LONDRES : De la volumineuse robe crème que la princesse Diana portait à son mariage aux tenues mythiques de la reine Elizabeth II, une exposition à Londres se penche sur les créateurs préférés de la famille royale britannique.
Garnie de dentelle vintage, de perles et de milliers de paillettes, la robe de Diana est exposée au palais de Kensington à partir de jeudi dans une vitrine sur mesure, nécessaire pour accueillir sa traîne de 7,62 mètres, la plus longue jamais utilisée lors d'un mariage royal.
Lorsqu'ils ont reçu le coup de fil de la princesse, les stylistes Elizabeth et David Emanuel, qui commençaient tout juste à être connus, ont tout de suite su que « c'était un de ces moments étranges où vous savez que votre vie ne sera plus jamais la même », confie la créatrice dans une vidéo incorporée à l'exposition.
Dans un épisode célèbre, la traîne démentielle de Diana est apparue froissée lorsqu'elle est sortie du carrosse qui la déposait devant la cathédrale Saint-Paul, en 1981. Heureusement, les stylistes étaient présents sur place pour retoucher tout ça.
« Cela montre que vous pouvez tout prévoir, mais le jour J, il y aura toujours quelque chose », estime le commissaire de l'exposition Matthew Storey, rappelant que c'était une « très grande robe et un tout petit carrosse ».
L'exposition donne une idée du travail acharné qui se cache derrière la robe, avec des photos des couturières ainsi que les clés du coffre-fort où elle était entreposée la nuit.
Elizabeth Emanuel se souvient que les journalistes fouillaient les poubelles du studio pour avoir un indice sur le design, si bien que les créateurs avaient décidé d'y placer des bouts de tissus qu'ils n'utilisaient pas afin de les induire en erreur.
« Enfreindre les règles »
L'exposition s'attache à montrer l'évolution vestimentaire de Diana et son sens croissant du style, de ses froufrous de jeune fille à des tenues plus élégantes et percutantes.
Si elle avait laissé beaucoup de liberté aux créateurs pour sa robe de mariée, certains documents d'archives montrent qu'elle s'impliquait déjà, annotant ici un dessin d'un commentaire demandant du bleu foncé ou réclamant là des modifications.
Dans une vidéo, le styliste David Sassoon, avec qui elle entretenait une relation étroite, explique que Diana était « très timide » lors de leur première rencontre, mais qu'elle était ensuite devenue « très impliquée dans le choix de ce qu'elle voulait ».
Elle « comprenait ce que le public attendait de ses vêtements », estime-t-il, et elle « adorait enfreindre les règles », ne portant souvent ni gants ni chapeau, comme l'exigeait le protocole royal.
Plusieurs robes ont été prêtées par ses fils, les princes William et Harry, qui se sont récemment ouverts sur les tourments de leur mère, qui aurait eu 60 ans le 1er juillet, à la fin de son mariage.
La populaire série « The Crown » a également recréé récemment certaines de ses tenues emblématiques. « Son style est à nouveau célébré », se réjouit Matthew Storey.
Hartnell et Messel
L'exposition montre également la longue relation qui unissait le styliste Norman Hartnell à la reine mère et Elizabeth II.
Fils de propriétaires de pubs londoniens, Norman Hartnell avait commencé à créer des vêtements pour la reine mère dans les années 1930.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, celle-ci mettait un point d'honneur à bien s'habiller pour rendre visite aux Londoniens bombardés, raconte dans une vidéo Michael Pick, biographe de M. Hartnell.
C'est aussi ce créateur qui avait confectionné la robe de mariée d'Elizabeth, puis celle qu'elle portait à son couronnement, l'exposition montrant les lettres de remerciement qu'elle lui a adressées.
La robe la plus ouvertement sexy de l'exposition -avec son corsage décolleté et garni de brocart doré, inspiré de l'époque géorgienne- appartenait à la princesse Margaret.
Destinée à un bal costumé, elle a été confectionnée en 1964 par le costumier de théâtre Oliver Messel, dont la princesse a ensuite épousé le neveu.
La princesse et le créateur entretenaient eux aussi une relation étroite, à tel point qu'à la mort du styliste, elle a entreposé ses archives au palais de Kensington.