L'Irak, terrain fertile pour la désinformation

Après l'incendie de l'hôpital Ibn Al-Khatib à Bagdad qui avait causé la mort de 82 personnes, des Irakiens avaient paniqué en lisant sur les réseaux sociaux que d'autres hôpitaux avaient pris feu. Là encore, totalement faux. (Photo, AFP)
Après l'incendie de l'hôpital Ibn Al-Khatib à Bagdad qui avait causé la mort de 82 personnes, des Irakiens avaient paniqué en lisant sur les réseaux sociaux que d'autres hôpitaux avaient pris feu. Là encore, totalement faux. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 mai 2021

L'Irak, terrain fertile pour la désinformation

  • «Il s'agit de campagnes de milliers de publications, notamment sur Twitter, avec des objectifs politiques», menées tant par des factions pro-Iran
  • Parfois, les infox prennent un caractère plus politique, attisant les tensions confessionnelles toujours latentes dans le pays.

BAGDAD: Théories du complot, annonces fallacieuses d'attentats, attaques ad hominem et calomnies contre des adversaires en tout genre... En Irak, les fausses informations foisonnent en ligne, où elles attisent les divisions politiques et confessionnelles.

"A coup d'infox, l'Irak est devenu un champ de bataille virtuel entre l'Iran et l'Occident et tous les coups sont permis", explique à l'AFP un des fondateurs de Tech 4 Peace, une ONG irakienne spécialisée dans la traque des fausses informations diffusées sciemment, en particulier sur les réseaux sociaux. 

Selon le fondateur de Tech 4 Peace, qui a requis l'anonymat, "il y a chaque jour sur les Facebook et Twitter irakiens des centaines de publications de fausses informations", que ce soit dans les domaines politiques, sociaux, sécuritaires ou économiques.

Ces infox sont publiées "par de prétendues agences de presse", purement fictives, explique-t-il.

«Service de surveillance»

Dans un pays qui a connu près de deux décennies de guerre civile et de crises, le problème est tel que le ministère de l'Intérieur a créé un "service de surveillance" regroupant plusieurs personnes chargées de traquer les informations à la télévision et sur les réseaux sociaux. 

"Quand une information leur paraît suspecte, ils donnent l'alerte", et une enquête est menée auprès des ministères concernés pour la confirmer ou l'infirmer, affirme le général de police Nebras Mohammad, à la tête de ce département.

Mais le succès reste limité. Seules 34 000 personnes suivent le compte Facebook de ce "service de surveillance", sur plus de 25 millions d'utilisateurs de réseaux sociaux en Irak en 2021, selon le site spécialisé DataReportal.

"Je ne fais pas confiance aux informations que je lis, qu'elles soient gouvernementales ou non", résume Abdallah, un étudiant 24 ans qui assure consacrer beaucoup de temps à vérifier lui-même les informations qu'il reçoit sur son portable.

Pour le fondateur de Tech 4 Peace, "Facebook est le principal vecteur d'infox en Irak". Par exemple, des internautes s'y sont divisés ces dernières semaines en lisant qu'un jeune de Mossoul avait épousé le même jour quatre jeunes filles. Il s'agissait en fait d'une publicité d'un salon de beauté.

Après l'incendie de l'hôpital Ibn Al-Khatib à Bagdad qui avait causé la mort de 82 personnes, des Irakiens avaient paniqué en lisant sur les réseaux sociaux que d'autres hôpitaux avaient pris feu. Là encore, totalement faux.

Divisions confessionnelles

Parfois, les infox prennent un caractère plus politique, attisant les tensions confessionnelles toujours latentes dans le pays.

"Il s'agit de campagnes de milliers de publications, notamment sur Twitter, avec des objectifs politiques", menées tant par des factions pro-Iran.

Fin août 2020, par exemple, s'était propagée une rumeur après l'arrestation dans le sud chiite de l'Irak du propriétaire d'une voiture chargée d'explosifs et qui venait soi-disant de Tikrit, une ville au nord de Bagdad et à majorité sunnite.

Mais d'autres assuraient que le propriétaire était membre du Hachd al-Chaabi, une coalition paramilitaire intégrée à l'Etat irakien et composée de factions chiites fidèles à l'Iran.

Au final, les deux versions étaient fausses et il s'agissait d'un criminel n'appartenant à aucune organisation politique, selon les autorités.

Pour lutter contre le danger de ces rumeurs, la section anti-"fake news" du ministère de l'Intérieur assure avoir renforcé les "campagnes de terrain", en distribuant des tracts pédagogiques aux passants. 

Nebras Mohammad assure également discuter "avec les blogueurs pour leur faire connaître les conséquences juridiques" de la publication de fausses informations. Mais cela n'a manifestement que peu d'effets. 

Une loi sur la pénalisation des fausses informations existe pourtant depuis 1969, à l'époque du dictateur Saddam Hussein. Un nouveau projet de loi doit aussi être discuté au Parlement pour lutter contre les délits en ligne. Mais il pourrait, selon Human Rights Watch, "porter atteinte à la liberté d'expression en Irak". 


Turquie: dix-neuf personnes incarcérées après l'incendie d'un hôtel de montagne

pompiers et un pompier, ainsi que le directeur d'un autre établissement appartenant au même propriétaire que l'établissement sinistré, ont été déférés devant la justice et écroués, selon Anadolu. (AFP)
pompiers et un pompier, ainsi que le directeur d'un autre établissement appartenant au même propriétaire que l'établissement sinistré, ont été déférés devant la justice et écroués, selon Anadolu. (AFP)
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  • Dix-neuf personnes ont été arrêtées et placées en détention au terme de leur garde à vue, dans l'enquête sur l'incendie d'un hôtel de montagne en Turquie qui a fait 78 morts la semaine dernière
  • Vendredi, trois jours après l'incendie survenu le 21 janvier, le propriétaire de l'hôtel Grand Karta et son gendre avaient été arrêtés, ainsi que le chef électricien et le chef cuisinier

ANKARA: Dix-neuf personnes ont été arrêtées et placées en détention au terme de leur garde à vue, dans l'enquête sur l'incendie d'un hôtel de montagne en Turquie qui a fait 78 morts la semaine dernière, annonce lundi l'agence étatique Anadolu.

L'adjoint au maire de Bolu, chef-lieu proche de la station de ski de Kartalkaya où a eu lieu le drame, le chef-adjoint des pompiers et un pompier, ainsi que le directeur d'un autre établissement appartenant au même propriétaire que l'établissement sinistré, ont été déférés devant la justice et écroués, selon Anadolu.

L'enquête se concentre sur les responsables de l'hôtel, des secours et sur la municipalité de Bolu.

Vendredi, trois jours après l'incendie survenu le 21 janvier, le propriétaire de l'hôtel Grand Karta et son gendre avaient été arrêtés, ainsi que le chef électricien et le chef cuisinier.

Les rescapés et les experts arrivés sur les lieux du drame ont dénoncé l'absence de système d'alarme et de détecteurs de fumée en état de marche, de sprinklers (extincteurs automatiques à eau), d'escaliers sécurisés et de moyens d'accès des pompiers aux façades de l'établissement de douze étages, situé en surplomb des pistes de ski.

Selon le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya, 238 clients, principalement des familles avec enfants, se trouvaient dans l'hôtel lors du sinistre, survenu en pleine nuit et pendant les vacances scolaires d'hiver.


Liban: 22 morts dans le sud, l'accord de trêve avec Israël prolongé, annonce Washington

L'armée, qui se redéploie au fur et à mesure qu'Israël se retire, a annoncé dimanche soir qu'elle "continuait d'accompagner les habitants". (AFP)
L'armée, qui se redéploie au fur et à mesure qu'Israël se retire, a annoncé dimanche soir qu'elle "continuait d'accompagner les habitants". (AFP)
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  • Israël a affirmé que ses soldats avaient lancé "des tirs de sommation pour éliminer des menaces dans plusieurs zones où des suspects ont été identifiés en train de s'approcher des troupes", ajoutant avoir "appréhendé des suspects"
  • Les Casques bleus, qui ont estimé que les conditions d'un retour des habitants n'étaient "pas encore réunies", ont déclaré qu'il était "impératif d'éviter toute détérioration supplémentaire de la situation"

BOURJ-EL MOULOUK: L'accord de cessez-le-feu au Liban a été prolongé jusqu'au 18 février, ont annoncé les Etats-Unis, après que des centaines d'habitants du sud du Liban ont tenté de retourner dans leurs villages dimanche, certains toujours occupés par les forces israéliennes qui ont tiré dans leur direction et fait 22 morts selon les autorités libanaises.

Des correspondants de l'AFP ont vu des convois de dizaines de voitures, où flottaient les drapeaux jaunes du Hezbollah, converger vers des villages dévastés par la guerre entre l'armée israélienne et le mouvement pro-iranien.

L'armée israélienne a tiré dans plusieurs localités frontalières sur "des citoyens qui tentaient de revenir dans leurs villages", faisant 22 morts, dont un soldat libanais et six femmes, et 124 blessés, selon le ministère libanais de la Santé.

Israël a affirmé que ses soldats avaient lancé "des tirs de sommation pour éliminer des menaces dans plusieurs zones où des suspects ont été identifiés en train de s'approcher des troupes", ajoutant avoir "appréhendé des suspects".

Les Casques bleus, qui ont estimé que les conditions d'un retour des habitants n'étaient "pas encore réunies", ont déclaré qu'il était "impératif d'éviter toute détérioration supplémentaire de la situation" et appelé l'armée israélienne à "éviter de tirer sur des civils en territoire libanais".

En vertu de l'accord qui a mis fin le 27 novembre à la guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien, l'armée israélienne était censée avoir achevé dimanche son retrait du sud du Liban où seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU pourront être déployés. Mais Israël a annoncé vendredi que l'opération se poursuivrait au-delà de cette date, affirmant que l'accord n'a pas été totalement appliqué par le Liban.

La Maison Blanche a finalement annoncé dimanche la prolongation de "l'accord entre le Liban et Israël, supervisé par les Etats-Unis, (...) jusqu'au 18 février 2025", dans un bref communiqué.

"Le gouvernement libanais réaffirme son engagement (..) à poursuivre la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu jusqu'au 18 février 2025", a confirmé tôt lundi le Premier ministre libanais Najib Mikati dans un communiqué, après s'être concerté avec le président Joseph Aoun et le chef du Parlement Nabih Berri "au sujet (..) des résultats des contacts menés avec la partie américaine chargée de superviser l'accord".

"Nous allons revenir" 

Dans une première réaction officielle, le Hezbollah, sorti affaibli de la guerre, a salué "un jour glorieux" et une "scène de fierté écrite par le grand peuple de la résistance (à Israël, ndlr) qui prouve à nouveau son attachement profond à sa terre".

Le mouvement a appelé les pays garants de l'accord à "assumer leurs responsabilités face aux violations et aux crimes de l'ennemi israélien, et à l'obliger à se retirer entièrement".

Un mécanisme de surveillance réunissant la France, les Etats-Unis, le Liban, Israël et les Casques bleus a été mis en place pour surveiller l'application de l'accord.

Un correspondant de l'AFP a vu des centaines d'habitants dans la ville de Bint Jbeil se rassembler dans la rue principale pour prier collectivement, avant de se diriger en cortège vers les villages voisins.

Selon lui, des dizaines d'habitants de la localité frontalière de Maïss al-Jabal se sont dirigés à pied vers le village dévasté, où l'armée israélienne est toujours déployée.

Ils brandissaient des portraits de l'ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, tué par Israël fin septembre, et des photos de leurs proches qui ont péri durant la guerre.

"Nous allons revenir dans nos villages et l'ennemi israélien va partir, même si cela fera des martyrs", a affirmé à l'AFP Ali Harb, un jeune homme de 27 ans qui tentait de revenir dans le village dévasté de Kfarkila.

Parallèlement au retrait israélien, l'accord prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire restante dans le sud.

Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé sur X les habitants du sud à "attendre" avant de revenir.

"Accompagner les habitants" 

Le président libanais Joseph Aoun a invité les habitants à faire preuve de "sang-froid" et à "avoir confiance en l'armée libanaise", "soucieuse d'assurer votre retour en sécurité dans vos foyers et vos villages".

L'armée, qui se redéploie au fur et à mesure qu'Israël se retire, a annoncé dimanche soir qu'elle "continuait d'accompagner les habitants".

Elle a ajouté "se tenir à leurs côtés pour les protéger face aux attaques israéliennes", accusant l'armée israélienne de "refuser de respecter le cessez-le-feu et de se retirer" du territoire libanais.

Le président français Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'un entretien au téléphone, de "retirer ses forces encore présentes au Liban", selon l'Elysée.

Il s'agit du plus grave développement depuis l'élection de Joseph Aoun, soutenu par la communauté internationale, le 9 janvier.

Disant agir en soutien au Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël au lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza. Ce front avait dégénéré en guerre ouverte en septembre dernier.

 


La Ligue arabe dit que le déplacement des Palestiniens de Gaza serait du «nettoyage ethnique»

 La Ligue arabe a mis en garde dimanche contre "les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre", après que le président américain Donald Trump a suggéré de "nettoyer" la bande de Gaza. (AFP)
La Ligue arabe a mis en garde dimanche contre "les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre", après que le président américain Donald Trump a suggéré de "nettoyer" la bande de Gaza. (AFP)
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  • L'Egypte a rejeté dimanche tout déplacement forcé des Palestiniens, après la proposition du président américain Donald Trump d'envoyer les habitants de Gaza vers l'Egypte et la Jordanie
  • La Jordanie, qui accueille 2,3 millions de réfugiés palestiniens, a elle aussi maintes fois exprimé son rejet de tout projet visant à en faire une "patrie alternative" pour les habitants de la bande de Gaza

LE CAIRE: La Ligue arabe a mis en garde dimanche contre "les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre", après que le président américain Donald Trump a suggéré de "nettoyer" la bande de Gaza et déplacer sa population vers l'Egypte et la Jordanie.

"Le déplacement forcé et l'expulsion de personnes de leur terre ne peuvent être qualifiés autrement que de nettoyage ethnique", a déclaré le secrétariat général de l'organisation dans un communiqué.

L'Egypte rejette tout déplacement forcé des Palestiniens

L'Egypte a rejeté dimanche tout déplacement forcé des Palestiniens, après la proposition du président américain Donald Trump d'envoyer les habitants de Gaza vers l'Egypte et la Jordanie.

Dans un communiqué, le ministère égyptien des Affaires étrangères a réaffirmé "le soutien constant de l'Egypte à la résilience du peuple palestinien sur sa terre".

Il a rejeté "toute atteinte à ces droits inaliénables, qu'il s'agisse de colonisation, d'annexion de terres, de dépeuplement de ces terres par déplacement, d'encouragement au transfert ou de déracinement des Palestiniens de leur territoire, que ce soit de manière temporaire ou permanente".

Donald Trump a évoqué samedi l'idée d'un plan visant à "faire le ménage" dans la bande de Gaza, disant vouloir envoyer les Palestiniens de ce petit territoire palestinien vers l'Egypte et la Jordanie pour obtenir la paix.

La Jordanie, qui accueille 2,3 millions de réfugiés palestiniens, a elle aussi maintes fois exprimé son rejet de tout projet visant à en faire une "patrie alternative" pour les habitants de la bande de Gaza.