ALGER: Plus de 48 heures après le scrutin, les Algériens attendent toujours les résultats des élections législatives anticipées de samedi, marquées par une abstention massive et qui, selon des médias locaux, pourraient consacrer la victoire des partis traditionnels pourtant considérés moribonds et rejetés par la contestation.
A la clôture du scrutin, le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Chorfi, avait indiqué que les résultats officiels pourraient ne pas être annoncés avant 96 heures -- soit jusqu'à mercredi soir -- en raison du dépouillement « compliqué » par le nouveau mode de scrutin.
Ce délai a déclenché une polémique sur un éventuel « gonflement » du taux de participation.
Selon l'ANIE, le taux de participation provisoire a atteint 30,20%, un score très faible même si certains analystes le considèrent comme « réel » contrairement aux taux des élections de l'ère Bouteflika.
La participation avait atteint 35,70% lors des dernières législatives de 2017 et 42,90% en 2012. Depuis des années, les analystes qualifient l'abstention de « plus grand parti en Algérie ».
« Pour moi, le taux de participation n'a pas d'importance. Ce qui m'importe, c'est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante », a argué samedi le président Abdelmadjid Tebboune.
Selon plusieurs médias, les vainqueurs des dernières législatives (2017) -- le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) -- sont bien placés pour rafler la mise.
Cela constituerait une surprise car ils étaient considérés comme moribonds, en raison de leur compromission avec le président déchu Abdelaziz Bouteflika, même s'ils bénéficient d'une implantation ancienne et étendue.
Le principal parti de la mouvance islamiste légale, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), qui a revendiqué la victoire dès dimanche, arriverait en deuxième position, selon ces médias.
Le MSP, un parti conservateur, considéré comme modéré, a mis en garde contre « les nombreuses tentatives de modifier les résultats ». L'ANIE a réfuté des déclarations « infondées ».
Quelque 24 millions d'Algériens étaient appelés à élire les 407 députés de l'Assemblée populaire nationale. Ils devaient choisir parmi 2 288 listes, dont plus de 1 200 s'affichaient comme « indépendantes », une première. Ces listes ont été ouvertement encouragées par un pouvoir en quête de renouvellement de sa légitimité après deux scrutins (présidentielle et référendum) marqués par une abstention record.
Il s'agit des premières législatives depuis le soulèvement populaire du Hirak, inédit et pacifique, qui a abouti à la démission du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans de règne.