PARIS: La présidence française s'apprête à dévoiler jeudi après-midi un début de retrait du Sahel des militaires de l'opération anti-djihadiste Barkhane, notamment au Mali, théâtre d'un récent nouveau coup d'Etat, a appris l'AFP de trois sources proches du dossier.
Ces annonces, dont le détail n'est pour l'heure pas connu, s'inscrivent dans la volonté politique déjà esquissée par Emmanuel Macron de réduire à moyen terme la présence militaire française dans la zone.
Le chef de l'Etat doit tenir une conférence de presse sur les sujets internationaux à 16H30 (14H30 GMT).
Interrogé par l'AFP, l'état-major des armées s'est refusé à tout commentaire sur l'avenir de la principale opération extérieure de l'armée française.
L'opération Barkhane et la situation au Sahel étaient au menu d'une réunion du conseil de Défense mercredi, selon plusieurs sources consultées par l'AFP, ayant toutes requis l'anonymat.
Paris déploie quelque 5 100 soldats contre les djihadistes affiliés au groupe Etat islamique et à Al-Qaïda, un soutien de taille aux armées affaiblies des Etats du Sahel qui peinent à les combattre seules.
Mi-février, lors d'un sommet à N'Djamena avec les partenaires du G5 Sahel (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie), le président français avait repoussé la décision attendue d'entamer le retrait et finalement annoncé que Paris ne comptait pas réduire « dans l'immédiat » les effectifs de Barkhane.
Il avait toutefois esquissé une stratégie de sortie, à la faveur de renforts européens prêts à les rejoindre, alors que la France combat massivement les djihadistes au Sahel depuis début 2013.
La situation s'est compliquée ces dernières semaines, d'une part avec la mort brutale du président Idriss Déby au Tchad, et surtout d'autre part avec le deuxième coup d'Etat en neuf mois au Mali, pays central de l'opération Barkhane.
Les soubresauts politiques au Mali soulèvent la question de la présence française, notamment car une partie des dirigeants maliens souhaitent entamer un processus de négociation avec certains groupes djihadistes.
La France a déjà annoncé le gel de ses opérations conjointes avec l'armée malienne pour condamner le coup d'Etat et soutient les pressions internationales exercées par la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et l'Union africaine pour pousser les autorités maliennes à organiser une transition vers un pouvoir civil et des élections en 2022.
Objectif Takuba
L'opération Barkhane dispose de plusieurs bases au Mali dont certaines pourraient être fermées à moyen terme, selon deux sources. A l'horizon 2023, les effectifs français devraient tourner autour de 2 500 personnes selon l'une de ces sources.
Deux d'entre elles ont aussi évoqué un éventuel sommet des différents pays européens pour discuter de l'avenir de l'engagement militaire au Sahel.
Paris compte sur l'« internationalisation » de l'effort d'accompagnement au combat des forces locales, sous-équipées et sous-entraînées.
La France mise tout particulièrement sur la montée en puissance du groupement de forces spéciales européennes Takuba, qu'elle a initiée et qui rassemble aujourd'hui au Mali 600 hommes dont une moitié de Français, ainsi que quelques dizaines d'Estoniens et de Tchèques et près de 140 Suédois.
L'Italie a promis jusqu'à 200 soldats, le Danemark une centaine et plusieurs autres pays, dont la Grèce, la Hongrie ou encore la Serbie, ont exprimé leur intérêt.
Mais après le second coup d'Etat en mai au Mali, la France a pour l'heure gelé cette mission d'accompagnement au combat des forces armées maliennes.
« Notre objectif c'est d'arriver à 2 000 hommes sur Takuba, avec un pilier français autour de 500 hommes, dans la durée, et une coopération avec les armées de la région, avec plusieurs emprises (bases militaires, ndlr) mais à chaque fois en appui, avec des militaires qui seraient là dans la durée aux côtés des militaires sahéliens, ce qui est une logique différente de celle des opex » (opérations extérieures, ndlr), avait expliqué en février le président français Emmanuel Macron.