JERUSALEM : Le vote de la Knesset a mis fin dimanche à 12 ans de règne du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en accordant la confiance à un nouveau gouvernement de coalition dirigé par un faucon de droite.
Se sentant vaincu, Netanyahou avait juré un peu plus tôt que « si c’est notre destin d’être dans l’opposition, nous le ferons la tête haute jusqu’à ce que nous renversions ce mauvais gouvernement et que nous retournions diriger le pays à notre façon ».
Khaled Elgindy, chercheur non-résident au Center for Middle East Policy de la Brookings Institution, déclare à Arab News : « Netanyahou est peut-être en retrait, mais il n’est pas encore hors-jeu »
Elgindy déclare que Netanyahou et ses partisans « feraient tout leur possible pour faire tomber ce (nouveau) gouvernement très fragile, que cela prenne une semaine, un mois ou un an ».
Le nouveau cabinet a été bricolé de toutes pièces par le chef de l'opposition centriste Yair Lapid et l'ultranationaliste Naftali Bennett.
Ce dernier, un millionnaire de la Hi-tech et un faucon en politique, devrait être Premier ministre pendant deux ans avant que l'ancien animateur de télévision Lapid ne prenne la relève.
Wadie Abounassar, directeur du International Center for Consultation basé à Haïfa, a déclaré à Arab News qu'il est difficile de parler de la « fin de l'ère Netanyahou » car il devrait être le chef d'une opposition agressive.
« Beaucoup de choses pourraient arriver dans l'arène politique israélienne, y compris l'effondrement du gouvernement Bennett-Lapid », déclare Abounassar.
Les célébrations des opposants à Netanyahou pour marquer la fin de son mandat ont commencé devant sa résidence officielle à Jérusalem, lieu de manifestations hebdomadaires depuis un an.
Dimitri Diliani, porte-parole du Courant de la réforme démocratique, un mouvement palestinien, déclare à Arab News que le nouveau gouvernement israélien n'était pas né d'une lutte entre les camps pro et anti-paix.
« En général, le gouvernement précédent et le gouvernement nouvellement désigné sont en faveur de l'expansion des colonies et de la poursuite de l'israélisation du Jérusalem palestinien, et contre la solution à deux États », affirme-t-il. « Les Palestiniens ne placent aucun espoir ni n’attendent de changement dans les politiques les concernant. »
Bennett, un ancien ministre de la Défense, avait promis qu'« Israël ne laissera pas l'Iran posséder des armes nucléaires ».
Mais Netanyahou déclare que « l'Iran célèbre » actuellement la perspective du nouveau gouvernement israélien « dangereux » et faible.
C'est la plus inhabituelle des coalitions, couvrant l'éventail des partis sionistes israéliens et incluant le Ra'am, un parti arabe.
Mansour Abbas, chef du Ra'am, a réussi à obtenir une promesse de 16 milliards de dollars pour les communautés arabes et la reconnaissance d'un certain nombre de villes bédouines dans le sud d'Israël.
Aaron David Miller, chercheur principal au Carnegie Endowment for International Peace, déclare à Arab News : « De son point de vue, la réalisation la plus étonnante de Netanyahou a été son succès dans l'expansion des relations d'Israël en Asie, en Afrique, en Amérique latine et avec des grandes puissances, tout en élargissant les colonies et confinant la question palestinienne dans un gel profond ».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com