WASHINGTON: Les prix à la consommation ont spectaculairement bondi de 5% en mai sur un an aux Etats-Unis, leur plus forte hausse depuis près de 13 ans, ce qui pourrait alimenter des craintes sur une reprise durable de l'inflation.
Envie d'un repas au restaurant? Il vous coûtera 4% de plus qu'il y a un an. Besoin de nouveaux vêtements? Comptez 5,6% supplémentaires. Le prix des voitures d'occasion est presque un tiers plus élevé, quant au coût de l'essence à la pompe, il a bondi de 56,2%.
Il y a un an, en pleine pandémie, peu d'Américains allaient au restaurant ou faire du shopping, et les voitures restaient au garage. Les tarifs avaient alors chuté, et la différence est grande entre ces prix bas et ceux d'aujourd'hui.
La demande est désormais forte, car les Américains, largement vaccinés et qui ont de l'argent grâce aux aides du gouvernement, recommencent à sortir et consommer. Au même moment, la chaîne d'approvisionnement mondiale reste très perturbée, ce qui allonge les délais de livraison et fait aussi grimper les prix.
La plus forte hausse revient ainsi à la location de voiture, dont les prix ont plus que doublé par rapport à mai 2020.
Les loueurs avaient vendu une importante partie de leur flotte, inutile pendant la pandémie, et tentent désormais de la reconstituer au moment même où la production de voitures neuves a ralenti à cause de la pénurie de semi-conducteurs, faisant augmenter de 3,3% les prix des véhicules neufs.
« Pic d'inflation »
Cet effet de comparaison devrait être bien moins fort dès le mois prochain, et le mois de mai pourrait ainsi être « le pic de l'inflation annuelle alors que les forts effets de base s'atténueront au cours des prochains mois », anticipe ainsi Kathy Bostjancic, analyste pour Oxford Economics.
Car la question est désormais de savoir si cette inflation ne durera que quelques mois, ou beaucoup plus longtemps. La Banque centrale américaine, la Fed, table ainsi sur un retour à la normale, autour de 2%, d'ici quelques mois.
« Nous continuerons à voir, (...) je pense pendant le reste de l'année, des taux d'inflation plus élevés qui pourraient être d'environ 3% », avait déclaré la secrétaire au Trésor Janet Yellen samedi, invoquant des « facteurs transitoires ». « Je ne vois pas cela comme permanent ».
Forte demande à laquelle l'offre ne peut répondre, goulets d'étranglement: tous ces éléments devraient progressivement s'atténuer.
« Attendez-vous à ce que l'inflation ralentisse à mesure que les consommateurs se détournent des biens pour les services et que l'écart diminue entre la demande et l'offre », a ainsi commenté sur Twitter Diane Swonk, économiste pour Grant Thornton.
Billets d'avion: +7%
Ainsi, la hausse des prix a un peu ralenti par rapport au mois précédent. La progression de l'indice CPI s'établit à 0,6% sur le mois de mai seul, contre 0,8% en avril.
Cette inflation a été tirée notamment par l'augmentation des prix des voitures d'occasion (+7,3%), quand les coûts de l'alimentation augmentent eux de 0,4%.
Les activités de services, les premières touchées par la pandémie, continuent de se redresser. Les avions, notamment, retrouvent le ciel après avoir été cloués au sol pendant un an, et les prix des billets ont augmenté de 7% par rapport à avril, lorsqu'ils avaient déjà été relevés de 10,2% par rapport à mars.
L'inflation sera au menu la semaine prochaine de la réunion monétaire de la Fed, qui regarde de près cet indicateur pour évaluer la nécessité de continuer à soutenir l'économie.
Certains de ses responsables estiment qu'il sera bientôt temps d'établir le calendrier d'un ralentissement des achats d'actifs. Mais les taux d'intérêt devraient rester proches de zéro pendant encore un moment, afin de soutenir une reprise durable.
La Fed utilise une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE, qui a connu en avril sa plus forte hausse depuis 2007, +3,6% sur un an. L'évolution de cet indice sera connue pour mai le 25 juin.
La Banque centrale européenne (BCE) a elle relevé jeudi ses prévisions d'inflation en zone euro à 1,9% en 2021 et 1,5% en 2022.