Pandémie en Inde: une crise alimentaire pour des millions de personnes

La pandémie a ruiné des années d'efforts sur le front de la réduction de la pauvreté. Et les experts s'inquiètent de ce que beaucoup restent en proie à des difficultés pendant longtemps, même après la levée des restrictions. (Photo, AFP)
La pandémie a ruiné des années d'efforts sur le front de la réduction de la pauvreté. Et les experts s'inquiètent de ce que beaucoup restent en proie à des difficultés pendant longtemps, même après la levée des restrictions. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 30 mai 2021

Pandémie en Inde: une crise alimentaire pour des millions de personnes

  • «La crise est double pour les pauvres. Il y a la crise sanitaire mais aussi une crise des revenus»
  • Lors du premier confinement, 100 millions de personnes ont perdu leur emploi en Inde

NEW DELHI: Rasheeda Jaleel vit au quotidien avec l'une des pires angoisses pour une mère de famille: la hantise de ne pas pouvoir nourrir ses sept enfants. Car la nouvelle vague épidémique l'a plongée, à l'instar de millions d'Indiens, dans un dénuement presque total.

Au point que cette femme de 40 ans, son mari Abdul Jaleel, 65 ans, et leurs enfants ne prennent plus désormais qu'un repas par jour.

"Quand nous avons faim ou soif, je me sens totalement impuissante et angoissée. "Comment allons-nous survivre comme ça"", dit-elle dans son petit appartement de Delhi en préparant des galettes de pain pour leur unique repas de la journée.

"Nous nous débrouillons en fonction de ce que mon mari arrive à gagner. Si ce n'est pas suffisant, je ne mange pas pour nourrir les enfants."

Ces huit dernières semaines, le coronavirus a fait 160 000 morts en Inde, un pays où les hôpitaux sont surchargés, et où nombre d'entreprises ont fermé.  

Mais au-delà de la pandémie, une autre crise menace à en croire les experts, avec une progression de la malnutrition dans les populations indiennes les plus pauvres qui avaient déjà été durement éprouvées par la première vague épidémique de 2020.

«Emprunter ou voler»

"La crise est double pour les pauvres. Il y a la crise sanitaire mais aussi une crise des revenus", explique Anjali Bhardwaj, de l'organisation Right to Food Campaign.

"Il y a eu une crise sanitaire énorme (...) et beaucoup ont dû dépenser les économies de toute leur vie pour payer les soins des membres de leur famille."

Environ 230 millions d'Indiens sont tombés en 2020 dans la pauvreté, à savoir le fait de devoir vivre avec moins de 375 roupies (4,25 euros) par jour, selon une étude de la Azim Premji University de Bangalore.

Plus de 7,3 millions d'emplois ont été perdus au seul mois d'avril, à en croire le Centre pour l'observation de l'économie indienne. 

"Beaucoup de gens sont tombés dans la pauvreté l'année dernière, ils se sont endettés et en ont été réduits à faire des économies sur la nourriture", explique le professeur associé Amit Basole, un des auteurs de l'étude.

"La deuxième vague déferle sur une situation déjà très précaire."

Employé du BTP, Abdul Jaleel s'est retrouvé sans emploi quand les chantiers ont fermé du fait du confinement ordonné à Delhi. Il s'est reconverti en conducteur de rickshaw.

Il ne gagne plus que 100 roupies par jour, contre 500 auparavant.

"Il y a même des jours où je ne gagne rien", dit-il. 

"En tant que parents, on doit joindre les deux bouts d'une manière ou d'une autre, que ce soit en faisant la manche, en empruntant ou en volant", assure-t-il. "Nous n'avons pas le choix."

«Cercle vicieux»

Lors du premier confinement, 100 millions de personnes ont perdu leur emploi en Inde. Environ 15% d'entre eux n'avaient pas retrouvé de travail à la fin 2020, malgré la levée des restrictions, selon l'étude de la Azim Premji University.

Et beaucoup de ceux qui ont retrouvé un emploi ont dû accepter d'être moins bien payés, ce qui les a rendus plus vulnérables au moment de la deuxième vague.

On estime par ailleurs à 100 millions -parmi lesquels les Jaleel- le nombre d'Indiens qui n'ont pas de ticket de rationnement émis par le gouvernement et qui donne accès à une aide alimentaire, selon Anjali Bhardwaj.

Son organisation milite pour que les nécessiteux puissent bénéficier d'une aide alimentaire même s'ils n'ont pas une telle carte.

La pandémie a ruiné des années d'efforts sur le front de la réduction de la pauvreté. Et les experts s'inquiètent de ce que beaucoup restent en proie à des difficultés pendant longtemps, même après la levée des restrictions.

"La crainte est de s'embourber dans une économie qui sera déprimée pendant longtemps parce que la demande restera en berne du fait de la baisse du pouvoir d'achat induit par la crise de l'emploi", s'inquiète Amit Basole. "Comme les emplois disparus ne seront pas recréés, ce sera un cercle vicieux."

Bhupinder Singh, un employé du secteur de la micro-finance qui a participé à des distributions alimentaires pendant les deux confinements, a vu le désespoir progresser chez les centaines de personnes sans emploi qui dorment dehors, près d'une autoroute de Delhi.

A chaque fois qu'il participe à la distribution alimentaire, son arrivée est accueillie par des cris de joie et une longue file d'attente se forme à l'arrière de sa voiture.

"Les gens sont coincés ici dans le désespoir", explique Sunil Thakur, 50 ans, qui a perdu son travail dans un hôtel pendant le confinement.

"S'ils viennent avec de la nourriture, nous pouvons manger. Sinon, nous restons avec la faim."


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.