FRANCFORT: Le cartel pétrolier de l'Opep et les pays producteurs alliés ont confirmé leur intention de revenir à une production de 2,1 millions de barils par jour, craignant que la poursuite de la pandémie de Covid-19 dans certains pays ne sape la demande croissante des économies en reprise dans le monde.
Les ministres de l'Énergie ont pris cette décision mardi, lors d'une réunion virtuelle.
Le ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, a déclaré que les récents développements du marché confirmaient que la décision prise en avril d'augmenter progressivement la production était «la bonne décision». Il a cependant affirmé qu'il restait encore des «nuages à l'horizon» concernant la reprise et la demande d'énergie.
La perspective d'un retour de la production pétrolière iranienne sur le marché international n'a pas été discutée lors de la brève réunion qui, a-t-il déclaré, a duré moins d'une demi-heure.
Le groupe, composé des membres de l’Opep+, dirigée par l'Arabie saoudite, et de non-membres – au premier rang desquels la Russie –, craint qu’une nouvelle flambée de Covid-19 dans des pays comme l'Inde, grand consommateur de pétrole, nuise à la demande mondiale, et influe sur les prix.
Les pays producteurs de pétrole ont effectué des réductions drastiques pour maintenir les prix du brut pendant la pire période du ralentissement dû à la pandémie en 2020. Ils doivent désormais évaluer la quantité supplémentaire de pétrole dont le marché a besoin, alors que les producteurs augmentent lentement leur production.
La reprise économique aux États-Unis, en Europe et en Asie devrait accroître la demande d'énergie au second semestre, car les personnes voyagent davantage, augmentant la consommation de carburant. La période estivale des grands déplacements en voiture aux États-Unis a commencé le week-end du Memorial Day, et un nombre croissant d'Américains ont été vaccinés, permettant une plus grande liberté de déplacement.
Mardi, le prix du brut a augmenté de 2,9%, passant à 68,28 dollars (un dollar = 0,82 euros) le baril à 12h00 GMT sur le New York Mercantile Exchange. Le Brent a pour sa part augmenté de 2,2%, passant à 70,85 dollars le baril.
Les analystes estiment que la réunion de l’Opep+ de mardi confirmera probablement les décisions prises lors des réunions précédentes qui avaient permis, de mai à juillet, d'augmenter la production du groupe de 2,1 millions de barils par jour. L’organisation planifiait d’augmenter la production de 350 000 barils par jour en juin, et de 440 000 barils par jour en juillet. Dans le même temps, l'Arabie saoudite augmente progressivement sa production d’un million de barils, à la suite des coupes volontaires qu'elle a effectuées, allant au-delà des engagements qu’elle avait pris auprès de l’Opep +.
Le retour possible sur le marché du pétrole iranien, en cas d’aboutissement des pourparlers sur le programme nucléaire iranien, constitue une autre source de complications. Paul Sheldon, analyste en chef des risques géopolitiques auprès de S&P Global Platts, affirme qu'il s'attend à ce qu'un accord-cadre sur le nucléaire soit conclu avant l’élection présidentielle iranienne du 18 juin, permettant aux Iraniens d'augmenter leur production de 1,05 million de barils par jour entre mai et décembre 2021.
Le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Sanusi Barkindo, a déclaré qu'il ne prévoyait pas de difficulté en cas de retour du pétrole iranien sur le marché international.
«L’Iran est un membre extrêmement important et apprécié de notre organisation», a-t-il affirmé lundi, à l’issue d’une réunion du comité technique conjoint de l’Opep. «Nous prévoyons que le retour attendu de la production et des exportations iraniennes sur le marché mondial se fera de manière organisée et transparente, maintenant ainsi la stabilité pour laquelle nous avons durement travaillé.»
Sheldon précise qu'un retour plus lent des réductions de la production de l'Arabie saoudite est une issue possible, mais semble peu probable, étant donné que le Brent a atteint des niveaux d'environ 70 dollars le baril. Les prix du pétrole ont augmenté de plus de 30% depuis le début de l'année.
La remontée des prix a entraîné des coûts plus élevés pour les automobilistes aux États-Unis, où le brut représente environ la moitié du prix d'un gallon [3,8 litres] d'essence. Les vacanciers ont payé les prix d'essence les plus élevés depuis 2014, avec une moyenne nationale de 3,03 dollars le gallon, soit 1,12 dollar de plus que l'an dernier. Les prix dans les États de l’Ouest étaient encore plus élevés, les Californiens ayant payé 4,20 dollars le gallon.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com