BEYROUTH : Incantation, cavatine, ou berceuse. Musique trash, rock, classique, soul, ou rap… Kant disait, que «la musique est la langue des émotions», car chaque instant de vie, heureux ou malheureux, est couplé à une certaine mélodie. Les souvenirs sont gorgés de sons : leur pouvoir est infini dans le temps et dans l’espace.
Magnifier l’expérience du son
Conscients de ce constat, Karl Moukarzel et Karim Jabre, ont décidé d’«aller plus loin que la musique».
Ces deux jeunes libanais ont osé prendre un pari fou : transcender l’expérience du son, la magnifier en éveillant les sens de leur public lors de leurs performances.
Comment ? En conjuguant la musique au pluriel, en la fusionnant à d’autres formes d’art afin de créer une ambivalence artistique entre plusieurs univers.
« Nous voulons créer, trouver une coordination, une synchronisation entre le beau, le bon et l’agréable. Il s’agit de réveiller et stimuler le sensoriel en jouant sur les fréquences et l’esthétique. Nous voulons que les poils se hérissent, et que les cœurs s’emballent. » explique Karl à Arab News en Français.
« Nous voulons créer, trouver une coordination, une synchronisation entre le beau, le bon et l’agréable»
Musique et architecture : un couple sensationnel
Karl Moukarzel est un jeune architecte diplômé de l’Académie Libanaise des Beaux Arts (ALBA) et de l’ENSA Paris La Villette.
Karim a quant à lui tourné le dos à son école de commerce pour devenir ingénieur du son. Il est à présent étudiant en production musicale au sein de l'école de musique ICMP à Londres.
Deux ans auparavant, ces deux passionnés de musique ne se connaissaient pas. Aujourd’hui, ils se complètent pour former ce duo d’un nouveau genre.
« Nous venons d’univers différents, mais nous avons la même vision : créer un monde unique qui mêle la musique et l'art sous ses différentes formes » confie Karim.
En plus de leur amour commun pour la musique, les deux jeunes hommes partagent la même muse : Beyrouth.
« Mille fois morte, mille fois revécue », cette ville est la source de leur inspiration.
Il n’est donc pas étonnant que leur tout premier événement multi sensoriel ait eu lieu dans leur ville de cœur.
C'est dans un édifice conçu par l'architecte Bernard Khoury que le duo s’est produit afin de récolter des fonds pour la reconstruction de la capitale dévastée après l’explosion du 4 Août dernier.
Le choix de ce lieu surplombant Beyrouth est hautement symbolique. Depuis le toit de cet immeuble, les multiples aspects de la cité aux mille visages sont mis en avant. Les ruines phéniciennes, les bidonvilles, les nouveaux complexes immobiliers et les gratte-ciel hétéroclites, la mer Méditerranée, le port, ou du moins ce qu’il en reste…
«Nous avons mélangé le magnifique panorama et l’architecture unique et éclectique de Bernard Khoury, à nos compositions artistiques. » indique Karim.
« Rien ne nous arrêtera »
Avec la pandémie qui a mis en veille le monde de l’art, en 2020, les temps étaient durs pour les artistes.
Pourtant, les deux jeunes hommes ont su tirer les avantages de cette situation inédite.
Lors des confinements successifs, ÆŁËNTS a participé à plusieurs évènements en ligne.
« Même si le secteur dans lequel nous nous sommes lancés était à l’agonie nous avons pu nous faire connaître grâce au digital et à la diaspora libanaise qui ne cesse de nous encourager »
Conformément à leur quête de beauté, esthétique et sonore, le groupe a pour ambition de se produire dans des musées. « Nous aimerions travailler avec l’Atelier des Lumières à Paris, afin de proposer une expérience culturelle multidimensionnelle », précise Karl.
A la fin du mois de juin, leur premier album, dont la pochette a été conçue par Ben Heim- un artiste visuel très réputé aux Etats-Unis- sera dans les bacs.