PARIS : Rappel des principales étapes de l'affaire de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, détenue depuis deux ans en Iran.
Arrestation
Le 5 juin 2019, l'anthropologue Fariba Adelkhah, spécialiste du chiisme, et son compagnon, l'africaniste Roland Marchal, venu la rejoindre pour une visite privée, sont arrêtés à l'aéroport de Téhéran par les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique.
Le 15 juillet, Paris confirme l'arrestation de Mme Adelkhah, chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.
Début octobre, Paris indique avoir "réitéré à plusieurs reprises sa demande d'accès consulaire pour Mme Adelkhah et sa libération". Téhéran met en garde Paris contre toute "ingérence", rappelant que l'Iran "ne reconnaît pas de double nationalité pour les ressortissants iraniens".
Campagne de soutien
Le 25 octobre, les confrères des deux chercheurs appellent à suspendre la coopération universitaire avec l'Iran.
Le 10 décembre, Emmanuel Macron juge l'emprisonnement "intolérable".
La mairie de Paris lance une campagne de soutien aux deux universitaires.
Grève de la faim
Le 26 décembre, le CERI de Sciences Po Paris indique que Fariba Adelkhah et l'universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert, également détenue à Téhéran, ont entamé une grève de la faim.
Dans une lettre, les deux universitaires disent avoir été soumises à de la "torture psychologique" et à de "nombreuses violations de (leurs) droits humains fondamentaux".
Paris convoque l'ambassadeur d'Iran pour exprimer son "extrême préoccupation".
Accusations
Le 7 janvier 2020, l'avocat de Fariba Adelkhah annonce que les autorités judiciaires ont levé leur accusation d'espionnage.
Mme Adelkhah reste poursuivie pour "propagande contre le système" politique iranien et "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale".
Seul ce dernier chef d'accusation est retenu contre M. Marchal.
Début du procès
Le 12 février, Fariba Adelkhah met fin à sa grève de la faim, selon son avocat. Elle regagne fin février "la section pour femmes de la prison" d'Evine après avoir été admise pour des soins dans l'hôpital du centre de détention.
Début mars, deux membres de leur comité de soutien affirment que Mme Adelkhah et M. Marchal sont "en danger de mort" en raison de la propagation de l'épidémie de Covid-19 dans les prisons iraniennes.
Le 3, leur procès s'ouvre à Téhéran, mais seule la chercheuse comparaît devant le tribunal.
Roland Marchal libre
Le 17 mars, leur comité de soutien indique que M. Marchal a pu s'entretenir par liaison vidéo avec l'ambassadeur de France, apparaissant "amaigri et fatigué" mais dans un état plutôt "rassurant". Sa compagne va "mieux physiquement", dit-il.
Le 20, l'Iran annonce un échange de détenus avec Paris. Selon Téhéran, la France a libéré un ingénieur iranien menacé d'extradition aux Etats-Unis. Le lendemain, Paris annonce la libération de Roland Marchal.
Fariba Adelkhah condamnée
Le 16 mai, l'avocat Saïd Dehghan affirme que Fariba Adelkhah a été condamnée à cinq ans de prison pour "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale".
La chercheuse a aussi écopé d'une peine d'un an pour "propagande contre le système" politique de la République islamique, mais elle doit purger seulement la peine la plus longue.
Paris condamne un verdict "politique" et réclame une libération "immédiate".
Le 5 juin, Emmanuel Macron demande une nouvelle fois sa libération.
L'avocate iranienne et Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi estime que Fariba Adelkhah est "otage" de Téhéran à des fins de marchandage.
«Assignée à résidence»
Le 3 octobre, l'avocat Saïd Dehghan affirme que Mme Adelkhah "a été relâchée avec un bracelet électronique". Son comité de soutien indique de son côté que la chercheuse "a regagné son domicile personnel où elle est assignée à résidence, sous contrôle d'un bracelet électronique".
Le 24 février 2021, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian demande sa "libération définitive".