Le Salvador découvre le visage du pire tueur en série de sa violente histoire criminelle

Pour Jannet Aguilar, le cas de l'ancien policier «s'inscrit dans un processus d'instauration d'une culture de violence extrême» favorisée par l'impunité dont jouissent trop souvent les criminels au Salvador. (Photo, AFP)
Pour Jannet Aguilar, le cas de l'ancien policier «s'inscrit dans un processus d'instauration d'une culture de violence extrême» favorisée par l'impunité dont jouissent trop souvent les criminels au Salvador. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 mai 2021

Le Salvador découvre le visage du pire tueur en série de sa violente histoire criminelle

  • Tout a été découvert «grâce à elle, qui s'est enfuie, laissant des traces de sang sur la porte d'entrée de ce criminel. Sans cela, il aurait continué»
  • «Quatorze autres cadavres ont été exhumés» dans un terrain appartenant à l'ancien policier, en face de sa maison,

CHALCHUAPA: Les Salvadoriens découvrent avec horreur le visage d'un ancien policier, Hugo Osorio, 51 ans, qui pourrait être le pire tueur en série de ce pays pourtant accoutumé à la violence extrême des gangs criminels.

Hugo Osorio, un homme robuste d'1m70, est entré dans la police en 1997 mais il en avait été chassé en 2005 après des accusations d'abus sexuels sur mineure pour lesquels il a purgé une peine de prison jusqu'en 2011.

"C'est un type complétement cinglé", assène le criminologue judiciaire Israel Ticas : dans sa maison, les policiers ont trouvé une image de la "Santa Muerte" ("Notre Dame de la Sainte Mort"), des cierges et des masques avec lesquels le tueur terrifiait sans doute ses victimes au cours de "rituels", selon l'expert.

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Selon des journalistes, au total, une quarantaine de corps pourraient être découverts. (Photo, AFP)

Dans la nuit du 7 mai, ce sont les cris de Jackeline Cristina Palomo, 26 ans, la dernière victime d'Hugo Osorio, qui ont mis fin à la carrière criminelle de l'ancien policier.

Alarmés, les voisins d'Hugo Osorio dans la rue Estévez, à Chalchuapa (environ 90 km à l'ouest de la capitale San Salvador), ont appelé la police. Depuis, les enquêteurs ont déjà exhumé 18 cadavres.

Jusque là, l'ancien policier n'avait pas attiré l'attention de ses voisins. Mais cette nuit-là, il a poursuivi sa proie qui tentait de s'enfuir en criant, l'a rattrapée à la porte et l'a tuée avec une barre de fer, selon les enquêteurs.

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Une équipe médico-légale a enlevé jeudi les cadavre d'au moins 14 personnes tuées par un gang dirigé par un ancien policier qui a enterré les victimes chez lui dans l'ouest du Salvador.

Traces de sang sur la porte

Tout a été découvert "grâce à elle, qui s'est enfuie, laissant des traces de sang sur la porte d'entrée de ce criminel. Sans cela, il aurait continué", constate José Cruz, le grand-père de Jackeline.

Dans la maison d'Hugo Osorio, les policiers ont découvert le cadavre de Jackeline et de sa mère, Mirna. Un peu plus loin, près d'une fosse déjà creusée, gisaient le corps d'Alexis, le frère cadet de Jackeline, âgé de 24 ans, et celui d'un autre homme... le propre frère d'Hugo Osorio.

La famille avait payé 7 000 dollars au frère de l'ancien policier, qui se faisait fort de faire passer Alexis aux Etats-Unis, a encore expliqué le grand-père.

"Quatorze autres cadavres ont été exhumés" dans un terrain appartenant à l'ancien policier, en face de sa maison, a indiqué le ministre de la Justice et de la Sécurité Gustavo Villatoro.

Selon des journalistes, au total, une quarantaine de corps pourraient être découverts.

«Psychopathe sexuel»

Devant la maison, chaque jour, des proches de personnes disparues viennent aux nouvelles.

Une photo à la main, comme tous ceux qui se présentent là, Telma Mancia, 55 ans, est à la recherche de sa petite-fille Camila, depuis sa disparition le 15 avril 2020 à l'âge de 17 ans. "Je ne peux pas dormir", dit Telma : "je voudrais la retrouver vivante, mais si elle ne l'est pas, je dois la chercher pour lui donner une sépulture chrétienne", explique-t-elle.

La majorité des corps jusqu'ici découverts sont ceux de femmes. Les chefs d'accusations comptabilisent au moins 11 cas de féminicides aggravés.

Au Salvador, un pays de 6,7 millions d'habitants, 70 femmes ont été tuées en 2020, et plus d'une certaine en 2019, selon les chiffres officiels.

Les enquêteurs décrivent Hugo Osorio comme "un psychopathe sexuel" ou parlent d'un "tueur en série" qui "chassait" ses proies sur les réseaux sociaux en offrant soit du travail, soit de l'aide pour émigrer aux Etats-Unis.

Pour Jannet Aguilar, une chercheuse indépendante qui travaille pour des fondations et des agences de l'ONU et de l'Union européenne, le cas de l'ancien policier "s'inscrit dans un processus d'instauration d'une culture de violence extrême" favorisée par l'impunité dont jouissent trop souvent les criminels au Salvador.

Selon Mme Aguilar, il y a eu au Salvador plus de 40 000 disparitions au cours des 15 dernières années : "le pays n'a pas idée de l'envergure qu'a atteint ce phénomène (...) car cela a été caché, occulté".


La CPI ne se laissera pas influencer par les «Goliath» de ce monde, promet son procureur

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
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  • Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza
  • La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine

NATIONS UNIES : Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a assuré mardi qu'il ne se laisserait pas "influencer" par les "Goliath" de ce monde, en référence aux menaces le visant dans des dossiers liés à la guerre en Ukraine et à Gaza.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur son enquête sur les crimes de guerre en Libye, Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza.

"On peut se demander si l'efficacité de la CPI dans ce dossier n'est pas affectée par un projet de loi (...) visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans des enquêtes contre les Etats-Unis ou ses alliés",  a lancé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, en référence à des informations rapportées par la presse sur un projet en ce sens d'élus au Congrès américains.

"Je veux le rassurer, (...) nous ne nous laisserons pas influencer, que ce soit par des mandats d'arrêt de la Russie contre moi ou des membres élus de la Cour, ou par n'importe quel élu d'une autre juridiction", a répondu Karim Kahn, évoquant des "menaces" personnelles et contre son bureau pour les forcer à "arrêter".

La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour son rôle dans la déportation d'enfants en Ukraine.

Début mai, la CPI avait déjà lancé une mise en garde aux "individus qui (la) menacent de représailles", elle ou son personnel, en affirmant que de telles actions pourraient constituer une "atteinte à l'administration de la justice".

Elle s'exprimait suite à des informations selon lesquelles la Cour s'apprêtait à délivrer des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien -dont pourrait faire partie le Premier ministre Benjamin Netanyahu- en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza en riposte à l'attaque du Hamas.

"Nous avons un devoir de nous battre pour la justice, de nous battre pour les victimes", a insisté Karim Khan mardi devant les membres du Conseil de sécurité.

"Je suis bien conscient qu'il y a des Goliath dans cette salle. Des Goliath avec du pouvoir, de l'influence", mais "nous avons la loi", a-t-il ajouté, assurant qu'il ferait son travail "avec intégrité et indépendance".

 

 


Poutine en Chine cette semaine, en quête d'un soutien plus fort de Pékin

Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine
  • Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était «sans limites»

PEKIN: Le président russe Vladimir Poutine se rendra en Chine cette semaine avec l'espoir d'obtenir de son "cher ami" Xi Jinping un plus net soutien à sa guerre en Ukraine, une visite annoncée mardi par les deux pays.

Le dirigeant russe "effectuera une visite d'Etat en Chine du 16 au 17 mai", jeudi et vendredi, a annoncé une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022.

Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était "sans limites". Depuis, leur relation diplomatique et commerciale s'est renforcée.

"Le président Xi Jinping procédera à un échange de points de vue avec le président Poutine sur les relations bilatérales, la coopération dans divers domaines et les questions internationales et régionales d'intérêt commun", a précisé un autre porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, lors d'un point presse régulier.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux présidents évoqueraient leur "partenariat global et leur coopération stratégique" et "définir(aient) les domaines-clés de développement de la coopération russo-chinoise, tout en échangeant aussi leurs points de vue sur les questions internationales et régionales".

De nombreux experts estiment que la Russie est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue un partenaire économique crucial face à l'avalanche de sanctions occidentales décrétées en réaction à son offensive militaire.

Baisse des exportations 

Ces derniers mois, Pékin a balayé à plusieurs reprises les critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, tout en profitant d'importations à prix cassé de gaz et de pétrole de son voisin.

Mais sans vouloir pour autant renforcer son soutien.

"Les Russes veulent que la Chine fasse davantage pour les soutenir, ce que la Chine hésite à faire parce qu'elle ne veut pas compromettre ses relations avec l'Occident", explique à l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d'euros) en 2023, selon les Douanes chinoises.

Mais les exportations chinoises vers son voisin ont chuté en mars et avril cette année, alors que Washington menace de sanctions les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe.

Effrayées par ces menaces de sanctions, qui viendraient porter un nouveau coup à une économie chinoise déjà fragile, les banques du géant asiatique sont devenues récemment plus prudentes dans leurs transactions avec la Russie, les suspendant ou les réduisant.

"Les banques chinoises s'inquiètent de l'impact pour leur réputation et cherchent à éviter de grosses sanctions", souligne Elizabeth Wishnick, spécialiste des relations sino-russes au centre de réflexion américain CNA.

Pas «naïfs»

Et tandis que la Chine cherche à apaiser les tensions avec les Etats-Unis, elle pourrait être réticente à renforcer sa coopération avec la Russie.

"Si la Chine souhaite (...) maintenir le dégel, tactique, de ses relations avec les Etats-Unis et limiter la convergence américano-européenne en matière de politique à l'égard de Pékin, elle doit prendre au sérieux la menace américaine de sanctionner ses institutions financières", estime Ali Wyne, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Vladimir Poutine et Xi Jinping discuteront ainsi "probablement des moyens par lesquels Pékin pourrait soutenir Moscou de manière moins voyante, peut-être par l'intermédiaire de petites banques chinoises ou de canaux de financement non officiels", estime-t-il.

Plusieurs experts estiment que cette nouvelle rencontre entre les deux présidents servira à réaffirmer l'étroite relation entre les deux dirigeants, à signer quelques accords et à plaider pour un renforcement des échanges commerciaux.

Vladimir Poutine sait parfaitement que Pékin reste déterminé à soutenir Moscou et faire ainsi front commun face à ce que les deux pays dénoncent comme l'hégémonie américaine sur le monde, soulignent ces experts.

Les Russes ne sont pas "naïfs" et "savent très bien que les liens avec l'Occident sont très importants pour la Chine" note M. Gabuev du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Mais ils sont toutefois "certains que la Chine ne les laissera pas tomber", souligne-t-il.


Accusations d'interférences au Royaume-Uni: Londres a convoqué l'ambassadeur chinois

Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
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  • Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire
  • Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère

LONDRES: Londres a annoncé avoir convoqué mardi l'ambassadeur chinois au lendemain de la présentation à la justice de trois hommes accusés d'aide aux services de renseignement hongkongais et d'interférence étrangère.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a été "sans équivoque" sur le fait que le comportement récent de la Chine n'est "pas acceptable", a indiqué un porte-parole dans un communiqué, évoquant cyberattaques, espionnage et promesse de récompense dans la traque de militants pro-démocratie à Hong Kong.

Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire à l'issue de leur présentation à la justice lundi à Londres.

Chung Biu Yuen est un chef de l'agence du commerce et de l'économie de Hong Kong (ETO) à Londres, selon le gouvernement hongkongais.

Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère, en vertu de la loi britannique sur la sécurité nationale.

Ils sont notamment accusés d'avoir rassemblé des informations, mené des actions de surveillance "susceptibles d'aider matériellement un service de renseignement étranger dans ses actions liées au Royaume-Uni", et ce entre le 20 décembre 2023 et le 2 mai 2024.

Ils ont également été inculpés pour avoir forcé l'entrée dans une habitation, le 1er mai dernier.

Le Royaume-Uni a dénoncé à maintes reprises la répression du mouvement en faveur de la démocratie dans son ancienne colonie, dont plusieurs figures en exil ont trouvé refuge sur le sol britannique.

En juillet 2023, Londres avait vivement protesté contre les mandats d'arrêt et promesses de récompense visant à appréhender des militants pro-démocratie ayant fui Hong Kong.

Le chef de l'exécutif hongkongais, John Lee, a défendu mardi ses agences du commerce à l'étranger (ETO).

"Toute tentative d'allégation injustifiée contre le gouvernement (de Hong Kong) est inacceptable", a-t-il déclaré.

M. Lee a accusé lundi le Royaume-Uni d'avoir "inventé des accusations, arrêté arbitrairement des citoyens chinois et calomnié le gouvernement de Hong Kong". Il a dit mardi avoir demandé des précisions sur cette affaire au consulat britannique à Hong Kong et attendre une réponse.