur l'explosif dossier israélo-palestinien

WASHINGTON : A en juger par l'empressement avec lequel il a félicité le nouveau Premier ministre israélien, Joe Biden semble soulagé par le départ de Benjamin Netanyahou.

Le contraste est saisissant: le président des Etats-Unis a été dimanche le premier dirigeant à promettre de travailler avec le gouvernement de Naftali Bennett, dans un communiqué publié une demi-heure seulement après son intronisation parlementaire, puis lors d'une conversation téléphonique dans la foulée.

Arrivé à la Maison Blanche en janvier, le démocrate avait pourtant laissé "Bibi" patienter pendant 28 longs jours avant de s'entretenir pour la première fois avec lui.

Le délai avait suscité une polémique en Israël mais aussi à Washington, où certains ténors républicains y avaient vu un signe de mépris à l'égard du Premier ministre d'un allié-clé, particulièrement choyé pendant le mandat de Donald Trump.

"Le gouvernement Biden espère un nouveau départ", a expliqué lundi Natan Sachs, du cercle de réflexion Brookings Institution, lors d'une conférence virtuelle.

"Ils n'aiment pas Bibi" et "pensent qu'ils peuvent avoir ce nouveau départ avec Bennett", un politicien ultra-droitier qui "aime se présenter comme un entrepreneur qui a des idées originales, un homme de solutions", a-t-il ajouté.

«Pari terrible»

Le changement politique en Israël pourrait donc "stabiliser la relation bilatérale de manière importante, notamment en raison du manque de confiance qui existait au niveau personnel avec Netanyahou", a dit Brian Katulis, du Center for American Progress, un think tank classé à gauche.

Benjamin Netanyahou avait obtenu tout ce qu'il souhaitait de la part de Donald Trump qui, soucieux de galvaniser le vote de la droite religieuse américaine en sa faveur, a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et a présenté un plan de paix israélo-palestinien qui faisait la part belle aux revendications de l'Etat hébreu -- rompant avec le consensus international en faveur d'une solution à deux Etats.

De plus en plus à droite, l'ex-chef de gouvernement israélien était en revanche devenu un repoussoir pour les démocrates, qui ont mal supporté le soutien appuyé que lui a apporté Joe Biden au début de la guerre du mois de mai entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, le centriste Yaïr Lapid, a accusé lundi le gouvernement Netanyahou d'avoir "fait un pari terrible, téméraire et dangereux en se focalisant exclusivement sur le parti républicain pour ainsi abandonner l'approche bipartisane d'Israël". Il s'est engagé à améliorer le dialogue avec le parti démocrate de Joe Biden.

Cela ne présage pas pour autant d'un bouleversement dans les relations avec les Etats-Unis, surtout sur l'explosif dossier israélo-palestinien.

Le gouvernement Bennett-Lapid est le fruit d'une grande coalition composée par des partis de droite, de gauche, du centre mais aussi représentant les Arabes israéliens: autant dire qu'il aura du mal à se mettre d'accord sur une quelconque avancée susceptible de raviver un processus de paix moribond.

Mais pour Michele Dunne, du Carnegie Endowment for International Peace, Joe Biden peut espérer que la nouvelle équipe "fera davantage attention à éviter toute mesure, à Jérusalem ou ailleurs, susceptible d'enflammer les relations avec les Palestiniens".

Pas de Nobel

La récente flambée de violences entre Israël et Gaza a montré que l'administration Biden devait se consacrer davantage "à la gestion du conflit", "mais ni cette escalade, ni le nouveau gouvernement ne semble l'avoir convaincue que le moment était venu de tenter une quelconque initiative pour essayer de le résoudre", a-t-elle ajouté.

Autrement dit, selon la formule de Brian Katulis, les Etats-Unis "ne sont pas en quête du prix Nobel" et vont continuer de se se contenter de mesures "pragmatiques", notamment pour améliorer la vie quotidienne des Palestiniens.

"Le gouvernement Bennett-Lapid et l'administration Biden veulent la même chose: que ce sujet soit mis en sommeil pour quatre ans", a souligné Natan Sachs. "Mais cela ne va pas se passer ainsi, comme nous l'avons constaté le mois dernier", a-t-il prévenu: même en l'absence de décision majeure d'Israël, en matière d'annexion ou de désengagement de territoires occupés, les "petits événements" susceptibles de rallumer le conflit sont légion.

Sur un autre sujet de frictions, enfin, l'Etat hébreu ne devrait pas revenir sur son hostilité à l'accord sur le nucléaire iranien, et à la volonté de Washington de le rejoindre à nouveau après la sortie décidée par Donald Trump.

Mais selon Natan Sachs, le duo désormais à sa tête pourrait, à la différence de Benjamin Netanyahu, s'abstenir d'aller "au combat politique avec Biden".


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.