PARIS : Fini les critères d'âge ou d'état de santé: toute la population majeure de France est éligible depuis lundi à la vaccination contre le Covid-19, "étape clé" pour éviter un rebond de l'épidémie alors que les restrictions s'allègent peu à peu dans ce pays.
"Je suis totalement convaincu qu'on va voir beaucoup de monde se faire vacciner", a estimé sur la chaîne LCI Alain Fischer, le "monsieur vaccins" du gouvernement français, qualifiant ce nouvel élargissement de la campagne d'"étape clé" pour protéger la population et "retrouver une vie de plus en plus normale".
Mais les candidats doivent s'armer de patience: les réservations, qui ont démarré jeudi, arrivent de manière "progressive" sur les plateformes internet spécialisées (Doctolib, etc...), selon le ministre de la Santé Olivier Véran.
Encourageant ses compatriotes à faire de même, le président Macron, qui avait contracté le Covid-19 en décembre, a annoncé dans un tweet lundi soir que lui et son épouse Brigitte s'étaient fait vacciner.
Emmanuel Macron, 43 ans, n'a pas précisé quel vaccin il avait reçu. Il avait été testé positif le 17 décembre et son épouse sept jours plus tard.
25 431 357 personnes ont reçu au moins une injection en France (soit 38% de la population totale et 48,4% de la population majeure), parmi lesquelles 10 777 150 personnes ont reçu deux doses. Au 15 juin, "il y a de bonnes chances qu'on soit au-delà" de l'objectif du gouvernement de 30 millions de primo-vaccinés, selon le Pr Alain Fischer.
Avec "28 millions de personnes adultes éligibles à la vaccination et non vaccinées" pour "en moyenne 500 000 rendez-vous disponibles chaque jour", Doctolib a toutefois prévenu qu'il ne pourrait pas répondre à toutes les demandes au regard du "nombre encore limité de doses de vaccins, notamment Pfizer et Moderna".
Une nouvelle accélération des livraisons est prévue en juin, avec 76,7 millions de doses attendues après 44,5 millions en mai.
Le gouvernement veut aller plus loin: l'exécutif va "avancer" dans la semaine sur la vaccination des plus de douze ans, l'organisation de la campagne de vaccination cet été et les ex-malades du Covid pour lesquelles il faut "savoir si on peut ou pas (...) les dispenser d'une deuxième dose de vaccin", a indiqué lundi le Premier ministre Jean Castex.
Le directeur Europe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu vendredi que l'épidémie ne sera terminée qu'après la vaccination d'au moins 70% de la population mondiale. Il a déploré un "déploiement de la vaccination (...) encore trop lent", y compris en Europe.
Dans les 53 territoires que compte la région Europe selon les critères de l'OMS, seulement 26% de la population a reçu une première dose de vaccin.
Crainte des nouveaux variants
A travers le continent, la contagiosité de plus en plus accrue des nouveaux variants inquiète.
En Grande-Bretagne, la campagne de vaccination est largement plus avancée qu'en France. Près de 35 millions de personnes ont reçu une première dose, et plus de 16 millions une deuxième dose depuis début décembre. Ce succès, ainsi que plusieurs mois de confinement, ont entraîné une chute du nombre de contaminations et de décès liés au coronavirus dans le pays.
En Allemagne, après des débuts laborieux, la campagne de vaccination a fortement accéléré. Selon de récentes données de l'Institut Robert Koch, 41% des adultes ont reçu au moins une dose de vaccin, et près de 16% sont complètement immunisés.
En France, "sans vaccination massive, l'épidémie pourrait repartir", car "l'arrivée de nouveaux variants plus transmissibles" fait grimper la proportion de la population qui doit être vaccinée, prévient dans le Journal du Dimanche, Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur.
Les indicateurs sanitaires continuent de s'améliorer en France, avec 8 541 cas positifs recensés dimanche à travers le pays, et 16 775 malades du Covid soignés à l'hôpital, dont 2 993 en services de soins critiques, le chiffre le plus faible depuis fin janvier.
"Si la décrue se poursuit jusqu'au 9 juin, prochaine étape de la levée des restrictions, nous passerons un été tranquille", estime Arnaud Fontanet.
Pour ça, "les quinze jours à venir seront cruciaux", prévient le membre du conseil scientifique, qui guide le gouvernement, appelant les Français à ne pas relâcher les gestes barrière.