BEYROUTH: Des millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, contrôlé par les djihadistes, risquent d'être privées d'une aide vitale en cas de veto russe au maintien du dernier accès humanitaire de l'ONU à la région, a averti jeudi Human Rights Watch (HRW).
Les aides humanitaires de l'ONU sont actuellement acheminées vers le nord-ouest de la Syrie en guerre via le poste de Bab al-Hawa, à la frontière turque, par lequel transitent chaque mois un millier de camions.
En 2014, le Conseil de sécurité de l'ONU avait autorisé l'acheminement d'aides par quatre postes frontaliers, réduits à un seul l'an dernier après des objections de la Russie, grand allié du régime de Bachar al-Assad, et de la Chine.
La dernière résolution onusienne expire le 10 juillet et doit être soumise à une réévaluation du Conseil de sécurité d'ici là.
Moscou affirme régulièrement que le mandat de l'ONU sur l'aide transfrontalière viole la souveraineté syrienne et souhaite la fermeture de Bab al-Hawa à l'expiration de la résolution.
La fermeture de cette « bouée de sauvetage (...) priverait des millions de personnes d'aide et provoquerait un désastre humanitaire », a averti jeudi Gerry Simpson, directeur adjoint de HRW pour les crises et conflits.
« Les habitants du nord-ouest de la Syrie et des millions d'autres dans le nord-est doivent recevoir de l'aide, dont des vaccins contre le Covid-19 et des produits sanitaires cruciaux, par toutes les voies possibles », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait déclaré en mars qu'une telle fermeture stopperait les livraisons de vaccins, d'aliments et de médicaments dans le nord-ouest.
Près la moitié de la région d'Idleb (nord-ouest) est contrôlée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et leurs alliés.
La région abrite plus de trois millions de personnes, dont les deux tiers sont des déplacés d'autres régions syriennes.
Les membres du Conseil de sécurité, « y compris la Russie, devraient se concentrer sur le sauvetage de vies et non sur les sacrifices à des fins politiques », a plaidé M. Simpson.
Depuis son déclenchement en 2011, le conflit syrien a fait près de 500 000 morts, tandis que 60% de la population vit aujourd'hui dans l'insécurité alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial.
« Bab al-Hawa est la dernière bouée de sauvetage empêchant une catastrophe humanitaire », a déclaré cette semaine le porte-parole du chef de l'ONU, Stéphane Dujarric.
« Une réponse transfrontalière à grande échelle pendant 12 mois supplémentaires reste essentielle pour sauver des vies », a-t-il ajouté.