PARIS : Ghaleb Bencheikh a été réélu jeudi président de la Fondation de l'Islam de France (FIF) pour un mandat de quatre ans pendant lequel il aura pour tâche de trouver de nouveaux financements pour cet organisme à vocation culturelle.
Théologien réformateur et physicien franco-algérien, M. Bencheikh, 60 ans, a été réélu avec 10 voix pour et une abstention par le conseil d'administration de la FIF, a-t-il indiqué.
Sadek Beloucif, chef du service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne de Bobigny, soutenu par la Mosquée de Paris, s'était également porté candidat.
"Je me réjouis pour l'institution", a déclaré M. Bencheikh à l'issue du vote, soulignant que les principaux chantiers "titanesques" en cours "vont se poursuivre et s'intensifier".
La FIF n'est pas un organisme cultuel mais une fondation laïque reconnue d'utilité publique. Elle avait été mise sur pied à l'été 2016 après les attentats de 2015 par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur. Elle a d'abord été confiée à Jean-Pierre Chevènement, puis M. Bencheikh avait été élu à sa tête en 2018.
Elle a pour objectif de lever des financements pour des projets en matière profane (cultures islamiques, éducation, recherche, formation civique...).
Elle distribue ainsi des allocations de recherche pour doctorants et masters en islamologie fondamentale, mais aussi des bourses à de futurs imams pour leur formation profane.
La FIF a également mis sur pied 26 "universités populaires" réunissant des experts, dont 10 sur le terrain et 16 numériques (crise du Covid oblige) et un campus numérique, "Lumières d'Islam" (plus de 200 vidéos).
L'élection, initialement prévue en mars, avait été reportée à deux reprises en raison de tiraillements au sein de l'exécutif. Au conseil d'administration figurent notamment trois représentants de l'Etat.
La FIF dit avoir reçu en quatre ans un total d'environ 3,5 millions d'euros - dons de mécènes (Aéroports de Paris, SNCF, Caisse des dépôts, Fondation Aga Khan) et de l'Etat. Fonctionnant avec très peu de moyens (trois salariés), il lui reste actuellement 500 000 euros pour fonctionner.
Lors de son discours aux Mureaux (Yvelines) contre le "séparatisme" en octobre dernier, Emmanuel Macron avait annoncé une enveloppe de 10 millions d'euros pour la FIF afin de financer "les initiatives" prises "en matière de culture, d'histoire et de sciences".
"Je pense que l'engagement présidentiel tiendra", a déclaré M. Bencheikh, ajoutant par ailleurs "ne pas désespérer" de trouver des financements auprès "d'entrepreneurs musulmans" et du "mécénat d'entreprise".
En présentant récemment le bilan de la FIF, M. Bencheikh avait dit sa difficulté à lever des fonds auprès des entreprises, soulignant notamment que le "vocable islam" était hautement "inflammable", "hystérisant les débats".
La FIF va également continuer à faire appel "à la générosité des musulmans", a-t-il souligné jeudi.
Il a indiqué être "en train d'étudier un montage juridique avec une banque en ligne permettant un petit prélèvement (pas plus de 2%) sur les dons de tous les fidèles souhaitant faire quelque chose ayant trait à l'islam" (construction d'une mosquée, d'une école).