L'ex-magnat de l'automobile Carlos Ghosn entendu au Liban par la justice française

L'ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn (Photo, AFP)
L'ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 31 mai 2021

L'ex-magnat de l'automobile Carlos Ghosn entendu au Liban par la justice française

  • Au menu des questions: deux fêtes au château de Versailles, des flux financiers avec un distributeur commercial à Oman, ainsi que des prestations de conseil quand Carlos Ghosn était PDG de Renault-Nissan
  • L'ex-magnat « n'a pour lors aucune possibilité de contester la légalité de la procédure », constatent ses avocats

BEYROUTH: Des magistrats français en déplacement spécial au Liban ont entendu lundi l'ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, premier jour d'audition dans le cadre des enquêtes qui le visent à Nanterre et Paris notamment pour abus de biens sociaux. 

Au menu des séances d'interrogatoires prévues jusqu'à vendredi: deux fêtes au château de Versailles, dont une que la justice soupçonne d'avoir été organisée en l'honneur des 60 ans du patron déchu, des flux financiers avec un distributeur commercial à Oman, ainsi que des prestations de conseil quand Carlos Ghosn était PDG de Renault-Nissan. 

La première journée d'audition, entamée à 10H00 (07H00 GMT) à la Cour de Cassation de Beyrouth et entrecoupée d'une pause, s'est terminée peu avant 18H00, selon une source judiciaire. L'interrogatoire de M. Ghosn, entendu comme témoin, reprendra mardi à 10H00, selon la même source. 

Costume sombre, mallette à la main et masque de protection sur le visage, M. Ghosn était arrivé discrètement et est reparti sans être vu par les journalistes à l'extérieur du bâtiment. 

"C'est une occasion que M. Ghosn attendait depuis longtemps, montrant que les accusations portées contre lui sont sans fondements", a indiqué aux journalistes un de ses avocats, Jean-Yves Le Borgne, à l'issue de cette première journée. 

"C'est la toute première fois que notre client peut s'expliquer devant des juges avec ses avocats assis près de lui et après avoir préparé sa défense", a indiqué un autre avocat, Jean Tamalet. 

Agé de 67 ans et visé par un mandat d'arrêt d'Interpol, l'ancien homme d'affaires qui détient les nationalités libanaise, française et brésilienne avait fait la une des médias en arrivant au Liban en décembre 2019 après une fuite rocambolesque. 

Paiements suspects  

Arrêté en novembre 2018 à Tokyo, M. Ghosn avait été remis en liberté sous caution après plusieurs mois de détention, avec interdiction de quitter l'archipel dans l'attente de son procès pour des soupçons de malversations financières chez Nissan. 

Il s'est évadé du Japon vraisemblablement en se cachant dans un caisson de matériel audio à bord d'un jet privé, assurant ne pas avoir "fui la justice" mais "l'injustice". 

Les enquêteurs français s'intéressent à M. Ghosn notamment pour des soupçons d'abus de biens sociaux: en juillet 2020 un juge d'instruction avait demandé à l'entendre, mais il avait assuré ne pas pouvoir quitter le Liban. 

Des juges d'instruction de Nanterre et de Paris ont donc fait le déplacement pour l'audition, qui se déroule en présence d'enquêteurs de l'Office anticorruption, mais aussi d'un procureur libanais. 

A Nanterre, la justice soupçonne Carlos Ghosn d'avoir tiré un bénéfice personnel d'une convention de mécénat entre Renault et l'établissement qui gère le Château de Versailles, en y organisant deux soirées. 

Les enquêteurs se penchent aussi sur plusieurs millions d'euros de paiements considérés suspects entre RNBV, filiale néerlandaise incarnant l'alliance Renault-Nissan, et le distributeur du constructeur automobile français à Oman, Suhail Bahwan Automobiles (SBA). 

Dernier rebondissement: une nouvelle plainte, déposée le 18 mai. Une actionnaire de Renault accuse Carlos Ghosn d'avoir fait verser par le groupe automobile des "sommes conséquentes" à RNBV à "l'insu des actionnaires". 

A Paris, après une plainte de la même actionnaire, des juges d'instruction s'intéressent depuis 2019 à des prestations de conseil conclus par RNBV avec l'ancienne ministre française de la Justice Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer, qui nient toute irrégularité des contrats. 

"Irrégularités de procédure" 

"La défense a d'ores et déjà identifié dans les dossiers français des irrégularités de procédure qu'elle estime graves", avaient dénoncé les trois avocats de M. Ghosn avant les interrogatoires. 

"Ces anomalies, qui fragilisent le processus judiciaire, proviennent des méthodes singulières de l'enquête japonaise qui demeure la source principale des dossiers français." 

L'ex-magnat "n'a pour lors aucune possibilité de contester la légalité de la procédure", constatent ses avocats. "Seul le statut de mis en examen", qu'ils "appellent de (leurs) voeux, lui permettra de dénoncer les vices juridiques affectant le dossier et de faire réaliser des auditions". 

En étant mis en examen, M. Ghosn pourrait avoir accès au dossier, connaître les charges qui pèsent sur lui, mais surtout demander des actes (contre-expertises, auditions de témoins, confrontations, etc.). 

Mais cette mise en examen ne pourra pas intervenir tant que M. Ghosn n'est pas sur le sol français. 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".