TUNIS : Quelques dizaines de personnes ont manifesté samedi devant le ministère de l'Intérieur à Tunis, pour protester contre le gouvernement et les exactions policières, quelques jours après la mort suspecte d'un jeune qui venait d'être interpellé.
"Qui nous protège de la police?", ou encore "sauvez une vie - jugez un policier" pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des militants de gauche et des habitants de quartiers populaires.
Parmi eux se trouvaient les mères de trois jeunes décédés ces trois dernières années après leur interpellation, qui réclamaient "justice" pour leurs enfants.
Des protestataires ont jeté des chaises sur la police sur l'avenue Bourguiba, en plein centre de Tunis, au début de la manifestation, et plusieurs manifestants ont été interpellés.
"Nos jeunes risquent leur vie dans des bateaux vers l'Europe, parce que l'école ne vaut plus rien, la santé pareille, et la police fait n'importe quoi, on a peur pour leur avenir", s'est emportée une manifestante, enseignante.
Des troubles ont éclaté plusieurs nuits de suite à Sidi Hassine, dans la banlieue de Tunis, après la mort suspecte d'un jeune homme sortant d'un commissariat, Ahmed ben Amama.
Sa famille accuse la police de l'avoir frappé à mort.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur Khaled Hayouni a démenti qu'il soit mort de mauvais traitements durant son arrestation, et relayé la version des policiers selon laquelle le jeune homme s'était enfui du commissariat et a été retrouvé blessé dans un hôpital de Tunis.
Une vidéo devenue virale montrant un mineur, entièrement nu, frappé à terre puis escorté par ce qui semble être des policiers en civil vers une voiture de police, a également déclenché un tollé.
Il avait été arrêté mercredi en marge des funérailles du premier jeune homme, qui ont été suivies d'affrontements avec la police.
Une deuxième enquête a été ouverte pour déterminer les responsabilités de ces "abus liés à cette intervention", a indiqué le ministère.
En Tunisie, plus de dix ans après la fin du régime policier de Zine el Abidine Ben Ali, les forces de sécurité ne jouissent plus d'un pouvoir discrétionnaire, mais n'ont été que peu réformées depuis. Leurs abus sont rarement l'objet de poursuites judiciaires.