L'Algérie dans l'attente après des législatives boudées par les électeurs

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'exprime devant un bureau de vote à Bouchaoui, dans la banlieue ouest d'Alger, la capitale algérienne, le 12 juin 2021 lors des élections législatives de 2021. (Photo, AFP)
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'exprime devant un bureau de vote à Bouchaoui, dans la banlieue ouest d'Alger, la capitale algérienne, le 12 juin 2021 lors des élections législatives de 2021. (Photo, AFP)
Dans la capitale, les Algérois ont défilé au compte-gouttes dans les isoloirs. (Photo, AFP)
Dans la capitale, les Algérois ont défilé au compte-gouttes dans les isoloirs. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 13 juin 2021

L'Algérie dans l'attente après des législatives boudées par les électeurs

  • Enjeu principal, le taux de participation national provisoire n'a atteint que 30,20%, selon le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Chorfi
  • Le taux de participation à l'étranger est également très bas, de moins de 5%

ALGER : L'Algérie attend le résultat des élections législatives anticipées de samedi, marquées par un très fort taux d'abstention, nouveau signe de désintérêt de la population, après le boycott du scrutin par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l'opposition.

Enjeu principal, le taux de participation national provisoire n'a atteint que 30,20%, selon le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Chorfi.

A titre de comparaison, il se situait à 35,70% lors des dernières législatives de 2017 et à 42,90% en 2012. La participation est aussi en recul par rapport à la présidentielle de 2019, qui avait vu Abdelmadjid Tebboune élu avec seulement 40% des voix.

Le taux de participation à l'étranger est également très bas, de moins de 5%, a précisé M. Chorfi.

Comme lors des précédents scrutins, l'abstention est quasi totale dans des préfectures de Kabylie (nord-est), à Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou, où la participation est inférieure à 1%.

"Raz-de-marée abstentionniste", titre ainsi Liberté en Une. "Comme attendu, les Algériens ont majoritairement boudé les urnes. Le faible taux de participation confirme la tendance lourde au rejet du scrutin", estime le quotidien francophone.

Mais quoi qu'il arrive, le pouvoir s'en accommodera.

«Légitimité suffisante»

"Pour moi, le taux de participation n'a pas d'importance. Ce qui m'importe, c'est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante", a d'ores et déjà affirmé le président Abdelmadjid Tebboune.

La composition de la prochaine assemblée pourrait être connue dans ses grandes lignes dimanche mais, en raison du dépouillement "compliqué", les résultats officiels pourraient ne pas être annoncés avant 96 heures, a précisé le président de l'ANIE.

Les opérations de vote se sont déroulées généralement dans le calme à Alger, où les électeurs se sont fait rares, et en province, sauf en Kabylie. 

Dans cette région berbérophone, traditionnellement frondeuse, la plupart des bureaux de vote étaient fermés et des échauffourées ont éclaté dans plusieurs communes, avec saccage des urnes, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), qui ont fait état de dizaines d'interpellations.

Avant les élections, le Hirak, qui réclame en vain un changement radical du "système" de gouvernance en place depuis l'indépendance (1962), avait dénoncé une "mascarade électorale" et "une fuite en avant" du régime. L'opposition laïque et de gauche, elle, a boycotté le scrutin.

Qu'importe, le pouvoir est déterminé à imposer sa "feuille de route" électoraliste, en ignorant les revendications du Hirak: Etat de droit, transition démocratique, souveraineté populaire, justice indépendante.

 

- Indépendants et islamistes -

 

Quelque 24 millions d'Algériens étaient appelés à élire les 407 députés de l'Assemblée populaire nationale pour cinq ans. Ils devaient choisir parmi 2.288 listes, dont plus de 1.200 s'affichent comme "indépendantes".

C'est la première fois qu'un nombre aussi élevé d'indépendants se présentent face à des prétendants endossés par des partis largement discrédités et jugés responsables de la crise dans le pays.

Ils devraient être les bénéficiaires du scrutin, avec les partis islamistes modérés qui ont choisi d'y prendre part et se disent "prêts à gouverner".

Les vainqueurs des précédentes législatives en 2017, le Front de libération nationale et le Rassemblement national démocratique, associés à l'ère Bouteflika, sont aujourd'hui déconsidérés.

Avant le scrutin, le chef d'état-major, le général Saïd Chengriha, avait mis en garde contre "tout plan ou action visant à perturber le déroulement" du vote.

Le régime s'est efforcé ces derniers mois d'étouffer la contestation, interdisant les manifestations et multipliant les interpellations et les poursuites judiciaires visant opposants, militants, journalistes et avocats.

Quelque 222 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD.

Estimant avoir déjà répondu aux demandes du Hirak, le pouvoir dénie depuis plusieurs mois toute légitimité à ce mouvement sans véritables leaders, qu'il accuse d'être instrumentalisé par des "parties étrangères".

Il s'agit des premières législatives depuis le soulèvement populaire inédit et pacifique, né le 22 février 2019 du rejet d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, poussé près de deux mois plus tard à la démission après 20 ans de règne.


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Short Url
  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).