PARIS : Interdiction des placements à l'hôtel, normes d'encadrement dans les foyers, meilleure rémunération des assistants familiaux: un projet de loi visant à améliorer le sort des mineurs confiés à l'Aide sociale à l'enfance sera examiné en juillet au Parlement, a annoncé jeudi le secrétariat d'État à l'Enfance.
Ce projet de loi, qui avait été annoncé fin janvier par le secrétaire d'État Adrien Taquet, a vocation à "garantir véritablement aux enfants un cadre de vie sécurisant et serein, et aux professionnels un exercice amélioré de leurs missions", est-il indiqué dans sa présentation, consultée par l'AFP.
Présenté en Conseil des ministres "d'ici le 16 juin", il "devrait être examiné en première lecture à l'Assemblée nationale la première quinzaine de juillet", a fait savoir le cabinet du secrétaire d'État.
Parmi les mesures les plus attendues, il doit interdire l'accueil de mineurs placés dans des hôtels. "Un décret détaillera les établissements interdits (hôtels sociaux, hôtels de tourisme…) mais également les exceptions (urgence, mise à l'abri) strictement encadrées avec des exigences renforcées d'accompagnement éducatif, afin d'éviter que des mineurs se retrouvent à la rue", est-il précisé.
Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), demandé par le gouvernement après le meurtre en décembre 2019 d'un adolescent de 17 ans placé dans un hôtel des Hauts-de-Seine, avait pointé en janvier les "dangers bien identifiés" encourus par les mineurs de l'ASE hébergés en hôtel: les éducateurs n'y sont pas assez présents et les jeunes y sont proches des lieux de trafics.
Selon l'Igas, entre 7 500 et 10 500 mineurs sont concernés, 95% étant des mineurs isolés étrangers, dits mineurs non-accompagnés (MNA).
Le projet de loi prévoit également des "contrôles stricts", notamment des antécédents judiciaires de l'ensemble des adultes au contact des enfants (professionnels et bénévoles).
Il veut instaurer des normes d'encadrement communes à toutes les structures prenant en charge les mineurs, et améliorer la formation des professionnels, "notamment au repérage et à la remontée des informations préoccupantes liées à des faits de violence".
Concernant les assistants familiaux, qui accueillent chez eux des enfants placés, il fixera une rémunération minimale pour l'accueil d'un seul enfant - actuellement en-deçà du Smic - et le maintien de la rémunération en cas de suspension de l'agrément, une mesure vivement réclamée par ces professionnels mobilisés récemment pour de meilleures conditions de travail.
Pour éviter l'embauche d'assistants familiaux peu vertueux, une base nationale des agréments, recensant validations, refus, retraits ou suspensions, sera en outre créée.
Plus de 350 000 enfants font l'objet d'une mesure de protection en France, dont la moitié sont placés dans des foyers ou auprès de familles d'accueil