Macron reprend la route loin de Paris pour sortir de la crise

Emmanuel Macron rencontre des commerçants lors d'une visite pour marquer la réouverture des activités culturelles à Nevers, dans le centre de la France, le 21 mai 2021. Thibault Camus / POOL / AFP
Emmanuel Macron rencontre des commerçants lors d'une visite pour marquer la réouverture des activités culturelles à Nevers, dans le centre de la France, le 21 mai 2021. Thibault Camus / POOL / AFP
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Publié le Mardi 01 juin 2021

Macron reprend la route loin de Paris pour sortir de la crise

  • Après 14 mois de crise, Emmanuel Macron démarre cette semaine dans le Lot un "Tour de France" pour "prendre le pouls" des Français afin de fixer le cap des dix derniers mois de son quinquennat, ultime ligne droite avant la présidentielle
  • Savoir ce que le pays peut accepter, tel est l'un des objectifs de la dizaine de déplacements qu'il compte effectuer en juin et juillet parfois sur plusieurs jours. En terminant, peut-être fin juillet, par la Polynésie

PARIS: Après 14 mois de crise, Emmanuel Macron démarre cette semaine dans le Lot un "Tour de France" pour "prendre le pouls" des Français afin de fixer le cap des dix derniers mois de son quinquennat, ultime ligne droite avant la présidentielle.

Le chef de l'Etat visitera mercredi et jeudi les villages de Saint-Cirq-Lapopie et de Martel dans un département qui représente à ses yeux une "ruralité heureuse" mêlant reconquête industrielle, tourisme et racines historiques. Mais aussi l'un de ces lieux "qui permettent de comprendre ce qui est accepté en France et ce qui ne l'est pas", comme il l'a expliqué récemment à la revue Zadig.

Savoir ce que le pays peut accepter, tel est l'un des objectifs de la dizaine de déplacements qu'il compte effectuer en juin et juillet parfois sur plusieurs jours. En terminant, peut-être fin juillet, par la Polynésie.

"Dès le début du mois de juin, grâce au retour à une vie aussi normale que possible, je veux reprendre mon bâton de pèlerin et aller dans les territoires pour prendre le pouls du pays, aller au contact", avait-il annoncé à la presse régionale le 29 avril.

Avec ce "pèlerinage", comme le surnomment des conseillers, à l'instar de son "itinérance mémorielle" dans le Nord et l'Est en 2018 et de son "Grand débat" en 2019, Emmanuel Macron tente à nouveau d'établir un dialogue personnel, sans intermédiaire, avec un pays qu'il sait divisé. Une réponse à ceux qui l'accusent d'être déconnecté.

Il veut pour cela rencontrer des Français de toutes catégories, des salariés aux chefs d'entreprises, des indépendants aux étudiants, des associations aux élus locaux, selon l'Elysée.

Emmanuel Macron "adore" l'exercice et "depuis 15 mois il est coincé" par le Covid, explique le député LREM Roland Lescure. "Cela va nourrir sa réflexion" pour 2022, ajoute M. Lescure, alors que les oppositions avaient critiqué les plaidoyers sur plusieurs heures du chef de l'Etat pendant le Grand débat.

Le premier objectif est de faire connaître le plan de relance de 100 milliards, pas encore perçu concrètement sur le terrain. Si 36 milliards ont été engagés - mais pas encore décaissés - surtout pour la rénovation de bâtiments par les collectivités locales et les particuliers - Emmanuel Macron dispose d'une manne de 64 milliards encore à flécher.

"Après un an de crise, il faut savoir si les priorités des Français ont évolué. Pour les deux-tiers du plan de relance encore à engager, y a-t-il des priorités à soutenir davantage? Des simplifications pour que les acteurs locaux s'en emparent, afin qu'immédiatement après la crise la machine se remettre en marche? L'enjeu est majeur, car tous les pays vont se lancer dans la bataille de la relance", souligne à l'AFP le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Quelles réformes?

Deuxième objectif: arbitrer sur de grandes réformes suspendues par la crise, comme celle des retraites et celle de la dépendance qui pourraient être couplées. Ou encore sur le périmètre d'une "garantie jeune universelle" pour les défavorisés, en train d'être finalisée.

La majorité est divisée sur le bien-fondé de reprendre la bataille d'une réforme des retraites très controversée à l'approche de la présidentielle. La ministre du Travail Elisabeth Borne a affirmé dimanche que la crise sanitaire n'avait "pas du tout invalidé l'intérêt d'une réforme" mais qu'il fallait "voir" si elle était possible à mener dans les prochains mois.

Le président, qui dit vouloir gouverner "jusqu'au dernier quart d'heure", répète qu'il ne compte pas renoncer à "transformer le pays".

"Ces échanges sans filtre vont éclairer les décisions à prendre sur les réformes envisagées. Nous sortons de la crise, il va rester une dizaine de mois utiles", explique Gabriel Attal. Il pourra aussi en profiter pour valoriser son bilan.

A Saint-Circq-Laponie et Martel, deux villages médiévaux réputés, Emmanuel Macron soulignera en outre "l'importance du tourisme", un secteur "durement touché par la crise sanitaire", précise l'Elysée.

Le chef de l'Etat risque cependant, comme cela a été le cas récemment à Nevers, lors de son premier vrai bain de foule depuis le début de la crise du Covid, d'être surtout interpellé sur la sécurité, premier sujet de préoccupation des Français, ou encore l'immigration. 

Des thèmes phares du Rassemblement national, sur lesquels l'action d'Emmanuel Macron est perçue "plutôt comme un échec" par les deux-tiers des Français, selon un sondage BVA de fin avril.


Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: la France «doit appliquer les règles», estime Braun-Pivet

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.  L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire. L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
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  • La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif
  • "A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a estimé mardi qu'en tant que signataire du statut de la Cour pénale internationale, la France "doit appliquer les règles" et arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'il venait sur le territoire hexagonal.

"A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio.

La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"C'est toute la difficulté de la justice internationale (...), c'est quand même compliqué d'avoir une justice qui n'est pas reconnue par tous", a estimé la présidente de l'Assemblée française, défendant néanmoins "la stricte application du droit".

"En vertu de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas d'injonction à faire au gouvernement et au pouvoir exécutif", a-t-elle précisé, "mais, en tout état de cause, il nous faut tirer les conséquences de cette adhésion à la CPI, évidemment".

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.

L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI.

A l'inverse, la Hongrie a invité le chef du gouvernement israélien en signe de défiance.


Budget: «pas de catastrophe annoncée» tempère Braun-Pivet face aux menaces de censure

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
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  • "J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe"
  • Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025.

"J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe", a déclaré Mme Braun-Pivet, invitée sur Sud Radio.

"Le gouvernement peut présenter au Parlement ce qu'on appelle une loi spéciale pour prélever les impôts à partir du 1er janvier, il peut y avoir reconduction des dépenses par décret pour pouvoir payer les fonctionnaires, les retraités, etc. (...) Je ne veux pas inquiéter nos compatriotes. Nous sommes en responsabilité réelle", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur les pressions auxquelles est confronté le Premier ministre Michel Barnier - Marine Le Pen pour l'extrême droite puis Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu lundi leurs menaces de censure du gouvernement après leurs entretiens avec le locataire de Matignon - Yaël Braun-Pivet considère qu'il s'agit plutôt de "positions politiques".

"Le rôle du Premier ministre, lorsqu'il construit un budget, c'est de prendre en compte les expressions des parlementaires élus de la nation représentant les Français. (...) Il faut faire des choix et c'est justement ça qui lui incombe en tenant compte des opinions et des expressions politiques des uns et des autres".

Face à l'intention du RN de voter la censure si le budget restait "en l'état" selon Marine Le Pen, la présidente de l'Assemblée nationale a rappelé que la motion de censure est "un droit constitutionnel qui appartient aux parlementaires" et appelé à ce que "chacun se mette dans une position constructive pour le bien de notre pays".

Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts.

Le chef des députés macronistes Gabriel Attal, qui était reçu mardi matin avec les autres dirigeants du "socle commun", a redit lundi ses "doutes" à ce sujet mais jugé Marine Le Pen "totalement irresponsable", en marge d'un déplacement dans l'Orne.


France: la menace de la censure s'accroît sur le gouvernement Barnier

Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
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  • Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire
  • Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise

PARIS: Le risque de censure s'est accru lundi sur le gouvernement français: la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen et Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu leurs menaces en ce sens, après des entretiens avec le Premier ministre conservateur Michel Barnier.

Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire.

Une censure ne serait pas "le chaos", a souligné Mme Le Pen après avoir été reçue lundi par M. Barnier.

Alors que selon elle le Premier ministre a "campé sur ses positions", elle a affirmé que le RN ne "renoncer(ait) pas à défendre les Français", refusant de céder "à la petite musique (...) consistant à dire si jamais ce budget est refusé, s'il y a une censure, ça va être dramatique, ça va être le chaos".

Le RN est le parti comptant le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée (125 sur 577 sièges).

Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise (gauche radicale), Mathilde Panot, qu'il a reçue ensuite.

A sa sortie de l'entretien, Mme Panot a appelé "l'ensemble des députés", y compris du RN, à voter la motion de censure. Elle a prévu de la déposer avec ses alliés du Nouveau front populaire (NFP) si le Premier ministre utilisait l'article 49.3 de la Constitution -qui lui permet de faire passer un texte sans vote- pour forcer l'adoption de son budget 2025 décrié.

Mme Panot a "acté des désaccords profonds" avec M. Banier, le budget étant selon elle "le plus violent socialement et écologiquement" de la Ve République.

Alors que la France est lourdement endettée et que le gouvernement veut faire voter de nombreuses économies, la gauche et l'extrême droite, qui s'y opposent, pourraient le faire tomber ensemble.

"Jusqu'à présent, on avait une opposition de style entre la gauche et le RN", observe le politologue du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Olivier Costa. "La gauche souhaitait censurer le gouvernement Barnier dès que possible, l'estimant illégitime, alors que l'extrême droite souhaitait le laisser œuvrer pour s'afficher en parti responsable".

Mais "pour la première fois depuis que Barnier est en poste, il y a un risque réel d'avoir une motion de censure contre lui", souligne-t-il.

- "Mort politique" -

Un raidissement attribué par nombre d'analystes aux ennuis judiciaires de Marine Le Pen, qui à l'instar de son parti est accusée de détournements de fonds publics européens, pour un préjudice de 4,5 millions d'euros.

Les réquisitions ont été lourdes à l'encontre de Mme Le Pen: cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, ce qui signifie qu'elle deviendrait inéligible dès le prononcé du verdict, même en cas d'appel.

"C'est ma mort politique qui est réclamée", considère la candidate trois fois malheureuse à la présidentielle française, qu'une condamnation empêcherait de concourir à celle de 2027.

Alors que le RN refuse officiellement de lier une éventuelle censure à ses ennuis judiciaires, le chercheur Olivier Costa voit dans les déclarations à répétition de ses cadres une "stratégie d'agitation" médiatique.

"Si le gouvernement Barnier tombe, plus personne ne se souciera du procès des assistants parlementaires du RN, alors qu'ils sont actuellement sous le feu de la rampe", estime-t-il.

- "Chienlit" -

Le vote de la motion de censure pourrait intervenir dans la deuxième quinzaine de décembre, si le gouvernement a recours à l'article 49.3.

"Est-ce que le RN passera réellement à l'acte? Je ne sais pas", souligne toutefois le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po Paris, interrogé par l'AFP. Car il y aura selon lui "un coût politique" pour ceux qui feront tomber l'exécutif.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", parce qu'"il n'existe aucune majorité alternative au socle qui soutient le gouvernement", a estimé le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.

La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a elle évoqué le risque d'"un scénario à la grecque" pour la France, la censure du budget pouvant selon elle plonger le pays dans une crise financière.