LONDRES: Des manuels d'histoire des écoles britanniques ont été retirés suite à des accusations de partialité pro-israélienne. C'est la deuxième fois que les manuels, publiés par l’entreprise éducative Pearson, sont enlevés des écoles.
En 2019, les ouvrages avaient été ôtés une première fois des étagères, après que des groupes pro-israéliens ont affirmé que les livres adoptaient un biais propalestinien.
Pearson a apporté des premières modifications aux manuels après les suggestions du Board of Deputies of British Jews («Conseil des députés des juifs britanniques»), et de l’organisation UK Lawyers for Israel («Avocats britanniques pour Israël»).
La controverse concerne les manuels Conflit au Moyen-Orient, 1945-1995, publié en 2016, et Le Moyen-Orient: conflit, crise et changements, 1917-2012, publié en 2017.
En 2019, la Fédération sioniste avait appelé à leur changement, et Pearson avait demandé à Parallel Histories, un organisme qui aide les étudiants à comprendre les conflits à partir de différents points de vue, d’examiner la qualité de leur contenu et sa conformité avec la réalité.
Michael Davies, ancien professeur d'histoire, et fondateur de Parallel Histories, a déclaré que son rapport n'avait trouvé «aucun parti pris réel».
Cependant, les deux organisations juives précitées ont continué à s'opposer aux manuels, affirmant qu'ils diffusaient une rhétorique propalestinienne. Pearson avait alors retiré les manuels, tout en consultant des groupes pro-israéliens sur les changements à apporter.
Les avocats britanniques pour Israël se sont opposés, par exemple, à la description du livre du massacre de Deir Yassin en 1948 comme «l’une des pires atrocités de la guerre», et à l’omission de «l’amélioration massive» du niveau de vie des Palestiniens dans les Territoires occupés sous domination israélienne.
À la suite de consultations, les manuels modifiés ont été réédités brièvement en 2020, puis à nouveau retirés, après des plaintes du British Committee for the Universities of Palestine (Bricup).
Le comité a travaillé avec le professeur John Chalcraft, qui enseigne l'histoire et la politique du Moyen-Orient à la London School of Economics, et le professeur James Dickins, de la Faculté arabe de l'université de Leeds, pour comparer la version révisée des livres avec les originaux.
Chalcraft et Dickins ont présenté un rapport répertoriant près de 300 changements dans le contenu des manuels scolaires, et indiquant que la grande majorité favorisait le point de vue israélien.
«Les modifications ont systématiquement minimisé et donné des explications à la violence juive et israélienne, tout en amplifiant et en laissant inexpliquée la violence arabe et palestinienne», indiquait le rapport.
«Ils ont prolongé ou laissé intacts les récits des souffrances des juifs et des Israéliens, tout en minimisant et en révisant les récits des souffrances des Arabes et des Palestiniens.»
Chalcraft a déclaré que cette période historique devait être étudiée dans les écoles britanniques, ajoutant que «si c’est clairement lié à l’actualité, et il est primordial d'en instruire les élèves à partir de données objectives».
Chalcraft et Dickins ont affirmé avoir été rigoureux, afin d’être objectifs lors de la comparaison des deux éditions. «Je suis un chercheur et un enseignant crédible sur la question d'Israël et de la Palestine, et bien qualifié pour parler de leur Histoire», a affirmé M.Chalcraft.
L’enseignant a précisé que la version originale «décrivait de façon adéquate les colons juifs comme ceux qui vivent dans de nouvelles colonies construites en Cisjordanie et à Gaza», tandis que le texte mis à jour «les définit comme des juifs retournés dans des villages, dont ils ont été expulsés en 1948».
«Cette description est un non-sens en ce qui concerne l'écrasante majorité des colons juifs, qui n'ont pas été expulsés en 1948», a-t-il ajouté. «Dans le livre original, on voit une photo d'enfants pataugeant dans les eaux usées à Gaza, et dans la nouvelle version, il est simplement mentionné ʺenfants de Gazaʺ», a-t-il encore noté.
Pearson a déclaré qu’il a «suspendu» la distribution des livres pendant qu’il les révise une fois de plus. « Nous rassemblerons un plus large éventail de points de vue, et nous prendrons des mesures s’il y a plus de travail à faire pour obtenir cet équilibre», a affirmé un porte-parole.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com