«Il a paniqué»: des passagers témoignent de l'angoisse du militant bélarusse arrêté

Une jeune femme se tient debout avec une affiche sur laquelle est écrit «Je suis, nous sommes Roman Protasevich» enveloppée d'un drapeau biélorusse, le 23 mai 2021 à l'aéroport international de Vilnius. (Photo / AFP)
Une jeune femme se tient debout avec une affiche sur laquelle est écrit «Je suis, nous sommes Roman Protasevich» enveloppée d'un drapeau biélorusse, le 23 mai 2021 à l'aéroport international de Vilnius. (Photo / AFP)
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Publié le Lundi 24 mai 2021

«Il a paniqué»: des passagers témoignent de l'angoisse du militant bélarusse arrêté

  • «Il s'est juste tourné vers les gens et a dit qu'il risquait la peine de mort»
  • L'arrestation du militant a suscité l'indignation de pays occidentaux et de l'Otan

VILNIUS: Le militant d'opposition bélarusse Roman Protassevitch a vécu de longues minutes d'angoisse lorsqu'il a réalisé que le vol Ryanair dans lequel il se trouvait allait être détourné vers Minsk, où il serait arrêté peu après, ont témoigné d'autres passagers du vol.

«Il a commencé à paniquer et à dire que c'était à cause de lui», a raconté à l'AFP Monika Simkiene, une quadragénaire lituanienne lorsque le vol a enfin pu atterrir comme prévu à Vilnius, avec plusieurs heures de retard.

«Il s'est juste tourné vers les gens et a dit qu'il risquait la peine de mort», a-t-elle poursuivi, notant qu'il semblait «très calme» une fois certain de son arrestation après l'arrivée à Minsk.

Il était «nerveux au début, mais ensuite il s'est rendu compte qu'il ne pouvait rien y faire, il s'est calmé et l'a accepté», a déclaré un autre passager, qui s'est présenté sous le seul nom de Mantas.

La Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte s'est rendue à l'aéroport de Vilnius pour accueillir l'avion, de même que plusieurs dizaines de militants bélarusses d'opposition.

Certains portaient sur les épaules des drapeaux aux couleurs de l'opposition bélarusse et d'autres des pancartes proclamant «Je suis/Nous sommes Roman Protassevitch», ou encore «Ryanair, où est Roman?»

«Nous devons afficher notre solidarité pour éviter d'être brisés un par un», a déclaré l'un d'entre eux, Aleksandr Glachkov, 36 ans. Selon lui, l'arrestation de M. Protassevitch est un «crime».

«Si le hublot avait été ouvert...»

Le Bélarus a contraint l'avion, qui effectuait la liaison Athènes-Vilnius, à atterrir à Minsk et a interpellé M. Protassevitch, qui est sous le coup de plusieurs accusations pour son engagement dans l'opposition au président Alexandre Loukachenko. 

Roman Protassevitch, 26 ans, est l'ancien rédacteur en chef de l'influent média d'opposition bélarusse Nexta et réside en Pologne. 

En novembre, les services de sécurité bélarusses (KGB), hérités de la période soviétique, avaient inscrit son nom et celui du fondateur de Nexta, Stepan Poutilo, sur la liste des «individus impliqués dans des activités terroristes».

Nexta a joué un rôle clé dans la récente vague de contestation à la réélection en 2020 du président Loukachenko, qui occupe ces fonctions depuis 1994.

L'arrestation du militant a suscité l'indignation de pays occidentaux et de l'Otan, et l'Union européenne a agité la menace de nouvelles sanctions à l'encontre du Bélarus.

Certains passagers disent avoir vu le jeune opposant vider ses sacs et confier des objets à sa compagne lorsqu'il a été certain que l'avion allait s'arrêter à Minsk.

Selon un passager français âgé de 25 ans, Arthur Six, l'opposant a «paniqué mais s'est calmé après cela».

«Il ne criait pas, mais c'était visible qu'il avait très peur. On aurait dit que si le hublot avait été ouvert, il aurait sauté», a renchéri un autre passager, Edvinas Dimsa, 37 ans.

Washington condamne le Bélarus et appelle à la libération du militant

Les États-Unis «condamnent fermement» le Bélarus pour l'interception d'un avion reliant la Grèce à la Lituanie et l'arrestation d'un militant qui se trouvait à bord, dont ils demandent la libération, a déclaré dimanche leur chef de la diplomatie, Antony Blinken.

Les États-Unis «condamnent fermement le détournement forcé d'un vol entre deux États membres de l'UE, et l'exfiltration puis l'arrestation qui ont suivi du journaliste Roman Protassevitch à Minsk. Nous exigeons sa libération immédiate», a déclaré le secrétaire d'État américain dans un communiqué.

«Cet acte choquant perpétré par le régime Loukachenko a mis en danger la vie de plus de 120 passagers, y compris des citoyens américains», a-t-il ajouté.

«Les premières informations suggérant l'implication des services de sécurité bélarusses et l'utilisation d'avions militaires bélarusses pour escorter l'avion sont profondément préoccupants et nécessitent une enquête approfondie», a aussi relevé M. Blinken.

Il a ajouté que Washington appuie «le peuple bélarusse dans ses aspirations à un avenir libre, démocratique et prospère et soutient son souhait que le régime respecte les droits humains et les libertés fondamentales».


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.