Des artisans, commerçants ou restaurateurs situés dans les quartiers de la capitale les plus touchés par l’explosion du 4 août ont accepté de témoigner dans nos colonnes. Attachés à leur dignité, ils pointent tous du doigt l’absence d’humanité, de responsabilité et d’honneur de la classe dirigeante, qui a une fois de plus éclaté au grand jour dans le sillage de la catastrophe.
Youmna Abou Fayçal, épouse Haroutiounian, est antiquaire depuis 20 ans. C’est avec son mari, aujourd’hui décédé, qu’elle a appris à apprécier, entretenir et restaurer toutes sortes d’objets témoins du passé, dont beaucoup de lanternes et autres luminaires. « Ces objets sont comme nos enfants. Nos âmes y sont rattachées », laisse-t-elle échapper, nostalgique, avant d’adresser une pensée émue et pleine de tendresse à ses trois filles.
Son échoppe, sobrement baptisée « Youmna Antiques » et que le couple a ouverte à quelques mètres de l’immeuble dans lequel se trouve leur appartement, s’étend sur trois locaux en plein milieu de la rue Qobeyyate, dans le quartier de Geitaoui, non loin de la zone portuaire de Beyrouth. Protégé par de solides rideaux métalliques, l’atelier abrite d’innombrables trésors alliant métaux précieux, verres sculptés et autres matériaux travaillés par des mains expertes et délicatement vieillis par le temps.
Lire la suite