PARIS: Grand débat national, Ségur de la santé, Grenelle de l'éducation et maintenant États généraux de la justice: Emmanuel Macron a multiplié pendant son mandat les grandes réunions de concertation sur des sujets majeurs, avec des résultats variables.
Alimentation
Tenus dès le début du quinquennat, en 2017, les États généraux de l'alimentation rassemblaient agriculteurs, industrie agroalimentaire et grande distribution afin de rééquilibrer le système en faveur des agriculteurs.
Mais la loi qui a suivi, en 2018, n’a guère changé la donne dans les faits. Un nouveau texte, issu de la majorité, va être examiné en juin à l'Assemblée pour aller plus loin. Il promet notamment d'éviter que les prix agricoles servent de variables d'ajustement lors des négociations commerciales.
Bioéthique
Cette consultation publique, organisée début 2018 par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE), avait pour but d'aider le gouvernement à revoir la législation sur la bioéthique en 2019. La procréation – PMA pour toutes et GPA – et la fin de vie avaient particulièrement mobilisé le public.
À l'issue de la consultation, un rapport, rendu début juin 2018, avait synthétisé les débats publics sans préconisation, ni prise de position.
Grand débat
Annoncé fin 2018, en plein mouvement des "gilets jaunes", comme un "outil consultatif de sortie de crise", le "grand débat national" a permis à Emmanuel Macron de reprendre l'initiative en ressuscitant les cahiers de doléances autour de quatre thèmes (transition écologique, fiscalité, démocratie et citoyenneté, organisation de l'État et des services).
Après 10 000 réunions locales étalées sur deux mois, Emmanuel Macron annonce notamment une baisse de l'impôt sur le revenu, une réindexation des petites retraites sur l'inflation, la convention citoyenne sur le climat, ou encore la suppression de l'Ena.
Violences conjugales
Organisé après une forte mobilisation des associations féministes, le "Grenelle contre les violences conjugales" avait abouti fin 2019 au déploiement de bracelets anti-rapprochement pour les conjoints violents, de places d'hébergement supplémentaires, d'ordonnances de protection judiciaire et de téléphones "grave danger" pour les femmes victimes.
Le nombre de féminicides a atteint en 2020 un plus bas depuis 15 ans. Mais plusieurs affaires récentes ont soulevé des questions sur le suivi des dossiers par la police et la justice.
Santé
Lancé après le premier confinement lié au Covid-19, le "Ségur de la santé" s'est traduit à l'été 2020 par un plan d'investissement de 19 milliards d'euros pour l'hôpital et les Ehpad. Des accords salariaux ont permis une augmentation des agents hospitaliers à hauteur de 183 euros net par mois.
Mais un vent de mobilisation a persisté ces derniers mois dans la rue, à l'initiative de certains "oubliés du Ségur" (dans le secteur médico-social notamment) et de soignants lessivés par trois vagues épidémiques en un an.
Éducation
Lancé fin octobre 2020, le "Grenelle de l'Éducation" a débouché le 26 mai sur un coup de pouce salarial pour les enseignants: 700 millions d'euros, dont 400 millions dédiés aux nouvelles primes, pour lesquels la ventilation reste à faire.
Les syndicats enseignants ont pointé des "mesurettes" et l'absence d'une loi pluriannuelle pour graver dans le marbre ces hausses de salaires.
Sécurité
Le "Beauvau de la sécurité", concertation inédite organisée par le ministère de l'Intérieur réunit forces de l'ordre et élus autour de nombreuses thématiques (formation, encadrement, lien avec la population, relations avec la justice, captation vidéo...).
Les conclusions sont attendues courant juillet et doivent nourrir un projet de loi d'orientation et de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi), dont la mise en œuvre pourrait n'intervenir qu'après la présidentielle de 2022.
Laïcité
Les "États généraux de la laïcité" annoncés en avril doivent permettre d'avoir sur ce sujet sensible un débat apaisé, allant d'intellectuels comme l'essayiste Caroline Fourest, les philosophes Henri Pena Ruiz et Gaspard Koenig jusqu'à "50 000 jeunes", objectif visé pour une "grande consultation".
Dès leur lancement, ces États généraux ont essuyé de nombreuses critiques, venues principalement de la gauche et des rangs écologistes. Marlène Schiappa a promis d'en dresser le bilan en juillet.