DUBAÏ: Le lendemain de l’explosion du 4 août, nous avons immédiatement commencé à rénover le studio. C’était une semaine folle de nettoyage et je me sentais tellement responsable. Je sais qu’il y a beaucoup de créateurs, mais j’étais l’une des premières à me lancer au Liban. J’ai l’impression d’avoir ouvert la voie à beaucoup de jeunes créateurs. Si je ne me lève pas et ne montre pas que nous sommes forts, cela ne donnera pas une bonne impression. C’était une vocation, je devais le faire.
Nous avons mis de côtés quelques morceaux de verre brisé et avons décidé de créer une collection intitulée Keeping it Together (tenir le coup), car nous devions tenir le coup, à la fois émotionnellement et mentalement. Nous étions très conscients que d’autres créateurs avaient été critiqués pour avoir utilisé du verre. Premièrement, je pense qu’ils l’ont fait trop tôt. Nous étions encore très sensibles à la situation. Deuxièmement, je pense que la manière dont ils ont communiqué leurs idées n’était probablement pas la bonne. Pour notre part, nous étions vraiment hésitants. Nous avons décidé de ne vendre notre création qu’à la condition que tous les bénéfices soient utilisés pour soutenir l’industrie artisanale au Liban.
Nous avons beaucoup travaillé avec de la résine vieille de 15 ans et nous avons rassemblé tellement de verre. C’est notre souvenir de l’explosion — le son du verre. Je me suis dit: «Essayons de prendre le verre, de le mettre dans la résine et de voir ce que ça donne.» Nous avons utilisé la résine pour rassembler le verre, ce qui est une sorte de surcyclage. Ainsi, au lieu de faire fondre le verre et de consommer beaucoup plus d’énergie, nous pouvons simplement rassembler ces morceaux de verre et créer un objet fonctionnel.
C’est un processus très compliqué. Nous avons d’abord dû créer un moule avec un morceau de bois qui ressemble au bol. Nous l’avons ensuite transformé en silicone et y avons versé le verre et la résine ensemble très lentement, par étapes. Si nous l’avions fait trop vite, la résine aurait pu se fissurer. Ce n’était pas facile à créer.
Il s’agit de transformer la douleur en espoir. Ce que nous avons vécu était douloureux, mais quand vous mettez tout cela ensemble, cela vous donne de l’espoir. On peut nous reconnecter, réutiliser, recycler et nous remettre sur pied.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com