Vol intercepté et opposant arrêté: le Bélarus sous pression internationale

Le Royaume-Uni demande à ses compagnies de contourner l'espace aérien du Bélarus et a suspendu l'autorisation de la compagnie nationale Belavia, annonce le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab (Photo, AFP)
Le Royaume-Uni demande à ses compagnies de contourner l'espace aérien du Bélarus et a suspendu l'autorisation de la compagnie nationale Belavia, annonce le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab (Photo, AFP)
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Vol intercepté et opposant arrêté: le Bélarus sous pression internationale

  • Les autorités bélarusses ont expliqué lundi que le vol Ryanair avait été menacé dans un email se proclamant de l'organisation palestinienne Hamas 
  • Les Etats-Unis ont dénoncé un «détournement forcé» et l'UE a fustigé «une action complètement inacceptable», sur fond de déclarations courroucées de l'Allemagne et du Royaume-Uni

MINSK/ LONDRES: La pression allait croissante lundi sur le Bélarus, accusé de « détournement », « piraterie », voire « terrorisme » par les Occidentaux après l'interception d'un vol commercial la veille qui a conduit à l'arrestation d'un dissident, passager à bord.  

Soumise à une avalanche d'indignation européenne et américaine, cette autoritaire ex-république soviétique nichée entre la Russie et l'UE a balayé les critiques, assurant avoir agi dans la légalité et promettant une « transparence totale ».  

L'UE, en sommet lundi soir et mardi, doit évoquer de « possibles sanctions » contre Minsk, et a convoqué l'ambassadeur du Bélarus auprès des institutions européennes. Les ambassadeurs de l'Otan doivent, eux, se réunir mardi.  

Le Bélarus a reçu le soutien de son principal allié, la Russie, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov jugeant que Minsk avait agi de manière « raisonnable » en promettant une « transparence totale ». Le Kremlin a lui dit attendre l'avis des « instances internationales ».  

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La première ministre lituanienne, Ingrida Simonyte, qualifie d'« attaque sans précédent contre la communauté internationale » après l'interception par le Bélarusse d'un avion de passagers transportant un militant de l'opposition recherché (Photo, AFP)

 

Le Bélarus expulse l'ambassadeur et tous les diplomates lettons

Le Bélarus a ordonné lundi l'expulsion de l'ambassadeur de Lettonie et de tout le personnel de l'ambassade à Minsk, accusant les autorités lettones d'avoir remplacé le drapeau bélarusse par celui de l'opposition en marge du Mondial de hockey.  

« L'ambassadeur letton a été prié de quitter le pays dans les 24 heures. L'ensemble du personnel diplomatique, administratif et technique de l'ambassade est aussi invité à quitter le Bélarus, dans les 48 heures », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Vladimir Makeï, cité par l'agence de presse officielle Belta.  

En réaction, la Lettonie a peu après annoncé l'expulsion de l'ambassadeur du Bélarus et d'autres diplomates bélarusses.  

Dimanche, un chasseur MiG-29 a décollé sur ordre personnel du président bélarusse Alexandre Loukachenko pour intercepter le vol FR4978 de Ryanair effectuant la liaison Athènes-Vilnius, capitales de deux pays de l'UE, et qui se trouvait à ce moment là dans l'espace aérien bélarusse.  

Selon les autorités bélarusses, une alerte à la bombe, qui s'est révélée être mensongère, est à l'origine de l'interception de l'appareil.  

Après un atterrissage à l'aéroport de Minsk et le contrôle de l'appareil, l'avion est reparti pour la Lituanie.   

Mais entretemps, la police bélarusse a arrêté l'opposant Roman Protassevitch, et sa petite amie, Sofia Sapéga, qui se trouvaient à bord. Si bien qu'en Occident, on pense que l'ensemble de l'incident a pu être orchestré. 

Il est en détention provisoire dans une prison de Minsk, a indiqué lundi la porte-parole du ministère de l'Intérieur. 

« Il n'y a pas eu de plaintes sur son état de santé », a ajouté cette source sur son compte Telegram. Dans la soirée, la mère de l'opposant a affirmé à des médias bélarusses que son fils était peut-être hospitalisé à cause de problèmes cardiaques. 

Agé de 26 ans, le jeune homme est l'ancien rédacteur en chef de l'influent média d'opposition bélarusse Nexta, qui a joué un rôle clé dans l'organisation du mouvement de protestation de 2020 contre Alexandre Loukachenko et réprimé depuis par les autorités.   

Minsk a assuré lundi avoir informé l'Organisation de l'aviation civile internationale, organisme dépendant de l'ONU et l'Association internationale du transport aérien de sa « disposition à coopérer à une enquête impartiale ».  

 

Berlin convoque l'ambassadeur du Bélarus après le déroutage d'un avion

L'ambassadeur du Bélarus à Berlin a été convoqué lundi au ministère allemand des Affaires étrangères après le déroutage par les autorités bélarusses d'un avion de ligne et l'arrestation d'un opposant présent à son bord. 

« Les explications fournies jusqu'à présent par le gouvernement du Bélarus concernant l'atterrissage forcé d'un avion de Ryanair à Minsk sont aberrantes et ne sont pas crédibles », a déclaré dans un communiqué le chef de la diplomatie Heiko Maas.  

« Nous avons besoin de clarté sur ce qui s'est réellement passé à bord et sur le terrain hier. Et nous avons besoin de clarté sur le bien-être de Roman Protassevitch et de sa partenaire, qui doivent être immédiatement libérés », a-t-il ajouté 

La convocation a été fixée pour lundi soir. 

Le ministre a précisé qu'un haut fonctionnaire du ministère, Miguel Berger, rencontrerait l'ambassadeur, Denis Sidorenko, tandis que les dirigeants européens débattront, à l'occasion d'un sommet des Vingt-Sept à Bruxelles, des « conséquences » de cet incident qui a provoqué l'indignation contre le régime du président Alexandre Loukachenko. 

« Piraterie »   

Les explications bélarusses n'ont convaincu personne en Europe.   

Les Etats-Unis ont dénoncé un « détournement forcé » et l'UE a fustigé « une action complètement inacceptable », sur fond de déclarations courroucées de l'Allemagne et du Royaume-Uni.  

La France a suggéré une « interdiction de l'espace aérien » du Bélarus.   

L'Irlande, où est basée la compagnie aérienne Ryanair, a dénoncé un acte de « piraterie » étatique. Pays voisins du Bélarus, la Pologne a parlé d'« acte de terrorisme d'Etat » et la Lituanie, qui a accordé le statut de réfugié à Roman Protassevitch, a annoncé qu'elle n'autoriserait aucun vol, ni vers ni depuis son territoire, traversant l'espace aérien bélarusse.  

L'Otan a dénoncé « un incident sérieux et dangereux ».  

Le patron de Ryanair, Michael O'Leary, a de son côté affirmé que des agents des services de sécurité bélarusses, le KGB, ont pu se trouver à bord du vol FR4978, dénonçant lui aussi un acte de « piraterie » soutenu par le Bélarus.  

Les Etats-Unis comme l'UE ont également appelé à la libération de Roman Protassevitch, que le Bélarus avait ajouté à sa liste de personnes « impliquées dans des activités terroristes ».  

Svetlana Tikhanovskaïa, rivale exilée en Lituanie du président bélarusse, a accusé M. Loukachenko d'avoir « utilisé l'armée de l'air contre des civils ».  

« Le temps des déclarations est passé - il est évident que les Bélarusses attendent des actions décisives et une assistance de la communauté internationale », a-t-elle déclaré dans une intervention vidéo.  

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, « soutient les appels à une enquête transparente et indépendante complète sur cet incident inquiétant et exhorte tous les acteurs concernés à coopérer à une telle enquête », a affirmé lundi son porte-parole. 

Il « est profondément préoccupé par l'apparent atterrissage forcé d'un avion de passagers au Bélarus et par la détention ultérieure du journaliste Roman Protassevich », a précisé Stéphane Dujarric dans une déclaration. 

 

Le Bélarus affirme avoir reçu une menace signée du Hamas contre le vol Ryanair

Les autorités bélarusses ont expliqué lundi que le vol Ryanair, détourné la veille sur l'aéroport de Minsk avec un opposant politique à bord, avait été menacé dans un email se proclamant de l'organisation palestinienne Hamas. 

« Nous, soldats du Hamas, réclamons qu'Israël cesse le feu sur le secteur de Gaza. Nous réclamons que l'Union européenne cesse son soutien à Israël (...) si nos revendications ne sont pas satisfaites une bombe explosera (à bord de l'avion de Ryanair) au-dessus de Vilnius », a dit le directeur du transport aérien au ministère bélarusse des Transports, Artem Sikorski, affirmant lire une traduction en russe du message reçu en anglais.

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Des passagers qui étaient à bord d'un vol Ryanair transportant un militant de l'opposition bélarusse décrivent ce qui s'est passé pendant le vol (Photo, AFP)

« Risque la peine de mort »   

Le régime d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a vu son autoritarisme aller croissant depuis la répression d'un mouvement de contestation inédit, qui a vu des dizaines de milliers de personnes défiler dans les rues en 2020.  

Ce mouvement s'est progressivement essoufflé face à une répression impitoyable des autorités. Toutes les figures du mouvement se trouvent en prison ou en exil forcé.  

De lourdes peines de prison ont également été infligées à des militants et à des journalistes.  

Selon des passagers du vol Ryanair interrogés, Roman Protassevitch « avait très peur » et a dit qu'il « risquait la peine de mort » au Bélarus. 

Londres demande à ses compagnies aériennes d'éviter l'espace aérien du Bélarus

Le Royaume-Uni a demandé lundi à ses compagnies de contourner l'espace aérien du Bélarus et a jugé « difficile à croire » que Moscou n'ait pas « au moins » donné son « acquiescement » au détournement d'un avion Rynair vers Minsk.  

Le ministre britannique des Transports Grant Shapps a annoncé avoir « donné pour instruction » à l'autorité britannique de l'aviation civile de « demander aux compagnies aériennes d'éviter l'espace aérien bélarusse pour la sécurité des passagers ».  

« J'ai aussi suspendu l'autorisation d'opérer de Belavia », compagnie du Bélarus qui effectue un vol quotidien vers Minsk depuis l'aéroport londonien de Gatwick via Paris, a-t-il ajouté sur Twitter.  

Devant le Parlement, le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab a dénoncé une « attaque choquante contre l'aviation civile et une atteinte au droit international », en annonçant avoir convoqué l'ambassadeur du Bélarus.  

Face au députés, il a répété que Londres prépare de nouvelles sanctions contre le régime d'Alexandre Loukachenko.  

Interrogé sur l'hypothèse d'une implication russe, Dominic Raab a rétorqué que « si nous n'avons pas de détails clairs à ce sujet », « il est très difficile de penser que ce genre d'actes ait pu être entrepris sans au moins l'acquiescement des autorités à Moscou ». 

(Avec AFP)


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.