Le colonel Goïta rentre conforté dans son double coup de force à la tête du Mali

Le colonel Assimi Goita à son retour d'Accra où il a rencontré les représentants de la CEDEAO. Photo prise à Bamako, le 31 mai 2021 / AFP
Le colonel Assimi Goita à son retour d'Accra où il a rencontré les représentants de la CEDEAO. Photo prise à Bamako, le 31 mai 2021 / AFP
Short Url
Publié le Mardi 01 juin 2021

Le colonel Goïta rentre conforté dans son double coup de force à la tête du Mali

  • Le colonel Goïta a écarté par la force il y a une semaine le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane
  • La Cédéao qui avait infligé un embargo commercial et financier au Mali en août 2020 s'est en revanche gardée cette fois de telles sanctions, générales ou visant les colonels

BAMAKO : Le colonel Assimi Goïta est rentré lundi au Mali avec pour tâche première de nommer un Premier ministre de transition, à présent que ses voisins ouest-africains ont paru prendre acte de son accession au pouvoir au prix de deux coups d'Etat.

L'ancien commandant de bataillon des forces spéciales est revenu du Ghana où les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se sont réunis dimanche pour un sommet extraordinaire exclusivement consacré au Mali. 

Ils devaient trancher l'épineuse question de la réponse à apporter au deuxième coup de force mené en neuf mois par Assimi Goïta et les colonels putschistes d'août 2020, dans un pays crucial pour la stabilité du Sahel confronté à la propagation jihadiste.

Le colonel Goïta a écarté par la force il y a une semaine le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane, cautions civiles de la transition ouverte après le coup d'Etat du 18 août 2020 et censée ramener les civils au pouvoir au bout de 18 mois.

Il s'est ensuite fait déclarer président de transition.

La Cédéao a suspendu dimanche le Mali de ses institutions.

Elle qui avait infligé un embargo commercial et financier au Mali en août 2020 s'est en revanche gardée cette fois de telles sanctions, générales ou visant les colonels.

Elle a certes condamné le coup d'Etat. Mais elle est restée silencieuse sur l'arrêt de la Cour constitutionnelle qui fait d'Assimi Goïta le président.

Fait accompli

Une mission de la Cédéao dépêchée la semaine dernière au Mali avait évoqué l'éventualité de sanctions. La France et les Etats-Unis, engagés militairement au Sahel, en avaient également brandi la menace.

Mais la Cédéao semble se rabattre sur l'exigence du respect de l'échéance de février 2022 pour la tenue d'élections présidentielle et législatives ramenant les civils au pouvoir. Et la France paraît s'être calée sur ces exigences.

"La Cédéao a fixé des règles qui sont pour nous le minimum. Ni la France ni ses partenaires n'ont vocation à s'engager si les exigences de la Cédéao ne sont pas respectées", a dit le président Emmanuel Macron.

Avant lui, le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian a déclaré que Paris partageait "la priorité absolue accordée par la Cédéao" au respect du calendrier.

De nouvelles mesures coercitives divisaient les dirigeants ouest-africains. En s'en tenant à une riposte largement jugée minimale, la Cédéao entérine la réalité de la présidence Goïta, ont réagi nombre d'experts. 

La Cédéao a décidé "d'acquiescer au fait accompli", a tweeté l'ancien envoyé spécial américain pour le Sahel Peter Pham, et, en ne disant rien sur l'accession du colonel Assimi Goïta à la présidence, "elle l'a implicitement reconnu chef de l'Etat".

Avertissement de Macron

En écartant le président et le Premier ministre, les colonels ont foulé aux pieds leur engagement, obtenu certes à grand-peine, à une transition conduite par des civils. Ils ont aussi semé le doute sur leur promesse de laisser la place début 2022.

Les élections doivent "à tout prix" être maintenues le 27 février 2022, a dit la Cédéao.

Les colonels vont "tout faire pour respecter" les échéances, a dit à l'AFP Youssouf Coulibaly, conseiller juridique du colonel Goïta, et par ailleurs président d'une influente commission dans le Conseil national de transition (CNT), qui fait office d'organe législatif.

Mais il a envisagé que les délais puissent être trop courts.

"Je pense qu'objectivement, les neuf mois (avant février 2022) ne sont pas suffisants pour la réalisation de tout ce qu'on a comme travail pour arriver à des élections stables et crédibles, qui ne feront l'objet d'aucune contestation", a dit Youssouf Coulibaly, sans qu'apparaisse clairement si ces déclarations reflétaient la réflexion du colonel Goïta.

La Cédéao a aussi appelé à la nomination "immédiate" d'un Premier ministre qui soit une personnalité "civile". 

Le président français, dont le pays déploie environ 5.100 soldats au Sahel, a averti dimanche que la France retirerait ses troupes si le Mali allait "dans le sens" d'un islamisme radical, possible mise en garde avant la désignation d'un Premier ministre qui se montrerait conciliant avec les jihadistes.

Les colonels se sont dits ouverts au dialogue avec certains chefs jihadistes. Et la personnalité la plus couramment citée pour le poste de chef de gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, est considérée comme ayant des rapports étroits avec l'influent imam conservateur Mahmoud Dicko, également favorable à un tel dialogue, rejeté par Paris.

Le colonel Goïta avait déclaré vendredi qu'un gouvernement pourrait être formé dans les prochains jours. 


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

 Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.