Tunisie: Les députés tunisiens sont-ils au-dessus des lois?

Session parlementaire au siège de l'Assemblée tunisienne à Tunis. (AFP)
Session parlementaire au siège de l'Assemblée tunisienne à Tunis. (AFP)
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Publié le Mardi 08 juin 2021

Tunisie: Les députés tunisiens sont-ils au-dessus des lois?

  • Les députés tunisiens sont-ils au-dessus des lois? De plus en plus de Tunisiens, qui vouent aux gémonies leurs représentants et les traitent de tous les noms, en sont convaincus
  • À ce jour, aucun député n’a jamais été jugé, encore moins condamné, ni même interrogé par les magistrats du Pôle judiciaire économique et financier et de la justice militaire

TUNIS: À la différence de leurs collègues des autres pays maghrébins, les parlementaires tunisiens jouissent d’une protection quasi totale contre toute possibilité de levée de leur immunité. D’abord par les textes. À la différence des autres pays de la région, en Tunisie, c’est le député interpellé par la justice qui est maître de la situation. Il lui suffit de déclarer par écrit être attaché à son immunité pour que tout s’arrête. Ensuite, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) fait tout pour empêcher non seulement sa levée, mais également pour garder secrets les noms des députés dont la levée d’immunité est demandée.

Les députés tunisiens sont-ils au-dessus des lois? De plus en plus de Tunisiens, qui vouent aux gémonies leurs représentants et les traitent de tous les noms, en sont convaincus. Surtout au vu des nombreuses violations de la loi commises par des députés appartenant à bon nombre de familles politiques, dont le mouvement islamiste Ennahdha; son pire ennemi, le Parti destourien libre (PDL); et le plus extrémistes des groupes, la Coalition de la dignité (Iitilef al-Karama), partisan d’un islam radical. 

A ce jour, aucun député n’a jamais été jugé, encore moins condamné, ni même interrogé par les magistrats du Pôle judiciaire économique et financier et de la justice militaire.

Ces infractions vont de la simple violation du couvre-feu et autres mesures sanitaires en rapport avec la pandémie de Covid-19 à l’agression d’officiers de police, en passant par de forts soupçons de malversations et de corruption. 

Pourtant, à ce jour, aucun député n’a jamais été jugé, encore moins condamné, ni même interrogé par les magistrats du Pôle judiciaire économique et financier et de la justice militaire. Tout simplement parce que les représentants du peuple sont intouchables à force d’être protégés. 

Le premier niveau de la protection réside dans la complexité des dispositions concernant la levée de l’immunité. Est-ce voulu pour rendre la procédure plus compliquée? Ce n’est pas exclu.

En Tunisie, c’est le député interpellé par la justice qui est maître de la situation. Il lui suffit de déclarer par écrit être attaché à son immunité pour que tout s’arrête.

Quand dans les quatre autres pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA) – Mauritanie, Maroc, Algérie et Libye – la question est traitée en quelques paragraphes, le règlement intérieur de l’ARP y consacre six articles. 

Ensuite, le deuxième niveau du bouclier tient à l’identité de l’acteur décisif dans ce dossier. Au Maroc, c’est le procureur du roi qui a la haute main sur le traitement de ce dossier. En Mauritanie, en Algérie et en Libye, la question est du ressort des Parlements.

En Tunisie, c’est le député interpellé par la justice qui est maître de la situation. Il lui suffit de déclarer par écrit être attaché à son immunité pour que tout s’arrête. L’article 69 de la Constitution dispose en effet que «si le député invoque l'immunité pénale par écrit, il ne peut être poursuivi ou arrêté pour crime ou délit, pendant son mandat, tant que l’immunité qui le couvre n’a pas été levée».

Au Maroc, un parlementaire demeure passible de poursuites lorsque ses déclarations «mettent en cause le régime monarchique, la religion musulmane ou constituent une atteinte au respect dû au roi».

Au Maroc, un parlementaire demeure passible de poursuites lorsque ses déclarations «mettent en cause le régime monarchique, la religion musulmane ou constituent une atteinte au respect dû au roi». En cas de crimes de droit commun, la police judiciaire et le ministère public peuvent engager des poursuites après avoir saisi la chambre à laquelle appartient le parlementaire en question. Et cette autorisation n’est pas nécessaire dans le cas de flagrant délit.

Troisième composante du bouclier antilevée de l’immunité parlementaire, la manière dont ce dossier est géré par l’ARP, et notamment son président. Tout comme son prédécesseur, Mohamed Ennaceur, l’actuel président du Parlement tunisien, l’islamiste Rached Ghannouchi, fait tout pour empêcher non seulement la levée de l’immunité, mais également refuse de dévoiler les noms des députés interpellés par la justice.

Le quatrième et dernier niveau du système de protection des députés réside dans les délais dans lesquels une demande de levée de l’immunité parlementaire doit être tranchée. Au Maroc, le Parlement dispose de quinze jours pour se prononcer. S’il ne le fait pas, la levée de l’immunité est considérée comme effective et les poursuites peuvent être lancées. 

En Tunisie, la commission chargée du dossier dispose d’un délai de quinze jours pour présenter son rapport au Bureau de l’Assemblée qui le soumet à la séance plénière. Mais le règlement intérieur de l’ARP n’impose aucun délai à cette dernière. Une manière de classer l’affaire sans le crier sur les toits?


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.


Les Émirats arabes unis inaugurent leur premier avion de combat Rafale de fabrication française à Paris

Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
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  • L'accord entre la France et les Émirats arabes unis représente un accord de défense clé entre les deux alliés
  • Les Émirats arabes unis souhaitent renforcer leurs capacités de défense en modernisant leur flotte aérienne

LONDRES : Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré son premier avion de combat Rafale de fabrication française, marquant ainsi un renforcement significatif des capacités des forces armées émiraties.

Le ministère a déclaré jeudi que cette initiative s'inscrivait dans le cadre d'un accord signé avec l'entreprise aérospatiale française Dassault Aviation, soulignant ainsi le solide partenariat stratégique entre Paris et Abou Dhabi.

Le Rafale, de fabrication française, est considéré comme l'un des avions de combat multirôles les plus avancés au monde.

Les Émirats arabes unis entendent renforcer leurs capacités de défense en modernisant la flotte de l'armée de l'air grâce à l'acquisition d'avions de combat Rafale, afin de relever les défis régionaux et mondiaux en matière de sécurité, a rapporté l'agence de presse Emirates News Agency.

La cérémonie de lancement a eu lieu à Paris en présence de Mohamed bin Mubarak Fadhel Al-Mazrouei, ministre d'État des Émirats arabes unis chargé des affaires de défense, et de Sébastien Lecornu, ministre français de la défense.

M. Al-Mazrouei a déclaré que la "stratégie des Émirats arabes unis est axée sur l'acquisition des armes et des systèmes les plus avancés, qui s'adaptent à la nature évolutive de la guerre moderne et aux progrès technologiques, améliorant ainsi l'efficacité de combat globale de notre système de défense national".

L'accord avec Rafale comprendra un programme de formation pour qualifier les pilotes et les techniciens émiratis, garantissant ainsi le niveau de préparation du personnel national, a ajouté WAM.

Le général de brigade Mohamed Salem Ali Al-Hameli, de l'armée de l'air et de la défense aérienne des Émirats arabes unis, a déclaré que l'avion Rafale était doté de technologies avancées pour la reconnaissance et les attaques précises sur des cibles terrestres et maritimes, ce qui en fait un ajout précieux à l'armée de l'air des Émirats arabes unis.

L'accord de 16,6 milliards d'euros (17,3 milliards de dollars) entre les Émirats arabes unis et Dassault Aviation est un accord de défense clé dans les relations franco-émiraties, qui prévoit la production de 80 avions de combat avancés dotés de technologies de pointe.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Algérie : Une experte de l'ONU «profondément déçue» du traitement des défenseurs des droits

 La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
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  • Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques"
  • L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie"

GENEVE: La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati.

Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques en vertu de dispositions pénales formulées en termes vagues, telles que 'porter atteinte à la sécurité nationale'".

L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie".

Elle a mis en exergue le cas de Merzoug Touati "l’un des cas les plus alarmants que j’ai récemment examinés", a souligné Lawlor, qui s'est rendue en Algérie fin 2023.

Selon l'experte, M. Touati a été détenu à trois reprises depuis 2024.

"Lors de sa dernière arrestation en août 2024, sa famille aurait été victime de mauvais traitement. Il aurait ensuite subi des tortures physiques et psychologiques durant sa garde à vue pendant cinq jours. Il continue d’être harcelé par la justice, même après sa libération", écrit Mme Lawlor.

Elle juge "tout aussi préoccupante" l’arrestation de trois avocats de défense des droits humains et d’un jeune lanceur d’alerte entre février et juillet 2024 Toufik Belala, Soufiane Ouali et Omar Boussag ainsi que Yuba Manguellet.

Lawlor a également attiré l’attention sur le cas du Collectif des Familles de Disparu(e)s, une organisation créée pendant la guerre civile algérienne des années 1990 pour faire la lumière sur les disparitions forcées.

Selon l'experte, les membres de l’association, dont beaucoup sont des mères de personnes disparues, ainsi que leur avocate, "auraient été malmenés et sommés de quitter les lieux à ces occasions".

"Je tiens à répéter que j’ai rencontré presque tous ces défenseurs des droits de l’homme", a déclaré la Rapporteure spéciale.

"Aucun d’entre eux ne s’engageait de quelque manière que ce soit dans des actes de violence. Ils doivent tous être traités conformément au droit international des droits de l’homme, que l’Algérie est tenue de respecter", insiste t-elle.