Le Pen, une avancée inéluctable?

Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite du Rassemblement national (RN), s'entretient avec des journalistes à La Trinité-sur-Mer le 6 mai 2021 lors d'une visite de campagne en vue des élections régionales de juin 2021 en Bretagne. Sébastien SALOM-GOMIS / AFP
Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite du Rassemblement national (RN), s'entretient avec des journalistes à La Trinité-sur-Mer le 6 mai 2021 lors d'une visite de campagne en vue des élections régionales de juin 2021 en Bretagne. Sébastien SALOM-GOMIS / AFP
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Publié le Mardi 01 juin 2021

Le Pen, une avancée inéluctable?

  • Macron comme Le Pen profitent de la décrépitude des forces politiques traditionnelles
  • Jamais le Rassemblement national n’a semblé aussi proche de l’accès à l’Élysée, jamais auparavant Le Pen n’a eu autant de raison d’espérer

PARIS: La gauche accuse le président français, Emmanuel Macron, de mener une campagne de «karcherisation» à son égard. La droite l’accuse de chercher à la «dissoudre». Les deux s’accordent pour dire qu’il n’a eu de cesse, depuis son arrivée au pouvoir en 2017, de tenter de les affaiblir.

Certains vont jusqu’à lui prêter l’intention de vouloir faire le vide à sa droite et à sa gauche pour faire émerger l’extrême droite comme seule alternative à sa politique. Les deux n’ont pas tout à fait tort, ni tout à fait raison. Macron comme Le Pen profitent de la décrépitude des forces politiques traditionnelles.

Retour en 2017: l’état des lieux des forces politiques était loin d’être reluisant.

Perte de vitesse

Les partis traditionnels de droite et de gauche étaient en perte de vitesse, les électeurs étaient lassés, voire contrariés, de leur alternance stérile au pouvoir. Le parti de droite, Les Républicains (LR), de même que le Parti socialiste étaient usés; leurs pratiques respectives du pouvoir ont nourri chez les Français une sorte de défiance allant jusqu’au rejet.

Le corps politique de gauche comme de droite était nécrosé, il suffisait de le secouer pour qu’il s’effondre et permette à la France d’accéder au changement.

Les gouvernants se succédaient avec leurs recettes diverses, mais les problèmes du quotidien, de la dégradation du niveau de vie au chômage ou à l’insécurité, persistaient et même s’aggravaient.

Le corps politique de gauche comme de droite était nécrosé, il suffisait de le secouer pour qu’il s’effondre et permette à la France d’accéder au changement.

Double peine

C’est probablement l’analyse qu’a dû faire Macron, c’est d’ailleurs le défi qu’il a décidé de relever et qui l’a mené triomphalement à l’Élysée.

En 2017, le verdict des urnes avait donné lieu à une double peine.

Non seulement Macron est élu président, mais LR et socialistes sont hors jeu, puisqu’il a affronté au second tour des élections la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen, qui a récolté 33,9% [cf. site gouv.fr] des suffrages.

Chaque projet de réforme, chaque modification de loi faisait l’objet d’un bras de fer entre le pouvoir et la rue, par manque de confiance d’un côté et de projet convaincant et fédérateur de l’autre.

Ce score représentait une véritable montée en puissance du Rassemblement national sous la houlette de Marine Le Pen, après avoir été pendant plusieurs décennies un parti contenu en marge de l’échiquier politique français.

Poussée historique

Les élections législatives qui ont suivi la présidentielle sont venues conforter cette progression de l’extrême droite, avec une première, l’entrée de Marine Le Pen au Parlement à la tête d’un groupe de cinq députés.

Cette poussée historique était le fruit de plusieurs éléments, dont en tête l’aggravation continuelle de la crise économique et sociale, avec son lot de grèves multiples et d’opposition systématique à toute velléité de changement de la part des gouvernants.

Chaque projet de réforme, chaque modification de loi faisait l’objet d’un bras de fer entre le pouvoir et la rue, par manque de confiance d’un côté et de projet convaincant et fédérateur de l’autre.

«dédiabolisation»

Assoiffés de changement et de besoin de rupture, de plus en plus de Français, toutes classes sociales et toutes catégories d’âge confondues, se tournaient vers une extrême droite porteuse de promesses qu’ils n’ont pas encore expérimentées.

Il faut dire que cette tendance a été bien nourrie par la campagne de «dédiabolisation» entamée par la droite sarkozyste à l’égard des idées de l’extrême droite.

Ce pari qui avait pour objectif de couper l’herbe sous les pieds de Le Pen, sous prétexte de ne pas isoler les porteurs de ses idées, a tourné en sa faveur.

À ce jour, soit presque quatre ans après l’arrivée au pouvoir de Macron, droite et gauche peinent à se remettre sur pieds, incapables d’unifier leurs composantes et de trancher les rivalités et la guerre des egos entre leurs grandes personnalités.

En réalité, il a décomplexé les électeurs qui adhèrent à ses idées, tout en provoquant une profonde fracture toujours d’actualité au sein de la droite.

S’ajoute à cela une gauche inapte à se réinventer et à se reconstruire autour d’idées innovantes et d’une personnalité pouvant les incarner, et qui poursuit sa descente aux enfers, plus inaudible et plus affaiblie que jamais.

Guerre des egos

À ce jour, soit presque quatre ans après l’arrivée au pouvoir de Macron, droite et gauche peinent à se remettre sur pieds, incapables d’unifier leurs composantes et de trancher les rivalités et la guerre des egos entre leurs grandes personnalités.

Pendant ce temps, Le Pen édulcore son programme, en chasse les aspérités et adoucit ses propos.

Face à une classe politique en état de paralysie, et face à un président éreinté par une crise sanitaire qui a freiné – voire bloqué – ses élans réformateurs, les sondages promettent à Le Pen des lendemains qui chantent.

Jamais le Rassemblement national n’a semblé aussi proche de l’accès à l’Élysée, jamais auparavant Le Pen n’a eu autant de raison d’espérer.

Nouvel habillage

Sans avoir à déployer de grands moyens, elle déroule sereinement les éléments de son programme, toujours axé sur le repli, dans le cadre des prochaines élections régionales.

Avec un visage souriant et un verbe apaisé, elle cherche à incarner une sorte de douceur et même d’humilité…

Lors d’une conférence de presse à Nîmes où elle s’est rendue pour un meeting électoral, elle a proposé aux Français un slogan pétri de modestie: «Vous avez tout essayé, la droite, la gauche», et avec Macron «le pire de la droite et le pire de la gauche», alors «essayez-nous»!

Impossible de ne pas penser à une campagne de publicité pour un produit de consommation.

Ce nouvel habillage des idées lepénistes portera-t-il ses fruits ?

Éléments de réponse à l’issue du scrutin régional des 20 et 27 juin.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".