BEYROUTH: Les employés du secteur public au Liban ont organisé une grève mercredi dans les administrations publiques et les écoles, en réponse à un appel de la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL). Parmi leurs revendications, une augmentation des salaires, mais aussi l’amélioration de leur pouvoir d'achat, miné par l'inflation, la hausse des prix et la dégringolade de la livre libanaise face au dollar.
En l'absence de données officielles sur le nombre de fonctionnaires, les chiffres disponibles les plus précis parlent de 320 000 employés du secteur public. Ils se répartissent entre 120 000 dans l'armée et les forces de sécurité intérieure, 40 000 dans les écoles publiques, 30 000 dans les ministères et l'administration publique, 130 000 dans les institutions publiques et les municipalités, ainsi que 120 000 entre soldats et enseignants à la retraite.
Béchara Asmar, chef de la CGTL, a participé à un sit-in au siège du syndicat à Beyrouth. «Les employés souffrent, les forces armées se plaignent et le pays s’effondre. La demande est à présent un ordre: formez un gouvernement avant l'effondrement intégral de la structure de l’État», insiste-t-il.
Asmar ajoute que près de 250 000 diplômés des universités libanaises sont au chômage. De plus, les employés vivent constamment sous le couperet des licenciements arbitraires.
«Former un gouvernement apporterait sans aucun doute une certaine stabilité politique, ouvrirait la voie à la stabilité économique, et rétablirait les liens qui ont été coupés avec les pays arabes, les communautés occidentales et les institutions donatrices», a-t-il souligné.
Asmar rappelle que le Liban aura «besoin d’aide pendant au moins cinq ans. Comment vont-ils assurer le financement? Des dépôts bancaires du peuple, encore une fois? On en a assez du partage de quotas, des échanges d’accusations et des levées aléatoires de subventions, sans présenter de plan alternatif, comme c’est le cas aujourd'hui avec les produits alimentaires, les médicaments et le matériel médical».
Pour Asmar, «un exécutif compétent peut aider à lutter contre la corruption, mener des audits juricomptables, ainsi qu’assurer le retour des fonds transférés clandestinement à l'étranger et des dépôts bancaires aux Libanais».
Il a aussi mis en garde contre «l'effondrement de l'écosystème de la sécurité sociale, notamment du Fonds national de sécurité sociale».
Lamia Yammine, ministre du Travail par intérim, a exprimé son soutien à la grève. «Ils payent le prix de l'impasse politique au détriment de leur vie et de leur intégrité», a-t-elle tweeté.
Avant d'approuver la loi sur les salaires du secteur public en 2017, un montant de LBP 8300 milliards ($5,4 millions) était alloué chaque année aux salaires des employés du secteur public. Ce chiffre est passé à LBP 12 000 milliards après 2017, soit 86% des revenus totaux de l'État, qui s'élevaient à environ LBP 14 000 milliards.
Le pouvoir d'achat des citoyens, dont les salaires sont payés en livre libanaise, a chuté de 85%. L'effondrement fiscal a affecté toutes les procédures salariales correctives adoptées en 2017.
Pendant ce temps-là, les Libanais font la file dans les épiceries et les supermarchés pour acheter les quelques produits encore subventionnés, ainsi que devant les stations d’essence. La Banque du Liban a compliqué les procédures d'importation de produits pétroliers par une pénurie de dollars qui a causé une pénurie de carburant.
Le nombre de familles sous le seuil de la pauvreté se chiffre à présent entre 700 000 et 800 000.
Même les soldats faisaient la queue devant un supermarché subventionné dédié à l'armée. Une fois rentrés, ils se ruaient sur les marchandises subventionnées à peine posées sur les étagères.
Présidé par Aoun, le Conseil suprême de la défense a tenu une session mercredi. Mohammed Fahmi, ministre de l'Intérieur par intérim, a expliqué en détail, aux hauts responsables militaires et politiques, les mesures prises afin de lutter contre la contrebande, notamment celle des stupéfiants, à travers l’ensemble des territoires libanais. Le briefing venait en réponse à la dernière décision de l'Arabie saoudite d'interdire les importations de produits agricoles libanais.
Dans un communiqué, le Conseil affirme que «grâce aux mesures rapides prises par les douanes et les services militaires et sécuritaires, un nombre d’opérations de contrebande ont été déjouées».
Il a de plus ajouté qu’un «processus d’appel d’offres sera organisé dans un délai d’un mois, une fois les critères déterminés, pour équiper les points frontaliers de scanners».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com